mardi 20 juillet 2010

Les Togolais paient le laxisme de leurs gouvernants

(Togosite 20/07/2010)
«Mais l'indolence, la négligence, et les délais dans les petits devoirs à remplir, m'ont plus fait de tort que de grands vices » (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions)
C’est depuis quelques années que la société RéDéMaRe – une sorte de Madoff tropical selon les experts - opère au Togo. Elle n’a jamais évolué dans la clandestinité et a exercé ses activités au vu au su de tout le monde. Les couleurs symbolisant la société sautent aux yeux partout où un bureau est ouvert. Tous les jours, c’était une foule immense qui venait faire les affaires.
Le bureau central de cette société se trouve sur l’Avenue des Hydrocarbures, l’unique voie moins dégradée à Lomé que pratique le chef de l’Etat lors de son habituel trajet Lomé II–Palais de la Marina. Mais jamais, Faure Gnassingbé n’avait constaté ces attroupements pour demander à savoir ce qui s’y faisait. Pendant la dernière élection présidentielle, un poster géant à l’effigie de Faure Gnassingbé, candidat du RPT, trônait sur l’immeuble. Ce qui avait naïvement fait dire à certains Togolais que ReDéMaRe était une initiative du « fils de la nation » en vue de venir au secours des populations démunies. A l’époque, les gouvernants ne s’étaient pas plaints parce que ça les arrangeait. Peut-être que ce réseau a permis de glaner quelques voix auprès de ses adhérents. On susurre même que quelques institutions bancaires auraient sonné l’alerte depuis bien longtemps. Mais rien n’y fit. Les autorités togolaises ont délibérément choisi de fermer les yeux sur les activités de ReDéMaRe au moment où ça faisait leur affaire.
Et c’est quand la case des voisins béninois a pris feu avec le scandale de la société ICC-Services et des autres structures de placement d’argent, que le gouvernement togolais a décidé de prendre le problème à bras-le-corps. Pour sauver la face, il ne lui restait que le langage du mensonge. « Les agences de ReDéMaRe sont mises sous scellés » à cause de son refus de « se conformer aux règles d’exercice de l’ensemble de ses activités », a annoncé un communiqué du ministre de la Justice. Le gouvernement estime que le réseau a été enregistré au ministère du Commerce sous l’objet social : « Distribution des produits de consommation et prestations de services », et que malheureusement il a migré vers les activités de microfinance. C’est dans cette dynamique de mensonge que les syndicalistes et autres économistes montent au créneau pour charger les adhérents dont la plupart sont des analphabètes. C’est comme cela au Togo ; les gouvernants ont toujours raison.
Mais le mal est là. Plus de 50 000 Togolais seraient partis placer de l’argent dans ce réseau en vue de bénéficier des taux d’intérêt astronomiques que n’offrent pas souvent les institutions financières traditionnelles. Ce fut une véritable course au trésor. Les intérêts sont calculés en fonction de l’argent déposé. Par exemple, un homme d’affaires qui a placé 4 millions de FCFA, gagnait mensuellement 720 000 FCFA, ce qui fait environ 8 640 000 FCFA en un an. Il avait donc engrangé en un an plus que le double du fonds qu’il avait placé. Des gains énormes qui ont emballé nombre de Togolais parmi lesquels des éléments de la grande muette, des députés à l’Assemblée nationale et certains agents de l’Etat. C’est ainsi qu’un cadre de banque qui venait à peine de placer 2 millions, est devenu inconsolable quand cette affaire a éclaté avec les nouvelles alarmantes qui arrivent du Bénin. Une députée à l’Assemblée nationale ne sait plus à quel saint se vouer. Tout comme cet enseignant qui a fait des prêts et qui a décidé de les fructifier à ReDéMaRe. Tous ces adhérents sont inquiets et ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés.
C’est la faute à Faure Gnassingbé, c’est la faute à Gilbert Houngbo, c’est la faute à tous les membres du gouvernement. Qu’ils assument leur laisser-aller dans la gestion des affaires de l’Etat.

Zeus AZIADOUVO
LIBERTE HEBDO TOGO
Écrit par La redaction
Mardi, 20 Juillet 2010 04:50
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