(Le Figaro 12/09/2012) À
la surprise générale, cet outsider a remporté la première élection depuis
1969.
Depuis lundi soir, Hassan Cheikh Mohamud est le nouveau président de la
Somalie. Universitaire policé dans un pays de chefs de guerre, l'homme a
pourtant été confortablement élu à Mogadiscio par les parlementaires contre le
chef d'État sortant, Cheikh Sharif, avec 70 % des voix. Placé sous l'égide de
l'ONU, ce vote, le premier depuis 1969 en Somalie, pays ravagé par plus de 20
ans de guerre civile, fait place à d'immenses espoirs. Cette élection a
d'ailleurs été saluée dans les rues de la capitale par des tirs en l'air et des
concerts de Klaxon d'un peuple voulant oublier les inconnues qui entourent ce
scrutin.
Car, il y a encore peu, Hassan Cheikh Mohamud passait pour un
parfait outsider. Il ne devrait sa victoire qu'à l'alliance de plusieurs hommes
politiques pour faire tomber le président sortant. «C'est la grosse inconnue, on
ne le connaît pas trop», reconnaît un diplomate. Hassan Cheikh, 56 ans, est
considéré comme l'un des pionniers de la timide société civile somalienne. Il a
fondé à la fin des années 1990 l'institut somalien de management et de
développement administratif (Simad) qui lui a permis de gagner le respect de ses
compatriotes et de l'influence. Auparavant, ce novice en politique qui n'a
jamais été ni ministre ni député, s'était fait remarquer en travaillant pour les
Nations unies, rédigeant en 2009 un rapport sur l'importance de la diaspora
somalienne.
Contrairement à la plupart des leaders somaliens, Hassan
Cheikh, formé à l'université de Mogadiscio, n'a jamais travaillé à l'étranger.
Homme neuf, le nouveau président dispose cependant de quelques atouts. Outre
l'appui incertain des nombreux ennemis de son prédécesseur, il peut compter sur
celui des Hawiye, l'un des plus importants clans du pays, majoritaire dans la
capitale. Dans un État conduit à la ruine par les guerres entre clans, ce
soutien n'est pas négligeable.
Danger imminent
Autre atout du
président élu, les relations qu'il semble être parvenu à tisser avec les
insurgés islamistes d'al-Chebab. La chercheuse britannique Laura Hammond
souligne ainsi qu'alors que la plupart des ONG étaient chassées des zones sous
l'influence islamiste, Hassan Cheikh était parvenu à y maintenir ses employés.
Or, ces rebelles, inféodés à al-Qaida, contrôlent encore une large partie du
centre et du sud de la Somalie et représentent aujourd'hui le danger le plus
imminent. Le porte-parole d'al-Chebab, tout en condamnant fermement le processus
électoral, à ses yeux fruit de «l'influence étrangère», s'est bien gardé de
critiquer le nouvel élu. La proximité de ce dernier avec le mouvement al-Islah,
un parti proche des Frères musulmans, peut expliquer cette
bienveillance.
Mais les défis militaires ne sont pas les seuls qui
attendent Hassan Cheikh. Il devra aussi rapidement apporter un début de solution
aux problèmes des nombreux réfugiés, de la piraterie, de la corruption et de la
pauvreté. Sous peine de voir sa popularité s'effondrer et les rangs de ses
ennemis grossir.
Par Tanguy Berthemet
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Figaro
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