(Congo Libre 09/06/2011)
Le projet de la Balkanisation de la RDC est comme un éléphant dans une chambre que les occupants de la chambre refusent de voir et de s’en occuper. Chaque jour qui passe démontre que la RDC suit un programme d’actions que le peuple congolais ne connait pas mais qui est connu du gouvernement en place et la communauté dite internationale. Ce plan est selon plusieurs analystes, la balkanisation de la RDC en plusieurs petits pays avec diverses obédiences : le Katanga (pour la Belgique), le Kivu plus Province Orientale (pour les USA, Canada, Angleterre, Australie), et le Centre et l’Ouest du pays (pour l’Union Européenne).
Selon des sources généralement bien informées, cette partition de la RDC se heurte depuis l’assassinat de Mzee LDK à la résistance du peuple congolais uni par la souffrance et la fierté d’être congolais (ou zaïroise) insufflée dans la conscience congolaise pendant les 32 ans de règne du dictateur Mobutu alors enfant chéri de la troïka USA-France-Belgique et les 4 ans de règne du soldat du peuple Mzee LDK.
Selon les mêmes sources, le régime de Joseph Kabila a, qu’on l’accepte ou pas, contribué à cette résistance de la RDC au projet de balkanisation de la RDC. Qu’on se rappelle la partition du pays entre Est et Ouest pendant les élections de 2006. Le Mwana Mboka J.P. Bemba s’attendait semble-t-il à diriger l’ouest du pays sous obédience de l’Union Européenne. Le porteur des œufs Joseph Kabila dirigerait l’Est du pays avec comme capitale Goma et résidence secondaire à Musienene en Territoire de Lubero. Le coup d’envoi de cette partition du pays devait être lancé le jour de la proclamation des résultats du premier tour. Tout était fin prêt pour que Mwana Mboka conteste par les armes la victoire du porteur des œufs. Les soldats de l’Union Européenne qui étaient à Kinshasa auraient sécuriser le pouvoir du Mwana Mboka pendant que ceux de la Momuc exfiltraient le porteur des œufs vers l’Est du pays par Hélicoptère. Mais les conseillers du clan Joseph Kabila auraient fait échouer ce plan en coupant le signal de la radio de Mwana Mboka juste avant qu’il ne donne le coup d’envoi de la chasse aux kabilistes dans la capitale congolaise. Les tirs sur la résidence de Mwana Mboka pendant qu’il recevait les ambassadeurs occidentaux est un des faits pour lui signifier qu’il n’y avait plus de deal. Ces braves conseillers seraient tous morts peu après l’un après l’autre dans des circonstances peu claires après des missions des bons offices dans des pays qui soutenaient la partition de la RDC.
Après l’arrestation J.P. Bemba, le régime de Joseph Kabila avait continué la lutte contre les généraux renégats au processus d’intégration de l’armée nationale. Mais, infiltré par l’ennemi balkanisateur, l’armée congolaise ira dorénavant d’échec en échec sur le front de l’Est. On se rappelle le débâcle de Mushaki et de Rumangabo au Nord-Kivu en 2007 et en 2008.
Les bailleurs des fonds de la Troïka qui avaient promis de financer la jeune démocratie congolais ne déboursèrent aucun rond. Se trouvant coincé avec ses 5 chantiers sur papier, Joseph Kabila prit le courage qui lui sera fatal par la suite, de se tourner vers la Chine. Ce fut comme Emery Patrice Lumumba avec l’Union Soviétique. La réponse du balkanisateur fut le soutien militaire à Laurent Nkunda qui menaça de marcher sur Kinshasa au mois de septembre 2008.
C’est en cette date qu’on peut situer la dérive de Joseph Kabila qui, contrairement à Lumumba et à Mzee LDK a choisi le dialogue avec l’ennemi pour ramener la paix en RDC. L’histoire rappelle que les grandes démocraties du monde sont issues du dialogue mais des révolutions. Et qui dit révolution dit guerre, cadavres, famine, etc. One ne cueille pas des roses sans se faire piquer par des épines. La voie du dialogue entre les seules élites se révèle plus meurtrière que celle de la révolution qui aurait pris peu de temps que les 15 ans de situation confuse de non guerre, non paix.
