lundi 22 août 2011

Libye - Le rôle décisif de l'Otan pour hâter la chute de Mouammar Kadhafi

(La Depêche.fr 22/08/2011)
L'Otan a beau affirmer ne pas coordonner son action en Libye avec les insurgés, ses forces semblent avoir joué un rôle clé pour aider les rebelles à progresser vers Tripoli et accélérer l'issue d'un conflit qui pèse sur les capacités militaires de l'alliance.
Le discours officiel de l'alliance qui a pris le commandement des opérations militaires en Libye le 31 mars ne varie pas: l'Otan est engagée en Libye pour protéger la population civile et faire respecter l'embargo sur les armes. Ni plus, ni moins. L'alliance ne soutient pas les rebelles, ne leur fournit ni armes, ni instructions.
"Notre rôle est de protéger la population civile contre les attaques", a ainsi rappelé le porte-parole de l'opération Protecteur unifié, le colonel canadien Roland Lavoie.
"A chaque fois que nous visons une cible, nous nous posons la question de savoir si cette cible représente une menace pour la population civile, et si la réponse est oui, alors seulement nous frappons cette cible", a-t-il affirmé.
Mais, de fait, les frappes de l'Otan - plus de 7.500 depuis le début de l'opération -, sa maîtrise du ciel et de la mer ont quasiment détruit la capacité d'action des forces loyales au colonel Kadhafi et permis aux forces rebelles de progresser sur le terrain.
Ces derniers jours, les avions de l'Otan ont multiplié les frappes contre les derniers retranchements des forces loyales au colonel Kadhafi autour de Tripoli.
Selon le New York Times, les Etats-Unis ont utilisé notamment des drones armés, ce qui a pu contribuer à faire pencher la balance en faveur des rebelles libyens, et établi une surveillance permanente au-dessus et autour des zones toujours contrôlées par les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi.
Dans le même temps, la Grande-Bretagne, la France et d'autres pays ont déployé au sol des forces spéciales pour participer à l'entraînement et à l'armement des rebelles, ajoute le quotidien.
L'Otan et les Etats engagés (essentiellement la France et le Royaume-Uni, avec les Etats-Unis en soutien) dans l'opération Protecteur unifié ont toujours eux catégoriquement démenti officiellement la présence de membres des Forces spéciales au sol sur le terrain.
"Nous travaillons à éroder les capacités de combat de Kadhafi", a affirmé pour sa part le colonel Lavoie. Si les forces rebelles ont pu progresser sur le terrain c'est grâce notamment à "l'élimination préalable de la menace" par les forces de l'Otan, a-t-il ajouté.
Face au risque d'enlisement, l'Otan n'a pas hésité à engager, dès juin, des hélicoptères de combat capables de frappes plus précises contre des batteries, des camions-citerne ou des dépôts de munition, notamment en milieu urbain.
Cela n'a pas empêché les forces de l'Otan d'être accusées de plusieurs "bavures" dont un raid aérien, le 19 juin dernier, qui a fait officiellement neuf morts civils.
Début août, le régime libyen a également accusé l'Otan d'avoir tué 85 personnes dont de nombreux civils près de Zliten, à l'est de Tripoli. Une accusation dénuée de fondement, selon l'Otan.
"Nous ne prenons part à aucune coordination officielle sur le terrain", a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'Alliance atlantique, Oana Lungescu. De son côté, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT) a affirmé que l'Otan était "aussi impliquée" dans l'offensive "Sirène" lancée samedi soir par les insurgés.
La bataille décisive de Tripoli constitue un soulagement pour l'Otan, qui a dû faire face ces derniers mois à un conflit plus long que prévu du fait de la résistance du régime de Mouammar Kadhafi.
Déclenchée le 19 mars, l'opération, lancée dans le sillage des révoltes dans le monde arabe était censée au départ durer seulement quelques semaines.

Publié le 22/08/2011 11:57 - Modifié le 22/08/2011 à 12:18
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