(Le Pays 14/01/2011)
Les autorités françaises et nigériennes ont livré des informations contradictoires sur l’opération menée contre les ravisseurs des deux Français enlevés le 7 janvier dernier dans un restaurant à Niamey. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a une cacophonie au sommet en matière de communication sur la gestion de cette affaire. Tandis que le ministre français de la Défense, Alain Jupé, qui s’est rendu récemment à Niamey, a dit que deux ravisseurs arrêtés ont été remis aux autorités nigériennes pour les besoins de l’enquête, le ministre nigérien de l’Intérieur, Cissé Ousmane, s’est fendu d’un démenti cinglant.
Pour lui, aucun preneur d’otages n’est auditionné par les services nigériens, contrairement à ce qu’a laissé entendre le ministre français. On sait également qu’il y a eu des versions contradictoires sur les causes de la mort des otages. Ont-ils été exécutés par leurs ravisseurs comme le laissent croire les autorités françaises ? Dans ce cas, d’où viennent les traces de brûlures constatées sur le corps par un médecin nigérien ? Seule l’autopsie des corps dont il est question en France, devra permettre, en principe, d’avoir des éléments de réponse plus clairs. Mais pourquoi donc toutes ces contradictions ? Cette cacophonie laisse perplexes les observateurs qui avaient salué, aux premières heures, un relatif succès contre les terroristes.
A présent, on se demande ce qui s’est réellement passé dans la traque de ces ravisseurs. L’armée française aurait-elle commis des bavures que les autorités s’emploient à maquiller ? Les ravisseurs ont-ils été vraiment abattus comme les autorités nigériennes l’avaient annoncé ? Sans doute que la situation risque fort de susciter de vives polémiques en France. Toujours est-il qu’on ne saurait parler de succès de cette opération. Ce qui avait été présenté comme une opération conjointe franco-nigérienne a tout d’un raté. Il semble y avoir eu plus de pertes en vies humaines du côté des forces de l’ordre, auxquelles il faut ajouter les otages, que du côté des ravisseurs. Soit, il y a eu un manque de coordination entre les soldats français et leurs collègues nigériens, soit cette coordination a manqué d’efficacité. Les informations discordantes et même contradictoires distillées par les deux partenaires, à l’heure du bilan, confortent cette dernière hypothèse. Les partenaires auraient dû être sur la même longueur d’ondes, ne serait-ce qu’à la phase de débriefing.
A moins que toutes ces sorties soient dictées par une peur bleue de représailles de la part d’AQMI. Bien des personnes pensent que chacun des deux pays craint peut-être d’endosser la responsabilité de détenir des ravisseurs appartenant à la nébuleuse terroriste. Du reste, une telle responsabilité serait donc une sorte de patate chaude qu’on se refilerait. En tout cas, ces contradictions témoignent, une fois de plus, d’un manque de coordination suffisante et sérieuse entre les différents partenaires dans la lutte anti-terroriste dans le Sahara. Nul doute que si cette situation devait perdurer, c’est AQMI qui s’en frotterait les mains.
Relwendé Auguste SAWADOGO
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