La voix du dialogue au sommet avec l’ennemi a poussé Joseph Kabila a formé ce qu’on appelle gouvernement parallèle ou perpendiculaire selon l’expression de Nzanga Mobutu. Le rôle de ce gouvernement parallèle avec sa panoplie d’accords secrets est de satisfaire aux desiderata de l’ennemi balkanisateur tout en laissant au gouvernement officiel la tache moins honorifique de maintenir les apparences d’un gouvernement normal qui dit une chose et son contraire et qui n’accomplit rien.
Le parlement congolais comme les assemblées provinciales sont devenus petit à petit des chambres d’enregistrement des lois, des contrats léonins en faveur de l’ennemi balkanisateur. Notez que ces lois étaient votées à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes ( c’est le cas de la loi portant sur la révision constitutionnelle).
Aussi, le principe de la légitimité d’un pouvoir issu des urnes avait-il été mis au placard, mettant les élus du peuple sur une table de négociations avec des généraux indisciplinés de l’armée dont certains sont même recherchés par le TPI, cas de Bosco Taganda et Laurent Nkunda. Les rebelles recrutés au Rwanda, au Burundi, en Ouganda, et en RDC par ces renégats de l’armée étaient amnistiés de tous leurs crimes de guerre. Il y a eu des opérations de mixage et de brassage de ces rebelles non inventoriés pour qu’on en connaisse le nombre exact et qui depuis lors sont payés par le Trésor public. La pacification escomptée des ces opérations à sens unique n’est jamais arrivée. Au contraire, la souffrance de la population congolaise de l’Est du pays n’a fait que s’accroitre avec les tueries des populations, la mutilation des sexes des femmes, les incendies des maisons d’habitation, etc. La leçon apprise par les congolais est que le dialogue au sommet tue plus des civils que la guerre qui aurait tué plus des militaires. Mais comme les hommes au pouvoir sont des anciens militaires et rebelles, ils ont choisi le dialogue au sommet pour faire l’économie d’une guerre où ils pouvaient périr.
Beaucoup de faits incompréhensibles aux communs des mortels ont accompagné les actions négociées en secret par le gouvernement parallèle mais présentées au peuple congolais par le gouvernement officiel comme des signaux forts de la bonne marche du pays. C’est le cas du refus des rebelles mixés ou brassés avec l’armée congolaise d’être déployer ailleurs qu’au Kivu et en Province Orientale. Pire encore, les tueries des populations civiles n’ont fait que s’accentuer dans les zones sous contrôle des anciens rebelles sans que cela provoque de la part de Kinshasa un cri de colère ou une simple demande de révision. Au contraire, Kinshasa a même permis aux troupes rwandaises et ougandaises ayant parrainés ces rebelles de monter des opérations dites conjointes avec leurs anciens alliés dans l’occupation du Kivu et de la Province Orientale de se transformer en pacificateurs de la même région qu’elles convoitaient avant. Comme on pouvait s’y attendre, ces opérations avaient accouché d’une souris. Le peuple congolais n’a jamais vu de changement positif.
Il y a deux mois, Kinshasa a ordonné le recensement des policiers issus du mouvement des résistants congolais appelés Mai-Mai. A Butembo on n’aurait recensé que 125 sur 307 candidats. Les candidats ayant un diplôme de graduat et de Licence étaient tout simplement écartés comme non-éligibles pour la police nationale congolaise. A Beni, le recensement n’a jamais eu lieu. Mais en même temps, les policiers issus des rebellions des généraux indisciplinés auraient été tous recensés, dotés chacun d’au moins deux tenues complètes de la Police Nationale Congolaise, et seraient payés régulièrement. Une politique de deux poids deux mesures que les ex-mai mai congolais ne cessent de dénoncer.
Après le mixage, et le brassage, Kinshasa parle aujourd’hui d’un processus de restructuration de l’armée congolaise. Mais aux dernières nouvelles ce processus n’a eu lieu qu’à l’Est du pays. Pendant que les soi-disant rebelles Hutu Rwandais des FDLR attaquent les populations civiles dans plusieurs localités du Kivu, le commandement militaire prend la décision de retirer tous les militaires de ces localités pour qu’ils aillent participer au processus de restructuration en cours, laissant la population civile à la merci des hommes en armes mais aussi en uniformes. Malheureusement personne, même pas la Monusco, n’a condamné cette action qui rime avec une livraison en pâture des populations congolaises à leurs bourreaux, quitte à dire par après que les gardes étaient en vacances ou aux études. Dans un pays qui compte plus de 100 000 militaires on ne peut comprendre qu’une zone dite rouge soit laissée sans relève. Pourquoi les militaires déployés au Kivu sont-ils devenus inamovibles et irremplaçables ? Pourquoi n’y a-t-il plus de rotation des militaires d’Est en Ouest, et d’Ouest à l’Est ?
