(Afrique Actu 21/09/2010)
La visite du Président Wade aux Etats Unis n’a pas démarré sous de bons auspices. Abdoulaye Wade qui était dans la ville de Burlington dans le petit d’Etat (démographiquement et géographiquement) de Vermont sur la côte ouest du pays, a essuyé des critiques acerbes de la part des officiels de cet Etat à propos du rapport d’Amnesty International sur la torture et autres violations des droits de l’Homme au Sénégal.
C’est d’abord le gouverneur adjoint Michael Dubie qui, interpellé par le quotidien local Burlington Free Press, dit être au courant des problèmes de violations de Droits de l’Homme au Sénégal même s’il n’a pas encore lu le rapport d’Amnesty. Avant d’ajouter que « nous avons un partenariat avec le Sénégal. Les membres de notre structure sont là-bas depuis deux ans et demi. Mais, il s’agit ici de questions de principes. Nous parlons de violations des droits humains universels, du respect de la loi, du contrôle des forces de sécurité par le pouvoir civil », a-t-il affirmé avant de conclure sur son espoir de voir le partenariat avoir un impact positif sur la gestion de ces questions au Sénégal.
Le journal rappelle que selon la Cia, l’organisme fédéral des renseignements à l’étranger, le Sénégal reste un modèle de stabilité politique dans la sous-région ouest-africaine, malgré les multiples réformes constitutionnelles opérées par l’actuel président « pour renforcer le pouvoir exécutif et affaiblir l’opposition font du style de gouvernement de plus en plus autocratique de Wade. »
Mais la personnalité qui a le plus décrié la présence de Wade dans cet Etat du New England est le président du conseil municipal de la ville de Burlington. Bill Keogh qui assure l’intérim du maire et qui par ailleurs est candidat à la succession de ce dernier, considère que même invité au dîner offert en l’honneur du chef de l’Etat sénégalais, il ne saurait être question pour lui de s’asseoir à la même table qu’un président dont le pays est accusé de violations aussi graves.
La visite du président Abdoulaye Wade dans l’Etat de Vermont est curieuse du point de vue de son opportunité et de ses aspects protocolaires. Un chef d’Etat doit-il se déplacer pour répondre à l’invitation d’un adjudant commandant de la Garde nationale d’un état de l’Union ? La Garde nationale est une force paramilitaire détachée auprès des gouverneurs.
Ni dans la presse, encore moins dans le programme officiel de Wade, aucune raison claire n’est donnée de sa présence à Burlington. Sinon qu’il est venu répondre à l’invitation de cet adjudant de la Garde nationale qui l’avait convié lors d’une visite au Sénégal au mois de mai dernier. D’ailleurs à en croire l’article de Free Press, on voit bien que les autorités, le gouverneur, son adjoint et l’adjoint du maire ont tous voulu faire preuve de transparence en faisant comprendre qu’ils ne sont pas à la base de la venue de Wade. Toutefois, des mauvais esprits ont vite fait le lien de l’accueil glacial réservé au Premier magistrat du Sénégal et le fait que son ancien ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio et l’ami de ce dernier Amadou Lamine récemment ambassadeur du Sénégal à Washington, DC ont tous les deux été des professeurs à l’université de Vermont.
Pour rappel la dernière visite de Wade à Vermont avant son élection en 2000 était organisée par l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise, Cheikh Tidiane Gadio.
La politique intérieure du Sénégal s’est également exportée dans ce déplacement du Président. Le patron des Libéraux sénégalais qui quitte Burlington pour se rendre Washington, la capitale fédérale, pour y recevoir un autre prix, disputera certainement la Une de l’actualité ce 22 septembre à son ancien bras droit Idrissa Seck.
En effet, ce dernier, a choisi la date et l’heure d’arrivée de son ancien patron, pour convier les Sénégalais de New York à un pique-nique à Central Park. Les responsables de l’ancien parti Rewmi ne cachent pas leur désir d’être vus comme étant différents des autres hommes politiques qui viennent aux Etats Unis pour y organiser des meetings classiques.
Ces mêmes responsables se délectent déjà rien qu’à la pensée de voler la vedette à Abdoulaye Wade. Idrissa Seck montre des signes d’une prochaine rupture fracassante avec le leader de son camp. L’entourage d’Idrissa Seck affirme sans ambages qu’il est conscient de commettre un crime de « lèse majesté » en venant en Amérique pour ravir la vedette à un patron qui se prend comme tel.
Dame Babou
Publié par Sud Quotidien le 21 septembre 2010
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