lundi 22 août 2011

Libye - Le dernier combat de Kadhafi

(Le Point 22/08/2011)

Les pays occidentaux croient en une chute imminente de Muammar Kadhafi après l'offensive-éclair des rebelles sur Tripoli. Mais le leader libyen est-il déjà terrassé ? "La Libye est au début d'un processus de transition", souligne le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. De son côté, la Chine déclare, lundi, "respecter le choix du peuple libyen". Pourtant, sur place, les combats font toujours rage. Et Kadhafi s'accroche au pouvoir après 42 ans passés à la tête du pays. De violents affrontements sont en cours autour de la résidence du leader libyen, dans laquelle la présence du dirigeant n'est pas attestée.
Si des scènes de liesse se sont bien déroulées dans la nuit de dimanche à lundi, il semblerait que l'enthousiasme soit retombé dans les rues de la capitale. D'après plusieurs témoins, la présence lundi de nombreux tireurs embusqués sur les toits des immeubles de la ville, faisant usage de leurs fusils, alimente la peur de la population. L'essentiel de la capitale est entre les mains de la rébellion. D'après le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, le régime du colonel libyen Muammar Kadhafi ne contrôlerait lundi "pas plus de 10 % à 15 %" de la ville de Tripoli.
"Tactique du colonel Kadhafi"
Des chiffres que tient à tempérer Imed Lamboum, journaliste et correspondant de l'AFP, notamment parce que plusieurs quartiers de la capitale sont connus pour leur fidélité au colonel. "Ce n'est pas encore la fin de Kadhafi", insiste le journaliste. "Son régime est imprévisible, comme il l'a prouvé durant ces six derniers mois. Laisser entrer les rebelles de la sorte dans la capitale pourrait être en réalité une tactique du colonel afin de leur couper les vivres par la suite et les attaquer à l'intérieur de Tripoli."
En mars dernier, un mois après le début de l'insurrection rebelle, et tandis que peu de gens estimaient que Kadhafi parviendrait à se maintenir au pouvoir, ses forces étaient parvenues à reprendre le dessus sur l'insurrection en pilonnant la ville d'Ajdabiya (est) à l'aide d'avions de chasse et d'artillerie lourde. Un mois plus tard, en plein bombardement de l'Otan visant à éliminer le colonel, on avait aperçu ce dernier à la télévision libyenne, en train de narguer ses adversaires en osant parader en décapotable dans les rues de la capitale. Et les dernières informations en provenance de Libye semblent confirmer le caractère jusqu'au-boutiste de Kadhafi. Selon la chaîne Al Jazeera, des chars auraient été aperçus quittant son quartier général de Bab al-Aziziah et bombardant les rues aux alentours.
Par Armin Arefi Le Point.fr -
Quel avenir pour le colonel Kadhafi ?
L'étau se resserre autour de Muammar Kadhafi. Les rebelles sont à Tripoli. De violents combats seraient en cours lundi matin autour de la résidence du dirigeant libyen. Kadhafi y est-il actuellement réfugié ?
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères français, a avoué lundi qu'il n'était pas en mesure de dire où le colonel se trouvait. Selon un diplomate, il serait encore dans cette résidence de Bab al-Aziziya. Les bâtiments ont presque tous été rasés par les bombardements de l'Alliance atlantique, mais Kadhafi disposerait de plusieurs bunkers dans sa résidence.
D'après le quotidien italien Corriere della Sera, le général pourrait être retranché à l'ambassade du Venezuela, dont le président Hugo Chávez a dénoncé l'agression impérialiste en Libye.
"Nettoyer la capitale des rebelles" (Kadhafi)
De son côté, la chaîne arabe Al Jazeera évoque l'hypothèse d'un départ à bord d'un avion sud-africain. Deux appareils de ce pays seraient stationnés à l'aéroport de Tripoli, prêts à partir. Le président sud-africain Jacob Zuma pourrait être tenté de trouver une porte de sortie acceptable pour le général Kadhafi après avoir joué un rôle central dans la médiation entre le CNT et le pouvoir de Kadhafi. Le gouvernement sud-africain a démenti avoir envoyé des avions en Libye pour exfiltrer le colonel. Et a ajouté que l'Afrique du Sud, en cas de départ du dirigeant libyen, ne reconnaîtrait pas dans l'immédiat le Conseil national de transition des rebelles.
Selon Moussa Ibrahim, porte-parole du régime, qui s'exprimait dimanche, Muammar Kadhafi est prêt à négocier en personne avec les rebelles et a invité l'Otan à les convaincre de mettre fin à leur offensive contre Tripoli. Les rebelles libyens ont répondu très vite qu'ils étaient prêts à cesser le combat si Muammar Kadhafi acceptait de quitter le pouvoir. Mustapha Abdel Jalil, chef de file du Conseil national de transition (CNT), sur l'antenne d'Al Arabiya avait alors affirmé : "Kadhafi et ses fils seront dans ce cas autorisés à quitter le pays."
Le colonel Kadhafi n'a pourtant pas tenu le même discours à la population le jour même. Dans deux messages sonores diffusés par la télévision libyenne, il a appelé "ses partisans à "nettoyer" la capitale des rebelles.

Le Point.fr - Publié le 22/08/2011 à 10:42 - Modifié le 22/08/2011 à 13:56
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