mercredi 24 août 2011

RDC: PPRD, un congrès à 3 millions de dollars!

Publié par La Rédaction, le 24 août 2011
Le décor est enfin planté. Pendant qu’on s’approche des élections de novembre 2011, la bataille s’annonce rude. Ainsi, tous les coups sont permis : des coups bas, des défections, des ralliements, etc. Et les congrès des partis politiques, à la mode, sont des occasions indiquées pour s’offrir le spectacle. Selon certaines indiscrétions, la somme de 3 millions de dollars Us serait sortie, rien que pour l’organisation du deuxième congrès. Contrairement à l’UDPS et d’autres partis, ici, les kinois auraient été achetés moyennant quelques billets de banque, afin de remplir à tout prix le mythique stade des Martyrs.

Et pourtant, l’occasion devait être trouvée pour jeter un regard rétrospectif, se décider sur les options à prendre pour conquérir le pouvoir et l’exercer le plus longtemps possible.
Mais c’est chaque parti politique qui organise à la va-vite son congrès, pour régler les comptes à ses adversaires politiques connus, potentiels ou supposés. L’UDPS, le MSR, la CCU, le MLC, le PPRD, le RDC/GOMA, l’UDEMO, ne nous diront pas le contraire. C’est comme si tous les ingrédients sont réunis pour un combat permanent avant les congrès des partis, la désignation clientéliste des candidats à la députation et ce, bien avant leur élection par des bases tribales ou achetées. Un congrès, c’est devenu l’occasion ou jamais de faire son test de popularité. De faire son « plein » comme on le dit à Kinshasa. Ne pas organiser son congrès paraît comme une non-existence. Des espaces publics sont pris d’assaut. Il y en a qui remplissent un stade, d’autres une salle de conférences, etc.
Le premier à organiser son congrès était l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Ici, la grande résolution du congrès n’était autre que le choix et le soutien de la candidature d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba comme candidat à l’élection présidentielle de 2011. Ici, l’opinion ne s’était pas réservé de critiquer ce choix, disant qu’il s’agit d’une dictature, dans la mesure où ce président de parti politique se disait déjà candidat, avant même que soit organisé le congrès. Ceci, sans pour autant imaginer que les partis politiques en Afrique se retrouvent tout autour d’un leader charismatique. Ainsi, celui-ci pouvait bien se déclarer candidat, dans la mesure où en 2006, lors des premières élections organisées au pays, les avait boycottées, au motif que toutes les conditions pour une bonne organisation n’étaient pas réunies. Pour ce parti, du reste fils aîné de l’Opposition, ce sont les membres qui ont été appelés à contribuer, sans oublier les donations et d’autres actes des hommes de bonne volonté. Et le lieu choisi n’était autre que le jardin botanique, dans la commune de la Gombe.
Montrer qu’on est aussi populaire
Il faut dire qu’il y a en Rd Congo des partis qui ne peuvent remplir qu’un salon familial ou un container de la taille de ceux qu’occupent nos sous-commissariats de police, éparpillés à travers les quartiers. Ceux-là se disent, toute honte bue, qu’ils sont eux aussi en congrès très ordinaire. Mais certains n’ont pas voulu se contenter de leur statut de parti tête d’affiche de la Majorité Présidentielle. Ils ont mis la main à la poche, ont sorti de grands capitaux et ont mobilisé les masses populaires. C’est dans cette ligne que l’on retrouve le PPRD, le MSR, la CCU, l’UDEMO, le RCD/Goma, etc.
Au PPRD par exemple, selon certaines indiscrétions, la somme de 3 millions de dollars Us serait sortie, rien que pour l’organisation du deuxième congrès. Contrairement à l’UDPS et d’autres partis, ici, les kinois auraient été achetés moyennant quelques billets de banque, afin de remplir à tout prix le mythique stade des Martyrs. Comme on a eu à le dire, il s’agit d’un congrès qui a été organisé dans le but premier de se venger du plein enregistré par l’UDPS lors de la clôture de la tournée de leur leader. Comme conséquence, des caméramans ont été brutalisés pour le simple motif qu’ils prenaient des images qui ne cadraient pas avec la volonté des organisateurs. Et pourtant, surtout que le pays connait à ce jour beaucoup de problèmes, la somme de 3 millions de dollars Us serait utilisé utilement pour soulager, tant soit peu, la misère de la population. Il s’agit donc d’un manque à gagner pour le Trésor public. Dire que le congrès devait permettre de choisir le candidat aux élections présidentielle, législatives et provinciales de 2011, c’est taper à côté dans la mesure où tout le monde savait que c’est l’actuel Chef de l’Etat Joseph Kabila qui était le candidat de la Majorité Présidentielle. Et de ce fait, un grand événement comme celui qu’on n’a vu ne valait pas la peine d’être organisé. En plus, le cachet donné aux musiciens, sans oublier l’argent qu’on aurait distribué aux militants, devaient être utilisés à autre chose si réellement on aime son pays.
