Troublante concordance entre les massacres perpétrés au Congo Brazzaville au tournant des années 1999-2000 et les documents publiés mercredi par la revue en ligne Opinion internationale, accablants, si leur authenticité est confirmée, pour le régime de Denis Sassou-Nguesso. Ce média, dirigé par Michel Taube, le fondateur de l’ONG Ensemble contre la peine de mort, fait peser de « lourds soupçons » sur des « crimes qui tombent fort probablement sous la qualification de crimes contre l’humanité » dont l’actuel président, candidat à sa propre succession, serait le commanditaire. Au cœur de ces accusations, la vague de violence qui s’est abattue à partir de 1998 dans les régions du sud du pays, en particulier dans le Pool et au Niari, fiefs de l’opposition restée fidèle au président déchu, Pascal Lissouba, renversé un an plus tôt par Denis Sassou-Nguesso au prix d’une guerre civile sanglante sponsorisée par le géant pétrolier français Elf. Officiellement, il s’agissait de contrer une « rébellion » allumée par les « ninjas », les milices liées au camp Lissouba. Mais dans les faits, ce sont les populations civiles qui ont essuyé le feu et payé au prix fort les conséquences de cette guerre sans merci pour le contrôle du pouvoir.
Des massacres de masse planifiés
Les documents présentés par Opinion internationale, parfois signés de la main même de Sassou-Nguesso, suggèrent une glaçante planification de massacres de masse, par exemple sous le nom d’opération « Mouébara ». Les « objectifs à atteindre » se déclinent en chiffres froids et desseins meurtriers, comme ceux-ci : « Maintenir les fugitifs dans les forêts par la terreur du pilonnage et les pousser à la mort lente par la famine et les maladies » ; « Brûler tout jeune en âge de combattre en provenance des zones à forte résistance ». Les cibles ? Des lieux à « forte concentration humaine », comme les hôpitaux ou les marchés. Avocat au barreau de Paris, animateur d’un cercle congolais de réflexion citoyenne, Brice Nzamba, contacté par l’Humanité, se montre prudent : « Ces documents corroborent ce qui s’est passé, à l’époque, sur ce terrain, avec une volonté politique de livrer une guerre contre les populations civiles et pas seulement contre une rébellion, avec des cibles militaires précises. Mais il n’y a pas de preuve de l’authenticité de ces documents. Il appartient désormais au gouvernement congolais d’éclairer l’opinion publique sur leur nature. » Pour l’instant, du côté du régime, c’est silence radio. Le 18 juillet, Sassou-Nguesso, 72 ans, au pouvoir depuis trente ans, clôturait à Sibiti un « dialogue national » avec des délégués triés sur le volet. Objectif : trafiquer la Constitution pour pouvoir briguer, en 2016, un nouveau mandat.
humanite.fr
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