jeudi 4 avril 2013

Centrafrique: les chefs d'Etat d'Afrique centrale veulent un président de transition

(Le Point 04/04/2013)
Les forces sud-africaines, font les effectifs sont d'environ 200 hommes, étaient présentes en Centrafrique dans le cadre d'un accord de coopération bilatérale portant sur la formation de l'armée centrafricaine.
Les chefs d'Etat d'Afrique centrale réunis à N'Djamena mercredi ont poussé la Centrafrique vers une issue démocratique, demandant le retrait des troupes sud-africaines et l'élection d'un président de transition pour une période de moins de 18 mois, après le coup d'Etat de la rébellion Séléka il y a 10 jours.
Jugeant "impossible" de reconnaître le "président autoproclamé" et chef rebelle Michel Djotodia, les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) ont demandé à ce qu'un "collège" de transition soit élu "par les forces vives de la nation", avec à sa tête un président élu, pour une période qui "ne doit pas excéder 18 mois".
"On peut penser que ce sera Michel Djotodia (qui sera nommé à la tête du collège), qui n'est pas du tout rejeté du processus, au contraire" a estimé l'ambassadeur de l'Union européenne à Bangui, Guy Samzun, alors qu'après avoir pris le pouvoir, M. Djotodia avait annoncé qu'il présiderait son pays pour une durée de trois ans.
A l'issue du sommet, le président tchadien Idriss Déby a annoncé la "mise en place d'un organe législatif qui va rédiger la Constitution et jouer le rôle de l'Assemblée".
"Dès demain, une mission composée des ministres des Affaires étrangères des pays de la CEEAC, les partenaires et les représentants des Nations de l'Union africaine, de l'Union européenne et de l'Organisation internationale de la francophonie doivent se rendre à Bangui pour porter ce message aux Centrafricains" a ajouté le M. Déby.
La coalition rebelle Séléka a pris le pouvoir à Bangui le 24 mars, jugeant que François Bozizé n'avait pas respecté les accords de paix signés en janvier entre pouvoir, opposition et rébellion à Libreville, après une première offensive rebelle en décembre.
Guy Samzun a, quant à lui, salué les décisions du sommet de N'Djamena.
"Comme prévu par l'accord de Libreville, il y a un exécutif au pouvoir renforcé qui est le Premier ministre Nicolas Tiangaye", issu de l'ancienne opposition à François Bozizé, "et la création d'un Comité national de transition (CNT)". "Ce Comité sera composé de toutes les parties présentes à Libreville. Son président sera élu en son sein et deviendra la président de la République", a commenté l'ambassadeur de l'Union européenne.
M. Tiangaye, reconduit le 27 mars dans ses fonctions, avait formé dimanche un nouveau gouvernement d'"union nationale" principalement composé de membres de la coalition Séléka, de l'opposition démocratique et de la société civile.
Les propositions de N'Djamena sont "une bonne chose, une bonne nouvelle", a pour sa part dit à l'AFP un ancien proche du régime Bozizé ayant requis l'anonymat.
A propos du CNT, il a déclaré : "Le général De Gaulle disait : +on ne fait pas de politique sans tenir compte de la réalité du terrain+. Il y a des vainqueurs et il faut en tenir compte. Séléka a gagné et on ne peut pas le faire disparaître comme ca (...) Raccourcir le délai de transition est une bonne chose également. Si on voit que ce n'est pas réalisable, on peut prolonger".
L'ancien Premier ministre et opposant centrafricain Martin Ziguélé, présent au sommet, a également réagi positivement : "La décision des chefs d'Etat est (...) un moyen de donner une légitimité à un homme ou une femme qui aura la redoutable tâche de mener cette transition", a-t-il déclaré à l'AFP.
Retrait des troupes sud-africaines
Le président sud-africain Jacob Zuma a de son coté annoncé ordonné le retrait des troupes sud-africaines de Centrafrique.
"Le président Zuma a décidé de retirer les forces sud-africaines qui sont à Bangui", a déclaré le président Déby.
Invité à se joindre aux discussions, Jacob Zuma en personne a fait le déplacement avec trois de ses ministres (Relations internationales et Coopération, Défense, Sécurité d'Etat), signe de l'importance de cette épineuse affaire pour l'Afrique du Sud. Au moins 13 soldats sud-africains avaient été tués le 24 mars par la rébellion qui faisait alors son entrée dans Bangui, quelques heures avant de renverser le régime de François Bozizé.
Les forces sud-africaines, font les effectifs sont d'environ 200 hommes, étaient présentes en Centrafrique dans le cadre d'un accord de coopération bilatérale portant sur la formation de l'armée centrafricaine.
Des sources centrafricaines, proches de la présidence et des services sécuritaires, dénoncent l'existence d'un "deal" entre MM. Zuma et Bozizé, avec à la clé accès d'entreprises sud-africaines à des richesses pétrolières, diamantifères et aurifères.
Au sein de la rébellion Séléka, un responsable assure : "Les accords de Bozizé avec l'Afrique du sud n'étaient pas dans l'intérêt du pays, mais du maintien au pouvoir de Bozizé. Ils ont perdu militairement. Ils doivent s'en aller et oublier".
Les chefs d'Etat d'Afrique centrale ont en outre appelé mercredi le président béninois Thomas Yayi Boni à accueillir François Bozizé "en tant que frère".
Ce dernier, qui avait fui au Cameroun après la prise de Bangui, a adressé une demande d'asile au Bénin, selon le ministre béninois des Affaires étrangères Arifari Bako.
Dans la capitale centrafricaine, un début de normalisation était en cours, après l'appel des nouvelles autorités à reprendre les activités administratives et économiques dès mardi.
Concernant la sécurité, le cantonnement des troupes de la rébellion Séléka, toujours très présentes à Bangui, a commencé. "Nous sommes dans une logique de désarmement", a souligné une source proche du Premier ministre.

Par Louise Cuneo

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