Faisant l’économie de ses moyens, le MLC n’a fait mieux que de se retrouver dans l’une des résidences du feu Sénateur Jeannot Bemba, pour l’organisation de leur congrès. Ici et comme il fallait s’y attendre, le choix est tombé sur Jean-Pierre Bemba, du reste retenu à La Haye. Comme on peut bien s’en rendre compte, les gros moyens n’ont pas été utilisés. Mais on dira qu’ils ne sont plus au pouvoir. Ce qui n’est pas du tout vrai, surtout lorsqu’on sait comment fonctionne les partis politiques en Rd Congo. Au MLC, les congressistes se sont montrés ouverts à la conclusion de certaines alliances qui pourraient être bénéfiques pour les uns et les autres.
Au CCU, le parti cher à Lambert Mende, l’état des lieux a été dressé et l’avenir balisé. (Un peu comme au PPRD, le candidat à la présidentielle de 2011 était déjà connu : il s’agit de Joseph Kabila Kabange). Ici, c’est la salle des conférences du Centre d’accueil Kimbanguiste qui a été choisie. Ceci, du fait que Simon Kimbangu est le père de l’indépendance congolaise, au même titre que Lumumba auquel la CCU se reconnait. C’est aussi le cas du MSR, qui avait choisi comme cadre la salle du jardin Botanique et qui a fait le choix de Joseph Kabila Kabange comme seul candidat à la présidentielle. Au RCD/Goma, lors de son deuxième congrès, son président Azarias Ruberwa n’a pas pris le risque de se proclamer candidat, même s’il a prôné pour une candidature de l’Opposition du consensus. C’est ici qu’il faut vite relever que ce leader politique qui a perdu l’essentiel de ses cadres n’a toujours pas été accepté par ses collègues de l’Opposition. Ceux-ci disent que l’Opposition ne s’annonce pas, elle se vit.
A l’UDEMO par contre, l’ex. vice-premier ministre en charge du Travail et de la Prévoyance Sociale a été choisi pour être candidat de ce parti. Ici, la population, notamment celle de l’Equateur, qui semble être son fief électoral, sera curieux de lui demander le bilan à la tête de l’Etat, sans passer par les raisons de sa révocation par Joseph Kabila, le Président de la République. Disons que Mobutu Nzanga risque d’avoir beaucoup de problèmes, surtout avec ses frères, qui pensaient qu’il profitait de son rang pour rapatrier le corps de son feu père en Rd Congo et l’enterrer dans la dignité que requiert son rang d’ancien président de la République. Mais certains pensent qu’en politique, beaucoup de gestes ne sont pas posés au hasard. Ainsi, Mobutu Nzanga voudrait profiter, comme en 2006, afin de signer avec le gagnant de 2011, question de se retrouver. Une hypothèse qui semble être très difficile, dans la mesure où il ne peut pas cohabiter avec Joseph Kabila qui l’avait limogé, mais aussi avec Etienne Tshisekedi, le farouche opposant de son père.
Parti sans base solide
A Kinshasa, voire dans toute la Rd Congo, l’on vit à l’ère des congrès, certains chefs des partis politiques dits « autorités morales » – il y en a plus de quatre cents – pensent qu’ils occupent tout l’espace. Ils ne cessent de parler et de gonfler, et pourtant on sait bien qu’ils ne sont guère plus que des ombres, ou presque. Ils se targuent d’avoir une base consistante. A défaut de terroir solide où ils pourraient poser fermement leurs pieds, ces « autorité morales » sont prises dans une alternative : la pénombre ou la lumière. La plupart d’entre les « politicailleurs » trainent des coquilles vides. Même ceux qui se disent « grands » ne sont que des éléphants aux pieds d’argile. Il suffit d’un coup de bâton aux pieds, et flop !…
L’illustration la plus simple a été l’ouverture du congrès du PPRD au stade des Martyrs. Conscients d’avoir déjà empoché leurs frais de transport, les militants ramassés dans tous les coins de la ville de Kinshasa n’ont trouvé mieux que de quitter le stade, pendant que le Secrétaire général faisait son discours. Ce qui a poussé certains à dire que le plein constaté ce jour n’était qu’un trompe l’œil, car ses effets ne pouvaient pas être capitalisés.
Dans ces conditions, on aura beaucoup de mal à trouver un arrière-plan de stabilité. Les traces ne cessent de s’effacer sous leurs pieds. Les paroles mielleuses s’évaporent. Le peuple n’en a cure. Inutile de chercher un cri qui porte, une parole forte : tout flotte dans un nuage nul et non avenu. Les dés sont jetés. Ce n’est pas un congrès (à moitié vide ou à moitié plein) qui changera le cours des choses. Mais les Congolais ont besoins des gens honnêtes, déterminés à changer les conditions de vie de la population qui ne font que se détériorer du jour au jour. Donc, le politique peut bien organiser les congrès, mais la décision appartient au peuple qui détient l’arme fatale pour sanctionner ceux qui vont à l’encontre de ses intérêts.
Tout est permis
Les partis politiques, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, sont en droit d’utiliser toutes les voies qui sont à leur portée, afin de s’attirer le plus grand nombre de militants. Ainsi, pour cette thèse défendue par le Professeur Biyoya, sans moyens financiers, il est difficile de gagner une élection. Pour lui, peu importe la popularité, peu importe le charisme, si vous avez les moyens de votre politique, il est facile d’aller de l’avant. Il s’agit d’une thèse qui se justifie, dans la mesure où les élections en Rd Congo sont encore tribales ou ethniques. Même si une portion très faible de la population peut encore voter par rapport à une idéologie politique quelconque.

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