Les observateurs sur terrain voient derrière toutes ces mesures contradictoires une préparation en douceur d’une nouvelle phase de la balkanisation du pays, le non-dit de la politique congolaise. Pour habiller cette balkanisation de légalité, Kinshasa vote des lois. Le dindon de la farce reste le peuple congolais. Si l’on en croit le Potentiel, édition de ce mercredi 8 juin 2011, Kinshasa n’aurait plus l’intention de mixer ou de brasser des nouvelles troupes rebelles ou groupes armés dans son armée vu l’échec de l’expérience passée. Le journal le Potentiel ne dit pas quelle justification Kinshasa donne de cet échec du passé. La vérité est que le peuple congolais a toujours demandé à Kinshasa d’user de sa force légitime pour vaincre les renégats du régime, le déploiement des militaires et policiers issus des rebellions loin de la Province du Kivu et Orientale. Mais Kinshasa a toujours fait la sourde oreille à ces appels des forces vives de la nation.
Maintenant que l’armée mono-ethnique est solidement établie dans la partie orientale de la RDC, l’ennemi balkanisateur ne veut plus d’intégration des groupes armés, entendez par là, les résistants Mai-Mai congolais dans l’armée mono-ethnique. La clochardisation des policiers et des militaires congolais (privation des salaires, tenues militaires, etc. ) participe de cette stratégie favorisant le projet caché des ex-rebelles déployés à l’Est du pays. La suite pressentie est l’écrasement par l’armée monoethnique déployée à l’Est du pays de tous les résistants Mai-Mai congolais dont l’action et le grand nombre handicape l’arrivée des colonies de peuplement à l’Est du pays. Bientôt, on dira que tous les FDLR sont rentrés au Rwanda, la vérité étant qu’ils seraient tous devenus des militaires congolais par la magie du brassage, mixage, restructuration, etc. au sein de l’armée mono-ethnique (du moins par le commandement) déployée à l’Est du pays. Un seul ennemi reste, les Mai-Mai et le Peuple congolais.
Le retard dans l’organisation des élections est aussi consécutif à ce plan machiavélique de balkanisation de la RDC. Le balkanisateur a besoin de plus de temps pour réussir son coup fatal.
Les dirigeants au pouvoir, les politiciens toutes tendances confondues, les élus de 2006, ne se jettent pas avec engouement dans la bataille électorale parce qu’ils sont au parfum de ce qui se trame contre la RDC à l’insu du peuple congolais. Aux uns et aux autres, des postes juteux auraient été promis dans les differentes administrations des republiquettes à former. C’est la raison pour laquelle ils se taisent aujourd’hui. L’idée d’une nouvelle transition politique participe aussi de cette même stratégie de donner du temps au projet de balkanistion de se matérialiser dans l’espoir de mettre un jour le peuple congolais devant un fait accompli.
Le peuple congolais se laissera-t-il faire ? Rien n’est moins sûr. Jamais le peuple congolais n’a jamais été aussi mobilisé pour réclamer ses droits à quiconque les bafoue. Au regard de la rupture toujours grandissante entre la classe politique congolaise, les élus de 2006, certains chefs coutumiers et la population congolaise de la base, l’alliance du balkanisateur avec la poignée d’élites congolais risque d’accoucher de nouveau d’une souris. Tant mieux pour la RDC et tant pis pour le balkanisateur. Les dirigeants ayant perdu la confiance du souverain primaire, les actes qu’ils prennent au nom du peuple sont devenus nuls et sans effets. D’où l’idée d’une révolution populaire congolaise débattue sur plusieurs fora des congolais. Le peuple congolais a besoin de se donner des nouveaux leaders en qui il délègue de nouveau un pouvoir représentatif et non autocratique.
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