(L'Observateur Paalga 10/01/2011)
Alassane Dramane Ouattara, seul président reconnu par la communauté internationale ; La CEDEAO plus déterminée que jamais ; Gbagbo de plus en plus isolé.
Cinq semaines après le hold-up électoral du 3 décembre en terre d’Eburnie, de telles rengaines et que savons-nous d’autres encore, continuaient d’être ressassées, prophétisant à qui mieux mieux la chute imminente comme un fruit mûr sinon, pourri à souhait, de Koudou Laurent Gbagbo.
Et il y avait de quoi faire aveuglement foi à de telles incantations quand jeudi dernier encore, après avoir vainement manié la carotte d’un exil cinq étoiles chez l’Oncle Sam, l’administration américaine a sorti le bâton des sanctions pécuniaires en annonçant à son tour, le gel des avoirs du wanted de Cocody, de sa “sorcière” d’épouse et de trois des âmes damnées qui l’entourent.
A la vérité, les choses ne semblent pas aussi simples qu’on veut nous donner à croire. Car l’enfant de Mama n’est peut-être pas, ou du moins pas encore, ce fauve aux abois qui n’attend plus que sonne l’hallali pour rendre gorge.
Voyons à titre illustratif du côté de la CEDEAO, laquelle dès la commission du coup d’Etat constitutionnel, a semblé parler d’une seule et même voix déterminée : en avant toutes pour l’estocade militaire s’il le faut. La Gambie, sans attendre, avait déjà ouvert le bal des anti-interventionnistes en rejetant tout net l’idée d’une solution au fil de l’épée.
Mais s’agissant alors d’un petit poucet qui ne pèse que du peu de poids dont pèsent son économie et son armée sur la balance communautaire, un Etat qui pis est dirigé par un président fantasque, pour ne pas dire ubnesque, à la Yaya Jameh, bof !
Qu’un pelé et quelques tondus manquent à l’appel, qu’importe ! Mais quand viennent à leur emboîter le pas des mastodontes de la taille et du poids du Ghana d’Atta Mills, c’est tout autre chose.
Ce pays, on le sait, avait déjà émis quelques bémols quant à la faisabilité d’une équipée armée pour débusquer l’usurpation, en refusant que son territoire puisse abriter quelques forces prépositionnées que ce soit à cet effet.
Et voilà que vendredi dernier par la voix de son président, il est monté d’un cran dans le Ritcher de l’anti-interventionnisme en se déclarant disposé à travailler avec n’importe quel gouvernement, n’importe quel homme qui viendraient à l’emporter en Côte d’Ivoire.
Si cela ne s’appelle pas un joli pied-de-nez au chœur des jusqu’au-boutistes de la CEDEAO, il faudrait bien reviser du tout au tout nos cours de sciences politiques.
En tout cas, le cher Gbagbo, au su de l’acte de neutralité qui vient ainsi de poser son grand voisin de l’Est, son alter ego es productions d’or, de pétrole et surtout de cacao, Gbagbo disons-nous, a certainement bu son premier petit lait de la nouvelle année. Et cela avec d’autant plus de volupté qu’à côté de ceux qui parlent haut comme le Ghana, il s’en trouve bien d’autres qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins.
Autre pain bénit pour l’ancien et présomptueux challenger de feu Félix Houphouët-Boigny ; c’est la décision ou plutôt l’absence de décision du Conseil des ministres de l’UEMOA qui vient de se tenir dans la capitale malienne.
Cette messe ministérielle des grands argentiers de l’espace CFA de l’Afrique de l’Ouest, devait se conclure par une magistrale conférence de presse du gouverneur de la BCEAO, Louis Henri Dacoury-Tabley.
A grand renfort de communiqués, le ban et l’arrière-ban de la communauté médiatique y avaient été expressément conviés et pour cause : ce devait être la toute première fois que le gouverneur sortirait de son silence de Sphinx depuis que la crise post-électorale s’est mise en place chez le plus grand porteur de parts de l’Union monétaire.
Tous se sont donc préparés à y accourir, impatients de savoir de quelle bonne nouvelle le banquier des banquiers serait porteur. Ou plus exactement impatients de savoir s’il confirmerait en les explicitant, les oukazes du conclave tenu le 23 décembre à Bissau, ne reconnaissant désormais que la seule signature d’Alassane Dramane Ouattara ou de ses fondés de pouvoir, comme ayant autorité légale sur les comptes de la Côte d’Ivoire.
Et patatras, c’est le flop. La conférence de presse est reportée sine die ou plutôt à un sommet ad hoc des chefs d’Etat, prévu la semaine prochaine sur les bords du Djoliba. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
A-t-on estimé qu’à Bissau nos ministres étaient allés plus loin que n’autorisaient leurs pouvoirs même s’ils n’ont pu prendre une telle décision, seuls comme de grands garçons, sans en référer à leurs patrons ? Même si les représentants de Ouattara ont été admis à siéger es qualités au pupitre battant pavillon ivoirien, tout porte à croire qu’il y a eu loin de l’empressement et des fatwas de Bissau, à ce qui semble avoir été une partie de valse- hésitations à Bamako.
De ce point de vue encore, l’homme de Simone trouvera motif supplémentaire à savourer du petit lait, car tout indice de discorde chez les amis de ses ennemis jurés, aura toujours de quoi lui mettre du baume au cœur.
Reste à implorer tous nos grands dieux pour que fort du soutien en creux que vient de lui prodiguer Atta Mills, Gbagbo dans sa fuite en avant, ne si pique pas de faire la nique au franc CFA en se rapprochant de la zone ceddi, faute de battre sa propre monnaie. N’oublions jamais qu’un de ses bras droits, le président de l’Assemblée nationale Mamadou Coulibaly, monétariste de renom, n’a jamais fait mystère de son hostilité névrotique pour l’arrimage du CFA à l’euro.
P.E.K
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