(L'Observateur Paalga 01/03/2013)
Décidément ces derniers temps, le Tchad à travers son président, Idriss Déby Itno, nous surprend agréablement. Il est déjà au Mali avec 1800 hommes. Le contingent tchadien dans le bourbier malien est dirigé par son fils le général Mahamat. Son père a invité les soldats maliens à être sur le front plutôt que de se mêler de la politique…
En raison du respect et des exigences de la rigueur diplomatique, on peut comprendre aisément la sortie du président tchadien. Au-delà des militaires du Mali, c’est en réalité à ses pairs que Déby s’en prend. Eux qui, au lieu d’agir franchement, perdent le temps dans de vains discours lors de leurs multiples et coûteux sommets. Invité spécial à la 42e session de la Conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO à Yamoussoukro, n’a-t-il pas crié son exaspération ?
On n’avait pas encore fini d’être surpris par le premier des Tchadien qu’il s’apprête à verser une contribution de deux milliards de francs CFA pour le procès de son prédécesseur. L’opération de décaissement a même été lancée le mercredi 27 février 2013. Alors qu’Abdoulaye Wade faisait de la gymnastique pour retarder la tenue du fameux jugement, son successeur, Macky Sall, lui, depuis son accession à tête de l’Etat du Sénégal, ne fait pas mystère de sa ferme volonté de voir aboutir un jour l’affaire Habré.
La manne tchadienne est donc bien venue, et Idriss Déby Itno entend par là rabattre pour de bon le caquet à ses détracteurs, qui ne s’y attendaient pas outre mesure, vu qu’il était un proche de l’accusé de génocide du temps de sa gloire. A ce titre, il était bien dans le secret des dieux, donc comptable des dérives de son ancien maître. Aujourd’hui on a espoir que le procès Habré puisse finalement avoir lieu. Le représentant de l’Union africaine (UA) pour l’affaire Habré, Robert Dossou, en visite à N’Djamena, a affirmé qu’avec l’arrivée des premières contributions, «le procès peut tourner déjà pendant un an au moins».
La Malienne Djenna Diarra, conseillère juridique de l’UA, ne dit pas le contraire. En janvier dernier au siège de l’Union, elle a soutenu que le procès pourrait en fin de compte s’ouvrir à Dakar devant un tribal mixte exceptionnel avant fin mars 2013. Si cela advenait, ce serait une véritable victoire, une justice rendue aux milliers de victimes et à leurs familles qui, depuis des années, font des pieds et des mains pour faire entendre leurs voix.
Par D. Evariste Ouédraogo
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