(Xinhuanet 02/05/2012) YAOUNDE -- Une mission du Fonds monétaire international
(FMI) est attendue au Cameroun mardi pour une visite de travail de routine
jusqu'au 16 mai comportant au menu une évaluation économique et financière, avec
à la clé une appréciation de la réalisation des projets structurants tels le
port en eau profonde de Kribi, a appris Xinhua auprès de
l'institution.
Auparavant sous ajustement structurel, le Cameroun n'est
plus depuis trois ans un pays sous programme du FMI, grâce à l'atteinte du point
d'achèvement de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) de
la Banque mondiale, en 2006.
Certes à caractère ordinaire, la mission
annoncée et qui a lieu tous les ans ne manquera pas toutefois de sacrifier à la
tradition des « discussions franches avec les autorités du Cameroun sur tous les
secteurs » accompagnées de recommandations, a expliqué le représentant résident
du FMI au Cameroun, Ekué G. Kpodar. Comme d'habitude, il s'agira d'examiner
l'évolution de l'économie et de la situation financière camerounaise en
comparaison avec l'environnement international, qui continue encore d'être
marqué par la crise de la dette en Europe.
Cette crise fera l'objet d'un
séminaire en marge des discussions entre la délégation du FMI et le gouvernement
camerounais. Pour l'instant, les conséquences de la difficile conjoncture
européenne sur une économie comme celle du Cameroun restent minimisées, car, «
le fait que nos Etats soient moins intégrés à l'économie mondiale au plan
financier, ça réduit l'impact », a fait savoir Kpodar.
Cette analyse
confirme celle faite récemment par la représentation locale de la Banque
mondiale. Pour le fonctionnaire du FMI, le Cameroun, contrairement à la
récession économique mondiale de 2008-2009, subit actuellement un impact
négligeable parce qu'il « bénéficie de l'effet prix du pétrole. C'est quand même
un pays exportateur net. Les prix augmentent, ça bénéficie aux recettes
pétrolières de l'Etat ».
« C'est encore quelque chose sur lequel on va
travailler. Les projections du marché pétrolier sont assez conservatrices. Cela
signifie que l'Etat camerounais va avoir un bonus au niveau de ses recettes »,
a-t-il insisté.
Pour 2012, le FMI a projeté une croissance du PIB
(produit intérieur brut) de 4,5% concernant le Cameroun, contre un objectif de
5,5% fixé par les autorités de Yaoundé elle-même. De 3,8%, ses estimations
portant sur l'année écoulée sont aussi aux statistiques gouvernementales
établies à 4,1%. Une nouvelle évaluation est en cours et sera communiquée en
juin.
De manière générale, ces indicateurs confirment par-dessus tout une
consolidation de la croissance économique camerounaise, au sortir de la récente
crise économique dont elle avait subi sévèrement les effets en se situant à 2%
en 2009, soit le taux le plus bas au cours des dix dernières années.
Au
classement des agences de notation internationales, cette économie est évaluée à
« BB stable » par Standard and Poor's, contre « BB- » de la part de Fitch and
Reting. Deux appréciations différentes qui traduisent chacune un environnement à
risque mais avec une tendance acceptable pour l'investissement.
Dans une
logique de diversification des sources de financement de son économie, le
Cameroun, après un premier emprunt obligataire à succès de 100 milliards de
francs CFA (200 millions USD) fin 2010 pour un taux d'intérêt de 5,6%,
expérimente depuis novembre 2011 le recours à l'épargne nationale à travers
l'émission de bons du trésor.
Les deux premières de ces opérations, d'un
montant respectif de 10 et 8 milliards de francs CFA (20 et 16 millions USD) et
d'une maturation de treize semaines pour un taux d'intérêt de 1,75%, ont déjà
été remboursées. Une deuxième séquence de cinq émissions de bons du trésor d'une
maturation de vingt-six semaines a suivi. D'une valeur de 10 milliards de francs
également, la première de celles-ci est prévue d'être remboursée le 8
juin.
« Il faut encourager l'Etat à aller dans cette direction. Ça lui
permet de tenter sa crédibilité et ses besoins. Ça permet aussi de moderniser
les instruments de gestion de la trésorerie de l'Etat, en rendant celle-ci plus
dynamique et plus efficace », juge Ekué G. Kpodar.
A la faveur de
l'allègement de sa dette bilatérale et multilatérale consécutif à l'atteinte du
point d'achèvement de l'initiative PPTE, le Cameroun connaît aujourd'hui un
niveau d'endettement assez bas. Mais, le FMI recommande la prudence en appelant
à éviter un ré-endettement rapide et à « créer des conditions en vue d'attirer
plus d'investissements et de maintenir la stabilité économique ».
Avant
de rencontrer les autorités du pays à Yaoundé, la mission qui arrive ce mardi
débutera ses contacts à Douala, la métropole économique camerounaise, avec les
banquiers, les représentants du patronat, les grandes entreprises, etc., informe
le représentant au Cameroun. Un déplacement à Limbe (Sud-Ouest) portera sur une
visite des installations en cours de modernisation de la Société nationale de
raffinage (SONARA).
Projet phare de la politique des « grandes
réalisations » du nouveau septennat du président Paul Biya, le port en eau
profonde en cours de construction à Kribi (Sud) sera aussi un point focal de la
mission de délégation venue de Washington aux Etats-Unis.
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