(Cyberpresse 27/07/2010)
KAMPALA — L'Union africaine a décidé lundi à Kampala de renforcer ses troupes en Somalie et de donner plus de moyens d'action au gouvernement transitoire pour contrer les islamistes maîtres de la plus grande partie du pays, a annoncé le chef de la diplomatie éthiopienne.
Les chefs d'Etat de l'UA réunis tard lundi soir ont entériné en particulier l'envoi de 2.000 soldats en renfort des 6.000 chargés aujourd'hui de repousser les assauts des islamistes shebab à Mogadiscio, a indiqué à l'AFP le ministre éthiopien des Affaires étrangères Seyoum Mesfin.
"Ce sommet vient juste d'approuver les demandes faites par l'Initiative gouvernementale de développement (Igad, organisation regroupant six pays est-africains)" en vue d'un tel renforcement, a déclaré le ministre.
"Nous sommes désormais dans une situation dans laquelle tous les Africains ont compris l'urgence de la situation", s'est-il félicité.
L'Ouganda, dont la capitale Kampala a été frappée le 11 juillet par un double attentat revendiqué par les shebab (76 morts), devrait envoyer la plus grande partie des renforts, estiment les diplomates africains.
Mais au-delà de ces renforts, dont l'arrivée est "une question de petites semaines", l'UA veut rendre "plus robuste" sa force déployée depuis mars 2007 en Somalie, l'Amisom, avait indiqué un peu plus tôt à la presse Ramtane Lamamra, commissaire de l'UA pour la paix et la sécurité.
L'UA a demandé à ses partenaires internationaux la mise à disposition de cinq hélicoptères et M. Lamamra s'est dit "raisonnablement optimiste" à ce sujet.
L'Afrique du Sud, sollicitée pour envoyer des bâtiments empêcher la fourniture d'armes aux shebab via le port somalien de Kismayo (sud), "a dit qu'elle était prête à faire tout ce que lui demanderait l'Igad ou l'UA", a assuré Seyoum Mesfin.
L'UA a déjà modifié dans un sens plus offensif les règles d'engagement de ses troupes, autorisées jusqu'à présent à n'ouvrir le feu que pour se défendre ou pour protéger les institutions du très fragile gouvernement transitoire du président Cheikh Sharif Ahmed à Mogadiscio, selon M. Lamamra.
Les pays africains espèrent doter ainsi leur force en Somalie de la puissance nécessaire pour repousser de Mogadiscio, voire ensuite du reste de la Somalie, les shebab qui contrôlent aujourd'hui la plus grande partie du centre et du sud du pays.
L'expert Ernst Jan Hogendoorn, responsable de la Corne de l'Afrique pour le centre de prévention des conflits International Crisis Group, estime cependant que si les soldats de l'Amisom utilisent leurs nouveaux moyens de façon indiscriminée, "ils risquent de faire le jeu des shebab" en faisant de nombreuses victimes civiles, ce que la population de Mogadiscio leur reproche déjà avec virulence.
Pour gagner précisément le coeur de la population, les Etats-Unis et la Norvège ont indiqué lundi qu'ils allaient apporter une "aide financière directe" au gouvernement somalien pour qu'il soit "plus performant" dans son action civile au quotidien, selon M. Lamamra.
"Quel que soit le renforcement de la force militaire, celle-ci ne serait pas en mesure de résoudre dans son ensemble le problème somalien", et "la priorité doit être de renforcer les forces de sécurité, de police, les institutions civiles et financières du gouvernement transitoire", a confirmé M. Seyoum.
A ces décisions devrait s'ajouter un avertissement discret mais ferme à ce même gouvernement: qu'il apporte désormais rapidement la preuve de sa crédibilité à diriger le pays, précisait à l'AFP juste avant le sommet un diplomate proche du dossier.
De Boris BACHORZ
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