(BBC Afrique 29/04/2013)
Un rapport d'experts des Nations unies affirme que d'anciens
chefs rebelles, désormais cadres dans l'armée ivoirienne, continuent de se
livrer au pillage des ressources de la Côte d'ivoire qui leur rapporte des
centaines de millions de dollars.
"Les commandants ("com-zone") des
Forces nouvelles - rébellion qui contrôlait le nord du pays depuis 2002 - ayant
choisi le camp du président Alassane Ouattarra contre son rival, l'ex-président
Laurent Gbagbo, forment "un réseau militaro-économique" tirant profit de la
contrebande et d'un système de taxation parallèle, selon le rapport au Conseil
de sécurité des experts chargés de vérifier l'application de l'embargo sur les
armes à destination de la Côte d'Ivoire.
Ces chefs militaires ont été
intégrés dans l'armée régulière "sans que les commandants aient abandonné leur
activités économiques prédatrices, qu'ils ont aujourd'hui étendues à l'ensemble
du territoire ivoirien", selon le texte.
La Côte d'Ivoire est le premier
exportateur mondial de cacao mais, pendant la saison 2011-2012, la contrebande a
concerné 153.000 tonnes sur un total de 1,47 million de tonnes, essentiellement
via le Ghana, précise le rapport citant des chiffres
gouvernementaux.
Les exportations de la production ivoirienne de
cacao transitent par le port de San Pedro.
La perte a été estimée à 400
millions de dollars, évaluent les experts.
Autre exemple cité: un tiers
de la production nationale de 450.000 tonnes de noix de cajou a aussi été
victime de la contrebande.
Le document chiffre le manque à gagner à
environ 130 millions de dollars pour le deuxième producteur mondial de noix de
cajou.
Les experts dont le mandat a été renouvelé par le Conseil de
sécurité la semaine dernière font aussi part de leurs soupçons concernant le
commerce de l'or, des diamants, du coton, du bois et d'autres
ressources.
La sécurité reste précaireIls notent aussi que l'équilibre du
pouvoir et la sécurité restent "précaires" en Cote d'Ivoire où le président
Gbagbo a été chassé par la force en avril 2011 avec le soutien des forces
françaises et de l'ONU après plusieurs mois de refus d'accepter sa défaite à
l'élection de novembre 2010.
Il est aujourd'hui détenu par la Cour pénale
internationale (CPI) qui le soupçonne d'être coauteur de crimes contre
l'humanité lors des troubles qui ont fait quelque 3.000 morts.
Alors que
l'économie ivoirienne a rebondi en 2012, "les réseaux politiques et économiques
liés aux combattants des ex-Forces nouvelles se sont renforcés" avec
l'intégration dans l'armée ivoirienne d'anciens commandants au lourd passif,
estime le rapport.
Il cite notamment la nomination à "des postes de
commandement stratégiques" de gens comme Martin Kouakou Fofié (déjà sous
sanctions de l'ONU), Issiaka Ouattara (alias "Wattao"), Hervé Touré ("Vetcho"),
Zakaria Koné et Cherif Ousmane.
Traffiques d'armesTous disposent
d'importantes quantités d'armes, ajoutent les experts.
Malgré l'embargo
sur les armes, les experts de l'ONU "ne peuvent pas exclure la possibilité" que
ces commandants continuent de chercher à acquérir des armes et autres
matériels.
Selon des informations qu'ils citent, des armes sont entrées
en Côte d'Ivoire par le Mali et le Niger voisins.
Une série d'attaques
meurtrières de groupes armés a visé au second semestre 2012 les forces de
sécurité et des sites sensibles, attribuées par le pouvoir à des pro-Gbagbo
notamment basés au Ghana.
Les experts disent enquêter sur des
"connections entre les partisans de l'ancien régime et le financement d'actes
d'insurrection grâce aux bénéfices de ventes de diamants et d'or".
En
conclusion ils appellent le gouvernement à "démanteler immédiatement le réseau
militaro-économique, combattre tous types d'imposition illégale et de renforce
la sécurité intérieure pour éviter le racket, les vols et le pillage de la part
de groupes armés illégaux".
Le gouvernement est invité notamment à lutter
contre la contrebande à grande échelle transitant par le Ghana.
© Copyright BBC
Afrique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire