mercredi 20 juillet 2011

Mali -UEMOA Sixième revue Mali FMI : Ça ne sent pas bon

(Reussir 20/07/2011)

Au-delà de la langue de bois et du langage habituellement convenu, le Fonds monétaire international, dans sa dernière revue de l’accord triennal qui lie notre pays à l’institution de Breton-Woods, a relevé beaucoup d’insuffisances. Ça ne se présente pas bien.
Le Fonds monétaire international, dans son approche, prévoit une évaluation périodique, généralement trois par ans. La dernière évaluation qu’il y a eu au Mali le mois dernier a fait voir beaucoup de lacunes.
D’abord, pour se justifier, les autorités ont accusé les crises ivoiriennes et libyennes et ont demandé au FMI le relèvement de notre Droit de tirage spécial (DTS) à 25 millions de DTS (27 % de la quote-part) afin de faire face aux répercussions des crises ivoirienne et libyenne. « À cause en partie de ces chocs, le déficit global des paiements dépassera les anticipations initiales en 2011, de sorte qu’il faudra puiser substantiellement dans les réserves de change de la BCEAO. Après 2011, la balance des paiements devrait normalement se redresser, ce qui montre bien la nature soudaine et temporaire de ces chocs », affirment nos autorités.
Face à ces chocs extérieurs, les autorités prévoient de continuer d’appliquer des politiques macroéconomiques axées sur la stabilité, ainsi que des mesures visant à renforcer la croissance et à réduire la pauvreté. Dans ce cadre, une loi de finances rectificative devra être présentée au Parlement. Cette loi prévoit des ressources pour les dépenses sous-estimées dans la loi de finances initiale, ainsi que des ajustements dans les secteurs non prioritaires, afin de s’attaquer aux répercussions des récents chocs externes sur le budget sans modifier sensiblement l’objectif fixé pour le déficit. Le Mali promet également de poursuivre les réformes capitales engagées dans les domaines de la politique et de l’administration fiscales, de la gestion des finances publiques (GFP), du développement du secteur financier, de la filière coton et du secteur de l’électricité.
« Il est urgent d’ajuster les prix intérieurs de l’énergie aux cours internationaux du pétrole afin de ménager des ressources pour appliquer le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (DSRP-C). Le relèvement de ces prix permettrait d’éviter de perdre des recettes budgétaires qui sont absolument nécessaires pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », affirme le FMI.
Le système fiscal a été critiqué « pour son inefficacité et son manque d’équité ». Au plan de la politique fiscale, ces critiques ont notamment porté sur le niveau relativement élevé des taux d’imposition sur les bénéfices, les revenus fonciers, les salaires et la consommation, ainsi que sur l’étroitesse de l’assiette fiscale. Certaines pratiques d’administration fiscale, comme par exemple la lenteur du traitement de contentieux fiscaux infligeant une charge de la preuve excessive aux contribuables, ont par ailleurs été considérées comme abusives et contreproductives.
L’économie malienne a été touchée par la crise ivoirienne et le conflit libyen. Ces crises ont affaibli la balance des paiements en raison de la hausse des coûts de transport, des pertes d’envois de fonds par les travailleurs expatriés et d’une baisse des exportations et de l’investissement direct étranger. En outre, la position du système bancaire sur la Côte d’Ivoire, essentiellement sous forme de titres d’État, est de l’ordre de 100 milliards de FCFA, soit 2 % du PIB et environ 60 % des fonds propres du secteur bancaire. Le conflit en Libye pose également un risque pour le secteur bancaire en ce sens que le gouvernement libyen est l’actionnaire majoritaire de deux banques locales et détient des actifs de l’ordre de 3 % de l’ensemble du système bancaire.
D’après les projections, le taux de croissance du PIB réel, tiré par les filières agricole et aurifère, devrait dépasser 5 % au cours de la période de 2011. Le taux d’inflation moyen passerait à 3,5 % en 2011 ce qui est supérieur aux objectifs de convergence de l’Uemoa (3%), sous l’effet de l’augmentation des coûts de transport imputable à la crise ivoirienne et à certaines répercussions différées de la hausse des cours des produits alimentaires et pétroliers.
Les services du FMI recommandent d’achever la revue, « mais, ça ne se présente pas bien », selon certaines sources proches du dossier.

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