jeudi 28 mars 2013

Nelson Mandela de retour à l'hôpital

Par
Il a suffi de quelques mots pour inquiéter tout un pays. «Nous appelons le peuple d'Afrique du Sud à prier pour notre Madiba que nous aimons tant.» À l'heure même où Nelson Mandela, affectueusement surnommé Madiba, entrait à l'hôpital, la phrase du président Jacob Zuma a persuadé, de Johannesburg au Cap, que cette fois l'heure était grave. Et chacun de redouter que ce ne soit là une préparation à la fin très humaine de celui qui est devenu l'icône d'un État, d'un continent et d'un monde.
Nelson Mandela, à Qunu, le 18 juillet 2012, pendant la célébration de son 94e anniversaire.Officiellement, la présidence sud-africaine n'a pourtant pas dit grand-chose. Tout juste si l'on sait que l'ancien chef d'État a été hospitalisé au milieu de la nuit pour une rechute d'une infection pulmonaire. «Il est arrivé conscient à l'hôpital», a tenu à souligner le porte-parole de la présidence. Selon le dernier communiqué, le malade «réagissait positivement au traitement auquel il est soumis».
Ces derniers mois, Nelson Mandela, bientôt âgé de 95 ans, a multiplié les problèmes de santé. En décembre dernier, il était resté près de trois semaines dans un établissement de Pretoria, déjà pour une infection pulmonaire. Le héros de la lutte antiapartheid souffre d'une infection des bronches après avoir contracté la tuberculose lors de ses vingt-sept années passées en détention. Début mars, il avait subi une série d'examens dont les résultats avaient été jugés «satisfaisants» par l'équipe médicale.
 «Nous sommes tous inquiets»
Mais tout ça n'a qu'à demi rassuré les Sud-Africains. Car les autorités locales verrouillent l'information, insistant sur le droit à la vie privée. Un black-out qui a pour effet d'alimenter les rumeurs et l'hystérie des médias, avides de détails sur le grand homme. Un présentateur de la chaîne d'informations en continu eNCA s'est ainsi enquis en direct auprès du porte-parole de la présidence, Mac Maharaj, demandant s'il y aurait des bulletins de santé réguliers et soulignant que cette nouvelle hospitalisation ouvrait «une période très sensible pour l'Afrique du Sud».
Pour toute réponse il a obtenu un laconique : «Nous sommes tous inquiets, nos mises à jour dépendront de ce que nous disent les médecins.» Lucy Holborn, chercheuse à l'institut sud-africain pour les relations entre les races (SAIRR), voit là «un souci sincère de veiller au respect de la vie privée» mais aussi la «crainte liée à des problèmes qui ont surgi dans le passé». «Je ne saurais pas exactement dire pourquoi ils veulent limiter l'information mais je soupçonne que si quelque chose de plus grave se produit, ils s'attendent à une réaction et ils préfèrent contrôler ce processus.»
Totalement retiré de la vie politique depuis 2004, Nelson Mandela continue de jouer néanmoins un rôle politique symbolique. Alors que la nation arc-en-ciel traverse une crise importante, il continue de servir de ciment entre les communautés. Sa disparition laisserait le pays face à ses divisions, que l'humanisme de Mandela n'a pas pu totalement gommer.

lefigaro.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire