dimanche 31 mars 2013

L’histoire du dinar algérien revisitée - L’Algérie premier pays arabe et africain à frapper sa monnaie

Par : Ali Farès
Il est important de retracer au grand public l’histoire de l’un des symboles de la souveraineté nationale, en l’occurrence le dinar dont peu de gens connaissent l’évolution. La création d’une monnaie propre à l’Algérie a été l’une des préoccupations majeures des instances au lendemain de son Indépendance. C’est autour de ce thème que le Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid et l’association Machaâl Echahid ont organisé, hier, une conférence animée par des spécialistes issus de la Banque d’Algérie. Abderrahmane Ammour, qui fut l’un des fondateurs de cette institution, est revenu sur les différentes étapes ayant présidé à la création du dinar, un événement qui devait compléter le triptyque de la souveraineté nationale : le sol, l’armée, le sceau de l’État et la monnaie. C’est dans ce contexte que fut créée en 1963 la Banque centrale dont la principale mission, en plus de celles de l’achat et vente ainsi que de réguler les réserves de changes, était de préparer la confection des billets de banque, une opération qui concrétisera l’esprit du dinar algérien une année plus tard. “Cette mission était prise en main par une poignée d’hommes entourant Seghir Mostefaï, le premier gouverneur de la Banque centrale de l’Algérie indépendante”, dira le conférencier, avant de rappeler les circonstances de l’appellation du dinar, dérivant pour certains du dinarius romain, d’Abou Mouhadjir Dinar, général arabe conquérant qui s’était emparé en 55 de l’Hégire de l’empire de Byzance qui occupait en ce temps-là l’ensemble du Maghreb.
“C’était en fait une mission contre la montre”, précise à propos l’ancien banquier, expliquant que confectionner des billets de banque n’est pas aussi simple que cela puisse paraître. “La fabrication du papier nécessite quatre à cinq mois. Il faut du temps et nous n’en disposions pas beaucoup”, confie-t-il. Quant à l’imprimerie, le hasard fait bien les choses car elle se trouvait à Alger, là où elle existe actuellement au Ruisseau. Cet endroit a été choisi par l’administration française pour des raisons de sécurité après des péripéties durant ses conflits avec l’Allemagne dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Si deux ans durant, de 1962 à 1964, l’Algérie indépendante a vécu dans la zone franc, pour des raisons aussi bien politiques qu’économiques, à partir d’avril 1964, l’État algérien promulguera la loi qui donnera naissance au dinar algérien. Après 1965, aucun billet de banque algérien n’est confectionné à l’étranger. L’Algérie est de ce fait le premier pays africain et arabe à frapper sa monnaie. S’agissant de sa monnaie métallique, ce n’est qu’à partir de 1987 que les premières pièces sont frappées en Algérie. Le volet régime de change et système monétaire algérien a été développé par l’ancien adjoint du gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed-Cherif Ilmane. Cet économiste, qui a exercé deux mandats au sein de cette institution, a rappelé les quatre étapes traversées par notre monnaie. De 1964, qui correspond à 1970, qui correspond à la création du dinar, jusqu’à la période dite de parité avec le franc français en passant par celle du remplacement de la monnaie nationale par le franc. La deuxième étape (1971-1987) est liée au rattachement du dinar à un panier de devises et où la valeur du dinar se détermine en fonction des variations des devises. La troisième étape (1988-1994) est celle qu’on appelle des changements, considérant que les évènements d’Octobre 1988 ont fait basculer l’Algérie vers l’économie de marché. La dernière étape, enfin, se caractérise par la loi sur la monnaie et le crédit. Il faut savoir qu’au début de 1963, deux milliards de dinars étaient en circulation. Actuellement, plus de trois mille milliards sont émis en différentes coupures, soit plus de deux millions de billets par jour.
 
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