mardi 25 juin 2013

Algérie : révélations sur la prise d'otages d'In Amenas

C'est en interrogeant un des diplomates algériens capturés à Gao avril 2012 que les terroristes ont pu planifier l'attaque du site gazier de Tinguentourine, en Algérie, le 16 janvier dernier, où 37 otages ont été tués. Mokhtar Belmokhtar, chef des Signataires par le sang, cerveau de l'opération, et ses complices, Abderrahman el-Nigiri et Lamine Bencheneb, à la tête du Mouvement des fils du Sahara pour la justice islamique, savaient que leur prisonnier avait travaillé deux ans sur la zone. Et qu'il pouvait leur fournir des informations importantes sur la couverture sécuritaire. Les militaires prévenus Parmi les révélations sur la prise d'otages d'In Amenas, publiées ce vendredi par El-Khabar, quotidien algérien, figurent de nombreux détails sur l'organisation de l'opération. Le journal révèle aussi que les Algériens savaient qu'une opération d'envergure se préparait. Un premier télégramme parlant d'une «menace terroriste imminente» était parvenu au siège de la 4e région militaire de Ouargla. Les responsables militaires de Tamanrasset, Ouargla et Béchar avaient aussi été prévenus que plus de 60 éléments armés du Mujao et des hommes de Belmokhtar avaient quitté leur campement d'Aguelhok au nord du Mali pour une destination inconnue. D'autres rapports signalaient une reprise des activités du mouvement de Bencheneb près de la frontière libyenne et d'une connexion avec les djihadistes libyens. Enfin, les Algériens avaient pris au sérieux, deux jours avant l'attaque de Tinguentourine, la tentative de trois hommes armés de passer la frontière à quelque 600 km de Djanet. Mais ils n'avaient pas remarqué le vendeur de cigarettes, posté pendant dix jours à côté de la brigade de gendarmerie d'In Amenas. Un des trois hommes missionnés par les assaillants pour repérer les mouvements des forces de sécurité et du personnel. En particulier le jour où le bus transportant le personnel de BP arrive de l'aéroport d'Hassi Messaoud. Il ne restait plus qu'aux chefs de l'expédition de choisir le bon moment: la période de «relâchement sécuritaire» qui suit les fêtes de fin d'année et le départ des touristes étrangers de la région. Habitués à se déplacer en suivant les gazoducs pour empêcher toute frappe aérienne, les terroristes savaient que les Algériens ne pourraient pas choisir de bombarder le site. Leur erreur a sans doute été de tout miser sur l'effet de surprise et de sous-estimer l'entraînement des 6000 hommes que l'Algérie a mobilisé dans sa riposte.

Mélanie Matarese
LeFigaro.fr

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