(Afrik.com 11/05/2012) L’affaire coton a agité le Bénin ces deux derniers mois. Le
conseil des ministres s’est réuni plusieurs fois et a fini par décider de
retirer la gestion de la filière coton aux privés.
Tout est parti du
manque de fertilisants, d’intrants alors la campagne cotonnière était lancée par
le ministre de l’Agriculture. Les producteurs ont alors commencé à grogner,
certains montent au créneau et tirent la sonnette d’alarme. Les politiciens et
économistes leur emboîtent le pas. Si les uns ont abondamment utilisé les
studios de radios et plateaux de télévision, les autres ont préféré faire
publier des articles dans la presse pour mettre un accent sur les conséquences
de l’inexistence d’intrants agricoles en pleine campagne cotonnière. « Vers une
année blanche cotonnière » n’avait pas hésité à écrire un ancien cadre de la
Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO).
La fin d’un
système ?
Le coton est, au Bénin, le premier produit d’exportation.
L’Etat engloutit chaque année des milliards dans sa culture en subventionnant
les engrais et autres intrants. Or, au nom de la libéralisation de ce secteur
décrétée depuis des décennies par la Banque mondiale, la filière coton était
sous contrôle d’une société privée, l’Association interprofessionnelle du coton
(AIC) à la tête de laquelle se trouve Patrice Talon, un richissime homme
d’affaires très influent dans la sous région ouest-africaine. Après moult
enquêtes, le gouvernement béninois conclut que l’AIC ne joue pas franc jeu et
lui arrache toutes ses prérogatives. D’abord, tous les responsables ont été
interpellés puis écoutés par la brigade économique et financière avant d’être
relâchés en attendant de répondre de leurs actes devant la
justice.
Nouveau patron
Suite à une rencontre de vérité organisée
à la présidence béninoise, le gouvernement a décidé de suspendre jusqu’à nouvel
ordre l’accord cadre de délégation à l’AIC concernant la gestion de la filière
coton.
L’Etat s’est engagé à assurer lui-même directement
l’approvisionnement, l’importation et la mise en place des intrants pour la
production de coton. Le gouvernement envisage aussi d’instaurer désormais un
Comité national de suivi et de contrôle de la filière coton qui sera présidé par
le Premier ministre. Par ailleurs, le pouvoir exécutif exige la mise en place
d’un comité paritaire Etat-secteur privé, présidé par le ministre d’Etat chargé
des Affaires présidentielles, qui va constituer un cadre de discussion dans une
vision partenariat public-privé pour la filière coton.
par Romuald
Vissoh
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