(Le Figaro 29/04/2013) A
Tripoli, des hommes armés exigent l'exclusion de hauts responsables du ministère
des Affaires étrangères, notamment. Le pouvoir appelle la population à lutter
contre ces appels aux purges massives.
Les coups de force des groupes
armés se multiplient pour purger les administrations des ex-kadhafistes.
Dimanche, des milices ont encerclé à Tripoli le ministère des Affaires
étrangères, avant de tenter de prendre le ministère de l'Intérieur et le siège
de l'agence nationale de presse (Lana). Lundi matin, le ministère de l'Intérieur
et le siège de la Lana étaient dégagés. En revanche, les Affaires étrangères
restaient encerclées par des hommes en armes qui réclament l'adoption d'une loi
qui exclurait les anciens kadhafistes des postes de haut rang dans la nouvelle
administration.
«Le ministère des Affaires étrangères restera fermé
jusqu'à la mise en œuvre de la loi sur l'isolement politique (des anciens
responsables kadhafistes, ndlr)», a averti le commandant de la
milice.
Dimanche, une trentaine de véhicules, dont plusieurs armés de
canons antiaériens, ainsi que des dizaines de miliciens, ont encerclé le
bâtiment. Un responsable du ministère des Affaires étrangères a déploré des
méthodes «extrêmement offensantes», même si les demandes sont «légitimes»,
soulignant que cela ne justifiait pas de «paralyser le travail de tout un
ministère».
Appel aux citoyens
Cette offensive des groupes armés
coïncide avec l'examen par la plus haute autorité politique, le Congrès général
national (CGN), de la loi sur l'exclusion politique des collaborateurs du régime
déchu, qui risque de mettre sur la touche plusieurs hauts responsables. Cette
loi provoque des remous au sein de la classe politique libyenne. Récemment, les
membres du CGN avaient été encerclés durant plusieurs heures par des miliciens,
qui s'en étaient pris ensuite à leur président, Mohammed al-Megaryef.
Le
pouvoir, qui a du mal à asseoir son autorité à travers le pays face aux
nombreuses milices armées, paraît décidé à contrer ces actions. Au cours d'une
conférence tenue dimanche, le premier ministre Ai Zeidan a appelé la population
à se placer du côté des autorités contre les miliciens. «Il y a des gens qui
veulent déstabiliser le pays et terroriser les étrangers et les ambassades.
J'espère que les citoyens leur feront face», a-t-il ajouté.
M. Zeitan a
estimé que le siège du ministère des Affaires étrangères, qui intervient cinq
jours après l'attentat perpétré contre l'ambassade de France à Tripoli, est de
nature à «faire fuir les étrangers, les compagnies et les ambassades
occidentales».
«L'exclusion politique est une obligation», lui a répondu
un protestataire devant le ministère des Affaires étrangères.
Ces
développements rappellent la débaassification forcée conduite par les nouveaux
maîtres de l'Irak à la chute du dictateur Saddam Hussein en 2003, avant de se
raviser quelques années plus tard sous le poids des réalités, lorsque les
violences se sont nourries du vide créé par la purge des anciens cadres du
régime irakien.
Georges Malbrunot journaliste
© Copyright Le
Figaro
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