mercredi 27 mai 2015

Burkina Faso: Sankara devrait être enterré comme un "héros national"


Thomas Sankara, l'ex-président burkinabè assassiné en 1987 lors d'un coup d'Etat et dont les restes supposés ont été exhumés mardi, doit être enterré comme un "héros national", a exigé l'avocat de sa famille deux mois après l'ouverture d'une enquête longtemps gelée sous l'ancien régime.
Sankara doit être "maintenant enterré avec les honneurs" en tant que "héros national", a déclaré le principal leader des partis "sankaristes", et avocat de la famille Sankara, Me Bénéwendé Stanislas Sankara (ndlr: aucun lien de parenté avec Thomas Sankara).
Des "ossements" ont été exhumés de la tombe supposée contenir la dépouille de Sankara, a annoncé l'avocat qui a assisté aux travaux d'exhumation dans le cimetière de Dagnoën, un quartier de Ouagadougou. Les restes qui ont été retirés de la poussière sont constitués de "quelques ossements, de tissus au fond rouge avec des traits noirs", a-t-il précisé.
L'opération d'exhumation, entamée lundi, a été conduite par trois médecins --un Français et deux Burkinabè--, en présence du commissaire du gouvernement et d'un juge d'instruction.
En deux jours, cinq tombes ont été ouvertes.
"Nous attendons un signal fort du gouvernement de transition pour que le héros national ait les honneurs qu'il faut", a lancé Me Sankara, leader de l'Union pour la renaissance/parti sankariste (UNIR/PS).
Candidat malheureux aux présidentielles de 2005 et 2010 face à Blaise Compaoré, l'avocat vient d'être désigné candidat pour la présidentielle d'octobre par neuf partis politiques "sankaristes".
"On n'est pas à ce niveau-là. On est d'abord dans la procédure judiciaire pour connaître les conditions de l'assassinat" du président Sankara, a répondu à l'AFP le porte-parole du gouvernement Frédéric Nikiéma.
- Enquête ouverte -
Révolutionnaire loué pour son intégrité et icône du panafricanisme, Thomas Sankara avait été enterré à la sauvette le soir du 15 octobre 1987, après son assassinat lors du coup d'État qui porta Blaise Compaoré au pouvoir.
Durant près de trois décennies, le régime de M. Compaoré, renversé fin octobre par une insurrection populaire, a refusé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de la disparition du "père de la révolution burkinabè".
Mais début mars, le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Compaoré a autorisé l'exhumation du corps de Sankara, et de ses douze compagnons assassinés avec lui, dans le but de l'identifier formellement.
Les tombes ont été mises sous scellés début avril par la justice militaire du Burkina qui enquête depuis fin mars sur les circonstances de la disparition de l'ancien président.
Plusieurs auditions ont déjà eu lieu et notamment le 18 mai celle de Mariam Sankara, veuve du défunt président. "Elle a confirmé la plainte contre X qu'elle a déposée depuis 1997 et qui n'a jamais eu de suite", avait déclaré à l'AFP Me Sankara, à la sortie du palais de justice militaire de Ouagadougou. "Elle a parlé, elle a dit ce qu'elle avait à dire et elle a maintenu sa plainte" contre X au terme d'une "audition marathon", avait ajouté Me Ferdinand Djammen Nzepa, un avocat franco-camerounais inscrit au barreau de Toulouse (sud-ouest de la France).
Mardi, Me Sankara a précisé que la justice burkinabè avait ouvert une enquête "contre X plus le colonel Alidou Guébré", qui a signé le certificat de décès attestant que Thomas Sankara était mort de "mort naturelle".
Mariam Sankara, qui avec ses deux enfants a quitté le Burkina Faso pour le Gabon puis la France après la mort de son mari, est rentrée le 14 mai à Ouagadougou pour la deuxième fois en 27 ans.
Déclaré "héros national" en 2001 par Compaoré, la figure du président Thomas Sankara a été abondamment évoquée durant le soulèvement populaire qui a conduit à la chute de Compaoré le 31 octobre dernier.

lepoint.fr

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