jeudi 28 juillet 2011

RDC : 90% des Congolais de l'Est se sentent "abandonnés"

Dans une enquête inédite, réalisée par l'ONG Oxfam dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), "90% de la population se sent en insécurité dans les zones où sévit la LRA". Depuis septembre 2008, cette rébellion ougandaise a tué plus de 2.300 personnes et en a enlevé plus de 3.000. En RDC, 45.000 civils ont fui la LRA dans les 6 premiers mois de l'année 2011.

Entre avril et mai 2011, l'ONG Oxfam et 15 organisations locales partenaires ont mené une enquête sur 1705 personnes de 45 communautés vivants dans la Province Orientale, le Nord et Sud Kivu, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Objectifs : mesurer l'insécurité dans ces zones en guerre depuis plus de 15 ans. Dans la région du Haut Uélé, dans la Province Orientale, la population civile vit dans la terreur de la LRA (Lord Resistance Army), une rébellion ultra-violente dirigé par l'Ougandais Joseph Kony. Selon l'enquête menée dans cette zone par Oxfam : « 62 % des personnes interrogées se sentent moins en sécurité, 28 % ont le sentiment que la menace reste la même, quand seulement 10 % estiment que leur sécurité s’est améliorée. Dans l’ensemble, les communautés questionnées se sentent totalement abandonnées et ont le sentiment que ni les forces de sécurité de l’ONU ni leur gouvernement ne se préoccupent de leur sécurité. Dans sept des neuf communautés étudiées, les individus questionnés affirment que les casques bleus de l’ONU ne sont pas suffisamment présents dans les zones les plus prioritaires, à savoir les champs et les routes menant vers les marchés. »
Pour Pauline Ballaman, la Directrice d’Oxfam en RDC : « Oxfam s'inquiète de ce que des petits groupes de soldats de la LRA affamés continuent de s'en prendre aux familles les plus isolées du nord est de la RDC. En dépit des dernières opérations militaires et de l'intérêt accru de la communauté internationale, la LRA continue de faire des ravages dans ces communautés oubliées de tous en étant responsable de massacres, enlèvements et déplacements de populations. » Selon cette ONG, il existe « de vrais vides sécuritaires, laissant des gens dans une grande vulnérabilité. » À l'heure actuelle, seulement 5 % de la force totale de la MONUSCO est déployée dans les zones où sévit la LRA, soit un peu plus de 1000 casques bleus. Oxfam demande donc que la MONUSCO « monte au créneau » afin de mieux sécuriser les populations civiles.
Pour Nicolas Vercken d’Oxfam France, le gouvernement français a un rôle clé à jouer dans ce dispositif : « la France a piloté les débats au Conseil de Sécurité sur le nouveau mandat de la Monusco : elle doit faire en sorte que celle-ci se déploie davantage dans les zones touchées par la LRA et y protège efficacement les populations, qui demeurent particulièrement vulnérables aux attaques ».

Photo : © Simon Rawles / Oxfam
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