jeudi 28 mars 2013

Mali : quel scénario international après la guerre?

(Le JDD.fr 28/03/2013) DECRYPTAGE - Dans un rapport, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon évoque l'après-guerre au Mali et recommande la conversion de la force africaine en mission de paix des Nations unies. Mais, précise-t-il, une "force parallèle" est absolument nécessaire. Un rôle qui pourrait revenir à la France. De la force africaine aux Casques bleus
Au terme de l'intervention française au Mali, une force africaine multinationale devait initialement prendre seule le relais pour stabiliser le pays. Mais la mission internationale de soutien au Mali (Misma) changera probablement de nature. Fin février, les dirigeants d'Afrique de l'Ouest avaient apporté leur soutien pour transformer cette force en mission de l'ONU. Réunis lundi et mardi en Côte d'Ivoire, les chefs d'Etat-major de la Misma ont confirmé que ce changement aurait lieu d'ici juillet.
Cette nouvelle force sera plus nombreuse, "beaucoup plus robuste et mieux équipée" et "nécessitera beaucoup plus de moyens financiers", a souligné mardi devant la presse le chef d'état-major de l'armée ivoirienne, le général Soumaïla Bakayoko. Cette solution est l'une des "deux options possibles" qui seront soumises prochainement à l'examen du Conseil de sécurité de l'ONU. L'autre option consisterait à renforcer la mission politique de l'ONU au Mali tout en laissant à la Misma le soin d'assurer la sécurité.
Combien de soldats?
Dans un rapport remis mardi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, souligne que la future force onusienne pourrait compter 11.200 hommes au maximum. Cet effectif est inférieur à d'autres missions menées par l'ONU en Afrique, telle que la Monusco en République démocratique du Congo (17.000 soldats) et la Minuad au Darfour (15.600 soldats, avec l'appui de l'Union africaine).
La Misma, conduite par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), compte actuellement environ 6.300 soldats au Mali. Le contingent le plus important est celui du Tchad, Etat non-membre de la Cédéao, composé de plus de 2.000 hommes. Il s'agit du seul à participer aux combats aux côtés des troupes françaises dans le massif des Ifoghas, au Nord-Est du pays. A terme, la force africaine pourrait mobiliser au total jusqu'à 10.000 hommes, grâce à l'ajout de nouvelles unités, notamment venues du Burundi et de Mauritanie, deux autres pays non-membres de la Cédéao. La future mission de l'ONU serait composée en "majeure partie" de soldats de la Misma, précise Ban Ki-moon, et comprendrait également 1.440 policiers.
Une force parallèle française?
En appui de la mission des Nations unies, Ban Ki-Moon souhaite également une "force parallèle" qui aurait pour but "de mener des opérations importantes de combat et de contre-terrorisme", souligne-t-il dans son rapport. Le rapport ne précise pas la nature de cette "force parallèle". Mais selon plusieurs diplomates, elle pourrait être essentiellement constituée de soldats français, qui sont actuellement 4.000 au Mali. Sa présence "sera nécessaire pour un certain temps", précise Ban Ki-moon.
La semaine dernière, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault avait pourtant indiqué que le retrait des troupes françaises du Mali débuterait "à partir de la fin du mois d'avril", alors que le gouvernement avait évoqué dans un premier temps le mois de mars comme date de début du désengagement.
L'armée française est actuellement dans sa dernière phrase. Le président François Hollande avait assuré de son côté que la souveraineté serait rétablie sur "la quasi-totalité" du territoire malien dans "quelques jours". Le gouvernement prépare déjà le prochain débat prévu au Parlement sur l'engagement militaire français. Celui-ci est obligatoire, comme l'indique la Constitution, lorsqu'il dure plus de quatre mois. L'intervention, commencée le 11 janvier, ne pourra en effet être complètement terminée le 11 mai prochain.
Un contexte incertain
Le déploiement des Casques bleus de l'ONU est toutefois conditionné à la situation politique et sécuritaire du Mali, prévient Ban Ki-moon dans son rapport. Le secrétaire général est particulièrement pessimiste : "Les attaques terroristes, la prolifération des armes, le trafic de drogue et d'autres activités criminelles" font ainsi partie des "risques" qui subsisteront à l'intervention militaire. D'autre part, "le processus politique accuse un retard dangereux", estime le diplomate sud-coréen.
La feuille de route pour la transition, adoptée par le Parlement malien fin janvier, prévoit notamment des élections d'ici à fin juillet. Or, pour l'heure, "les conditions ne sont pas mûres pour la tenue dans le calme d'élections libres et crédibles et paisibles" dans le pays. Pis, des "élections pourraient provoquer un regain d'instabilité et même des violences", écrit-il. Mi-mars, à l'issue d'une visite sur place, le sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, Edmond Mulet, avait lui aussi estimé "peu probable que les élections puissent se tenir d'ici juillet". Selon lui, l'ONU se prépare à affronter au Mali "des menaces inédites, jamais rencontrées dans un contexte de maintien de la paix".

Arnaud Focraud - leJDD.fr
mercredi 27 mars 2013

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