mercredi 9 juin 2010

Nouvelle gouvernance politique africaine: quand Faure Gnassingbé et Ali Bongo forcent l’admiration

(L'Observateur Paalga 09/06/2010)
A la tête du Gabon et du Togo, deux fils de présidents qui ont succédé à leurs pères, après des élections. Il s’agit d’Ali Bongo, héritier de feu Omar Bongo Ondimba, et de Faure Gnassingbé, l’un des enfants du défunt président togolais, Gnassingbé Eyadema. Ces deux chefs d’Etat, enfants d’anciens présidents, forcent l’admiration d’un de nos lecteurs. Explications.
“Le fait est suffisamment rare pour ne pas être relevé. Le Gabon et le Togo, par des gestes politiques forts et significatifs de leurs premiers dirigeants, viennent de donner aux afro-pessimistes de tous bords et de tous poils deux preuves éclatantes que les Etats africains peuvent être gouvernés autrement.
Nul n’éprouve le besoin de me rappeler le lignage politique des présidents actuels de ces deux pays. Faure Gnassingbé et Ali Bongo sont bien les enfants de feus Gnassingbé Eyadéma et de Omar Bongo Ondimba. Tous deux ont succédé à leurs pères à la tête du Togo et du Gabon, dans des conditions qui n’ont pas manqué d’être contestées par les plus fervents et les plus ardents défenseurs du purisme démocratique sur le continent.
Ces faits étant, sauf coûte que coûte à ne vouloir voir les choses que sous le prisme réducteur d’un délit supposé de descendance politico-biologique, comment ne pas saluer les actes politiques courageux récemment posés dans leurs pays respectifs par ces deux chefs d’Etat ? Au Gabon en effet, Ali Bongo a interdit désormais toute exportation de bois brut. Au Togo, Faure Gnassingbé a obtenu l’entrée de l’Union des Forces du Changement (UFC) de l’opposant historique Gilchrist Olympio dans un gouvernement d’ouverture et d’union nationale.
Apaisement du climat social...
Du vivant de leurs géniteurs d’anciens présidents de ces deux pays, ici comme là-bas, qui eut pu rêver de pareils engagements en faveur, d’une part de l’économie gabonaise et, d’autre part, d’un apaisement du climat social et politique tant espéré au Togo ? Personne, si ce n’est quelque candide utopiste politique. De ces deux actes, il ne faut dès lors point attendre tel l’apôtre de voir les retombées pour saluer le courage politique.
De l’exemple ainsi infligé, comment ne pas se demander si la nouvelle et meilleure gouvernance politique tant souhaitée du continent ne passe pas par un rajeunissement au plus haut niveau de sa classe dirigeante ? Car, n’en déplaise aux chantres d’une certaine conception de la sagesse, l’âge est malheureusement aussi et souvent un facteur physiologique de lucidité. (Laissez Wade tranquille !).
Aux âmes bien nées, dit l’adage, la sagesse n’attend point le nombre d’années. Par ces décisions courageuses en faveur de leurs pays et de leurs peuples, Ali Bongo et Faure Gnassingbé administrent, à leurs détracteurs et à une certaine opinion africaine et internationale volontairement négativiste, une preuve magistrale que, tout comme le petit de la chèvre ne sent nécessairement le lait, le fils d’un présumé dictateur peut s’avérer être un très bon chef d’Etat.
Une chose est sûre, des actes de gouvernance politique d’un tel courage sont autant sinon plus rares sur le continent africain que les cheveux sur le crâne d’un chauve. Aussi doivent-ils, lorsqu’ils surviennent comme ici deux exemples indéniables, être mieux célébrés qu’ils ne le sont, par ceux-là mêmes, habituellement prompts à crier haro sur le baudet, aux moindres errements ou égarements des princes qui nous gouvernent.
Un espoir tout à leur honneur
Hélas, mille fois hélas. Bien souvent, les opinions africaines, médias en tête, préfèrent curieusement faire leurs choux gras des nouvelles qui donnent de leur continent le visage misérabiliste dont, sadiquement, nous nous complaisons depuis toujours à faire commerce. Comme par effet de baguette magique, tout ne sera et n’ira peut-être pas pour le mieux dans les meilleurs du Gabon et du Togo possibles demain, du simple fait des décisions audacieuses que viennent ainsi de prendre leurs chefs d’Etat.
Pour autant, l’espoir incontestable né de ces nouvelles donnes est tout à leur honneur, et mérite ici d’être salué. En effet, si en matière de critique politique le griottisme fait le lit des dictatures, le déni d’opinion cache bien souvent autant mal, voire traduit une forme d’hypocrisie qui fonde au sein de l’opinion africaine un certain complexe d’efficience vis-à-vis de nos dirigeants.
Un complexe d’efficience sur lequel sont en grande partie bâties la dominance que subissent nos Etats et la faiblesse de leur rayonnement sur la scène internationale. Ces exemples, de la part de Faure Gnassingbé et d’Ali Bongo, enseignent à souhait que l’Afrique n’est pas condamnée à n’avoir à sa tête que des roitelets et autres chefaillons avides de pouvoir et de bonne chaire.
Osons faire savoir, encourageons et défendons nos dirigeants, lorsque ceux-ci s’engagent sur des voies capables de mener nos Etats et leurs populations vers des lendemains moins miséreux. Chapeau donc et bravo à Faure Gnassingbé et à Ali Bongo. Puissent-ils persévérer et, par de pareilles autres décisions, se montrer les figures de proue d’une nouvelle gouvernance politique africaine. Pour tous actes à venir du type, la plus grande reconnaissance et admiration des générations africaines montantes et conscientes leur est acquise, pour leur courage et leur lucidité. CQFD.

Itèrre Somé
© Copyright L'Observateur Paalga

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