(Afrik.com 12/09/2012) Les prisonniers du Tchad vivent un véritable enfer, a
dénoncé Amnesty international, dans un rapport rendu public ce lundi. Leurs
conditions de détention sont épouvantables. Incarcérés dans des cellules
surpeuplées, ils n’ont pas accès aux soins, à l’eau potable ni à une nourriture
de qualité. Beaucoup meurent avant même d’être jugés.
« Nous sommes en
train de mourir ici ». Cet appel au secours des prisonniers du Tchad est aussi
l’intitulé du rapport d’Amnesty international. Le texte, rendu public ce lundi,
témoigne des « épouvantables » conditions de détention dans le pays. Le constat
de l’organisation de défense des droits de l’homme est alarmant : les droits des
détenus au Tchad sont constamment bafoués. Certains sont même enchainés 24
heures par jour pendant plusieurs mois.
Les détenus n’ont également pas
accès à l’eau potable ni à une nourriture de qualité. Elle leur est parfois
servie dans des assiettes collectives où à même le sol, dans des nattes sales.
Certains se retrouvent souvent sans rien à se mettre sous la dent. « Les
prisonniers rencontrés étaient dans leur majorité émaciés, faibles et
apparemment d’un poids insuffisant », souligne le rapport. De plus, les cellules
où ils sont incarcérés sont surpeuplées. Fin janvier 2012, 45 prisons
accueillaient au total 4 831 détenus, soit quatre fois plus que leurs capacités
d’accueil. Pis, les enfants, y compris les fillettes, sont parfois détenus avec
les adultes. Certains parents peuvent même rester trois mois sans avoir des
nouvelles de leurs progénitures. La loi interdit pourtant la détention des
mineurs âgés de moins de 18 ans.
L’accès aux soins est également un
parcours du combattant pour les détenus. Dans certains établissements
pénitenciers, il n’y a parfois aucun médecin. Il n’est pas rare que des
prisonniers, assurant avoir des compétences médicales, soient chargés de soigner
leurs codétenus. La vie des détenus est d’autant plus en danger compte tenu des
mauvaises conditions d’hygiènes dans lesquelles ils vivent. Dans certaines des
prisons visitées par les chercheurs d’Amnesty International, « le système
d’évacuation des eaux usées ne fonctionnait plus depuis des années. La présence
combinée d’eaux usées stagnantes et d’excréments humains dans les cours et
autour des prisons met en danger la santé des prisonniers, du personnel et des
habitants des localités où sont situées l ces prisons. »
Ce détenu, qui
s’est confié à l’ONG, témoigne des conditions d’insalubrités dans lesquelles se
trouvent les prisons tchadiennes : « Il faisait très chaud dans les pièces, en
particulier entre mars et mai. Les cellules étaient très sombres la nuit et très
mal ventilées. Ça sentait très fort parce que les prisonniers déféquaient et
urinaient dans des seaux ou des sacs en plastique à l’intérieur des cellules.
»
« Les prisonniers au Tchad doivent lutter chaque jour pour survivre
»
« Les prisonniers au Tchad doivent lutter chaque jour pour survivre »,
déplore Christian Mukosa, spécialiste du Tchad à Amnesty International. Ces
derniers sont régulièrement confrontés à de graves maladies. Nombre d’entre eux
« souffrent de maladies de la peau, d’infections sexuellement transmissibles, du
paludisme ou de la tuberculose », constate-t-il. Au cours des 12 derniers mois,
neuf détenus sont morts d’asphyxie, cinq de déshydratation et sept autres ont
été abattus par des gardiens. Ces derniers n’hésitent pas à ouvrir le feu pour
disperser les émeutes. D’après l’organisation, fin 2011, au moins sept
prisonniers ont été tués par les forces de sécurité.
La situation des
femmes et adolescentes est particulièrement préoccupante, relève Amnesty
International. Détenues parfois dans les mêmes cellules que les hommes, elles
sont très exposées aux violences sexuelles. Plus alarmant encore, l’organisation
affirme avoir vu des bébés ayant moins de sept mois vivre en prison car leur
mère y était détenue. Selon Christian Mukosa, « le Tchad a entamé depuis des
années une réforme de l’institution pénitentiaire mais il n’y a eu que peu
d’améliorations visibles. Le système pénitentiaire ne dispose même pas des
éléments les plus essentiels pour permettre aux détenus de conserver un minimum
de dignité ! », déplore-t-il.
Une grande partie du problème des prisons
du Tchad est du à l’oubli de prisonniers, constate l’ONG. Ce « qui contribue à
la surpopulation des prisons tchadiennes. Les gens peuvent facilement passer des
années en prison sans que les autorités judiciaires soient informées de leur
présence ». Parfois, ils ne sont pas libérés alors qu’ils ont purgé leur peine,
comme le cas de ce garçon de 15 ans détenu pendant 18 mois sans qu’un procureur
en soit informé.
par Assanatou Baldé
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