lundi 7 janvier 2013

Rwanda - Mauvaise presse pour le Rwanda à Kinshasa

(Bakchich 07/01/2013) Désigné comme responsable des crises à l'est du Congo, Kigali a particulièrement mauvaise presse en «Air-décès» (RDC).
De Kinshasa (République démocratique du Congo)-
18 ans que cela dure, sans solution durable. Depuis le génocide des Tutsis et Hutus modéré spar les milices Interhawme et le Hutu power en 1994 au Rwanda, l'est du Zaïre, devenu République démocratique du Congo en 1997 s'est transformé en pétaudière où se joue un édifiant jeu de massacre (entre 4 et 6 millions de morts selon les estimations) pour le contrôle du scandaleusement riche sous-sol de cette région du pays.
Or, diamant, coltan, pétrole, d'ordinaire terreaux de développement des Etats sont devenus les ingrédients de la malédiction de la RDC, soumis à des rebellions internes, largement soutenues par les pays voisins, à commencer par l'Ouganda, le Burundi et le Rwanda, quand ces derniers n'interviennent pas directement à l'intérieur même des frontières congolaises… au motif officiel et vérifié que d'anciens génocidaires se sont repliés au Congo.
6 millions de morts
Cela a notamment été le cas lors de la «guerre mondiale africaine», aussi baptisée 2e guerre du Congo, entre 1999 et 2003. Depuis, des incursions régulières et mouvement armés spontanés surgissent ponctuellement, et uniquement dans les secteurs miniers.
Dernier avatar de ces «combattants», le M-23 qui depuis fin 2012, campe aux alentours de la capitale du Nord Kivu, Goma et dont l'action a même fait l'objet d'une drôlatique tribune dans le Monde…. sans que les Etats limitrophes ne soient trop tancés par la communauté internationale.
Certes, le président américain Obama a bien appelé son homologue Rwandais, Paul Kagame, pour lui intimer de cesser son soutien aux rebelles du M23, mais nulle sanction financière,( autre que symbolique )n'est venue frapper le régime de Kigali, qu'une alliance de 20 ans lie aux Etats-Unis. L'ONU, malgré la présence de presque 20 000 hommes au Congo, s'est surtout distingué ces dernières années par les scandales sexuels des représentants de la "Société UN", comme la surnomment les Kinois.
Quant à la France, les dirigeants congolais gardent un mauvais souvenir de la visite du président Hollande lors du sommet de la Francophonie, venu s'essuyer les pieds sur le fragile Etat et se donner une stature de défenseur des droits de l'homme en Afrique.
Ce large désintérêt pour un massacre à ciel ouvert depuis si longtemps génère étonnamment un petit ressentiment au sein de la population congolaise à l'égard de son petit voisin rwandais. Si le supplice du pneu n'a pas encore été remis au goût du jour dans les rue de Kinshasa vers tous les supposés Rwandais ou supporters de Kigali, un sentiment anti-rwandais se développe largement dans la presse, écrite et télévisuelle.
Le clip du lobby congolo-américain Friend for the Congo, qui exige que les Etats-Unis abandonnent tout soutien aux Etats d'Afrique Centrale déstabilisant le Congo est largement diffusé à l'antenne. Les unes des journaux oscillent entre crises du pouvoir d'achat et mise au pilori du Rwanda.
«La crise à l'est a un nom: Le Rwanda»
Lors de la semaine de Noël, l'hebdomadaire de l'agence catholique de Presse, Dia, a consacré sa première page au conflit. Avec un titre dénué d'ambiguité. « Guerre à l'est, la stratégie régionale rwandaise mise à nue (semaine du 23 au 29 décembre». Sur 4 pages, s'étale l'analyse présentée par Steve Hege, ancien coordonnateur du groupe des experts des Nations Unies sur la RDC. « Selon cet expert américain, la guerre qui sévit depuis 15 ans dans l'Est de la RDC vise à créér cet espace», à savoir un état fédéral autonome de Kinshasa à l'Est qui «profiterait économiquement à Kigali». «Il apparait ainsi clairement que la crise dans l'Est de la RDC a un nom: le Rwanda», assume l'hebdo catholique.
Le plus vieux quotidien de Kinshasa, Le Potentiel, a laissé ses dessinateurs désigner l'ennemi de la paix, responsable d'un «Génocide Congolais»: Paul Kagame, le président rwandais, réclamé «mort ou vif».
Le Canard Déchaîné, journal-école des caricatures paraissant le lundi, s'en donne à coeur joie sur l'implication du Rwanda, le cynisme de Paul Kagame rebaptisé Paul Croix Gammée, la complaisance de l'ONU et les atermoiements de l'Amérique…
Pour l'instant, ce ne sont que des mots sur des maux...

Par Xavier Monnier
http://www.bakchich.info/international/2013/01/06/mauvaise-presse-pour-le-rwanda-a-kinshasa-62088

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