(Afriquinfos 18/04/2013)
N'DJAMENA
- Le sommet extraordinaire des chefs d'Etat
d'Afrique centrale sur la Centrafrique jeudi tentera de trouver des solutions à
la situation critique dans lequel se trouve ce pays en proie à l'anarchie et aux
violences après la prise du pouvoir par la coalition Séléka le mois dernier.
Le sommet, qui réunira l'ensemble des chefs d'Etat de la Communauté
économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) ainsi que le président
sud-africain Jacob Zuma, doit "faire le bilan de l'évolution de la situation en
Centrafrique" depuis les décisions prises lors du précédent sommet du 3
avril.
Ce sommet avait permis de trouver "l'habillage institutionnel"
pour légitimer le nouveau président Michel Djotodia, chef du Séléka, tout en lui
imposant de quitter le pouvoir à la fin d'une période de transition de 18
mois.
Il avait ouvert la voie à la reconnaissance du nouveau régime par
la communauté internationale et à la reprise des aides économiques pour ce pays
de 5 millions d'habitants parmi les plus pauvres de la planète.
Le sommet
de jeudi doit aussi adopter une "déclaration dite de N'Djamena définissant la
feuille de route de la transition avec les différentes étapes", selon une source
tchadienne. Toutefois, si la question politique semble éclaircie, la situation
du pays s'est considérablement dégradée depuis le 3 avril.
Les pillages
n'ont pas cessé et des heurts ont eu lieu entre des hommes du Séléka et des
habitants excédés par l'insécurité, ainsi qu'avec des milices partisanes de
l'ancien régime du président François Bozizé. Une vingtaine de personnes sont
mortes le week-end dernier et sept hommes du Séléka ont été tués en début de
semaine.
Une source diplomatique craint même "une guerre civile" si
l'actuelle anarchie perdure.
La position du Tchad, clé du
sommet
Mardi, Michel Djotodia avait annoncé un renfort de 500 hommes à la
police et 500 autres à la gendarmerie, ainsi que le casernement des combattants
du Séléka. Ce casernement vise à retirer des rues les anciens rebelles, dont
beaucoup n'hésitent pas à piller ou à se servir de leur force pour commettre des
exactions. Il doit aussi permettre d'arrêter les individus armés se faisant
passer pour des combattants du Séléka.
Mais les mesures de cantonnement
des troupes ne sont pas suivies d'effet et le gouvernement a transmis à la Force
multinationale d'Afrique centrale (Fomac) une demande de renfort de 1.000 hommes
pour assurer la sécurité. Le Premier ministre Nicolas Tiangaye, issu de
l'ancienne opposition, a aussi demandé le renfort de soldats français pour
pacifier la capitale et l'arrière-pays.
Ces renforts devraient être
débattus au sommet. De nombreux acteurs de la région se montrent sceptiques:
"Qui a les hommes? Qui va payer? Qui va les entretenir?", s'interroge une source
diplomatique d'Afrique centrale "lassée de toujours devoir aider le même
pays".
La Fomac compte actuellement 500 militaires (120 Gabonais, 120
Camerounais, 120 Congolais, plus un contingent tchadien). Exception faite du
Tchad, il n'est pas évident que les autres pays aient les moyens militaires de
répondre favorablement à des renforts supplémentaires.
De même, il n'est
pas sûr que la France, qui est en train de retirer ses troupes du Mali, ait la
volonté d'engager plus que son contingent actuel d'environ 500 hommes en
Centrafrique pour des opérations de police. Même si le chef de la diplomatie
française Laurent Fabius a déclaré mercredi que la France était "disponible"
pour aider au "retour de la stabilité". Sous réserve toutefois de "mettre en
place des autorités légitimement reconnues, ce qui n'est pas le cas du président
actuel".
Tous les regards sont tournés vers le Tchad et le président
Idriss Deby Itno sans qui rien ne se fait en Centrafrique. Toutefois, la
présence de l'armée tchadienne n'est pas forcément rassurante pour la
population. Une partie des Centrafricains assimile les Tchadiens au Séléka et
les accuse de participer aux exactions.
Il faudra aussi trouver une
solution économique pour le pays ravagé par les pillages et où une partie du
faible tissu économique a été détruit par les anciens rebelles. "La conjoncture
économique mondiale n'est pas favorable", soulignait récemment un diplomate
occidental, "mais sans argent rien n'est possible".
(© 2013 AFP)
Jeudi
18 avril 2013 | 10:27 UTC
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