jeudi 28 mars 2013

CPI : François Bozizé sur les traces de Jean-Pierre Bemba

L’ex-président centrafricain François Bozizé, renversé samedi 23 mars par la coalition rebelle de la Séléka, pourrait rejoindre l’ex-vice président de la RD Congo Jean-Pierre Bemba à la Cour pénale internationale (CPI), en procès depuis le 22 novembre 2010 pour des crimes contre l’humanité et crimes de guerre qu’auraient commis ses soldats du MLC en Centrafrique en 2002 et 2003.imageLa rébellion centrafricaine vient de relancer sa demande, faite mercredi 9 janvier dans un mémorandum présenté au premier jour des négociations avec le pouvoir centrafricain d’alors et l'opposition à Libreville (Gabon), réclamant qu’« une procédure soit engagée devant la CPI de La Haye contre François Bozizé ».
La Séléka, qui a pris les armes le 10 décembre 2012 en exigeant le « respect » des accords passés avec Bangui, accuse François Bozizé de « faits de crimes de guerre et crimes contre l'humanité », de « détentions et séquestrations arbitraires » et de « disparitions, assassinats et exécutions sommaires ».
« CPI : si François Bozizé savait… »
De passage à Kinshasa le 27 août 2007, le président centrafricain François Bozizé avait confirmé devant la presse le maintien de la plainte du gouvernement de son pays contre l’ancien-vice président de la République Jean-Pierre Bemba devant la CPI.
« La République centrafricaine attend impatiemment que la Cour pénale internationale puisse interpeller le patron du Mouvement de libération du Congo (MLC), dans sa version politico-militaire, au sujet des pillages, viols, tueries et autres violations des droits de l’homme perpétrés par ses troupes en 2002 à Bangui », avait-il déclaré.
Sous le titre « CPI : si François Bozizé savait … », le magazine Le Confident avait écrit le 16 octobre 2008, soit près de cinq mois après l’arrestation de Jean-Pierre Bemba en Belgique, qu’« en ouvrant grandement la porte de la République centrafricaine à la CPI, le général-président François Bozizé pensait que cette instance judiciaire internationale allait le disculper des poursuites engagées par ladite Cour au pays de Barthélemy Boganda ».
« Mais depuis qu'il s'est rendu compte que la CPI est un couteau à double tranchant, qui agit aussi bien à l'endroit qu'à l'envers, le chef de l'Etat centrafricain, François Bozizé a vraiment de la trouille (…). Très mal conseillé à l'époque, le régime de Bangui a remis volontairement, sans pression aucune, à la CPI le sulfureux dossier centrafricain (qui) avait entre-temps fait l'objet d'une plainte de la Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH) adressée à la même Cour pour des mêmes causes », avait-il relevé.
« A l'endroit comme à l'envers, la CPI, tout doucement a mené ses enquêtes et a conclu que les crimes, qui auraient été commis durant toute cette période, tombe sous le coup des crimes qui relèvent de sa compétence. Par conséquent, aussi bien à l'endroit qu'à l'envers, les hommes forts des deux camps devraient comparaître pour situer l'opinion publique nationale et internationale sur leurs responsabilités », estimait Le Confident.
Il soutenait que « la lettre du président François Bozizé, en date du 1er août 2008, adressée au Conseil de sécurité de l'ONU via Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies sollicitant l'arrêt des poursuites engagées par la CPI en Centrafrique, ne pourra mettre fin au processus ».
A l’époque, l’armée du MLC était intervenue à Bangui pour sauver le régime de l’ex-président centrafricain Ange Patassé de l’offensive de son renversement menée par les ex-rebelles sous le commandement de François Bozizé.
Reconduction de Nicolas Tiangaye : Michel Djotodia pose un acte de « bonne foi »
La reconduction de Nicols Tiangaye, au poste de Premier ministre, laisse entrevoir une issue heureuse de la transition centrafricaine. Cet acte de « bonne foi », posé par Michel Djotodia en dit long.
C’est une surprise. En tout cas personne ne s’y attendait. Le nouvel homme fort de la Centrafrique Michel Djotodia, a reconduit hier mercredi 27 mars 2013, Nicolas Tiangaye à la tête du gouvernement, poste qu’il occupait sous l’ère Bozizé. En agissant de la sorte, l’autoproclamé président Michel Djotodia aura ainsi envoyé un signal fort à ses détracteurs et à tous ceux qui doutent encore de sa sincérité. C’est un acte de bonne foi.
Michel Djotodia, tombeur de François Bozizé exilé pour l’heure au Cameroun, a été sa parole. Il avait dès le premier jour de la prise de capitale Bangui, promis de reconduire Nicolas Tiangaye, à son poste de Premier ministre.
Il a promis, il a réalisé, tel est le sens de sincérité de celui qui a abrogé la constitution et promis les élections dans trois ans. Visiblement rien ne semble arrêter ce nouvel élan de Djotodia, bien que la plupart d’observateurs restent encore sceptiques quand à la suite des événements. « De telle volonté nous en avons déjà vu, malheureusement la suite a été désagréable », a déclaré l’un d’eux.
Par ailleurs la Communauté internationale qui hésite encore à reconnaître officiellement le nouveau pouvoir de Bangui, veut être rassurée par celui-ci. C’est à cette occasion que Me Tiangaye a, a selon une dépêche de l’AFP « plaidé pour que la communauté internationale, qui a condamné le coup de force, continue d’aider son pays, parmi les plus pauvres du monde malgré les richesses de son sous-sol encore inexploitées ». Pour Tiangaye, il est difficile que son pays puisse s’en sortir de la situation délicate qu’il traverse.
Mardi, Washington avait dénoncé «l’auto-proclamation comme président» de M. Djotodia et qualifié «d’inacceptables» les nombreux pillages dans le pays. Les Etats-Unis ont prévenu qu’ils pourraient geler près de 2,2 millions de dollars d’aide américaine, finançant notamment l’entraînement de militaires centrafricains ou des programmes de lutte contre des trafics. L’aide humanitaire de 22 millions de dollars ne serait, en revanche, pas affectée.
La Centrafrique a aussi été évoquée mercredi au Vatican : le nouveau pape François a appelé à «un arrêt immédiat des violences et pillages», mentionnant un conflit spécifique pour la première fois depuis son élection.
 

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