(RTBF 28/06/2011)
Le Sénégal est en ébullition. La semaine dernière, la rue a fait plier le président qui a été contraint de retirer un projet de réforme du système électoral. Mais le bras de fer avec l'opposition n'est pas terminé et de violentes manifestations ont également éclaté hier soir contre la multiplication des pannes de courant dans les grandes villes. Une histoire racontée par Robin Cornet.
Dakar a certes basculé quelques heures dans la violence, mais la journée du 23 juin restera dans les mémoires comme celle du réveil de la société civile sénégalaise. Dénonçant un risque de "monarchisation" du régime, différents mouvements d'opposition avaient appelé à manifester pour défendre la démocratie. La mobilisation de milliers de Sénégalais a fait échouer le vote d'une modification de la constitution. Elle aurait permit l'élection, au premier tour, d'un président associé à un vice-président, avec une majorité nécessaire de seulement 25% des voix. Un ticket présidentiel qui, selon l'opposition, aurait été une manière pour Abdoulaye Wade de transmettre le pouvoir à son fils. A 85 ans, le président Wade est candidat à un nouveau mandat. L'opposition pense qu'il aurait désigné son fils, Karim Wade, comme candidat à la vice-présidence et qu'il aurait fini par lui céder le pouvoir.
La rue s'est embrasée. Des bâtiments publics et des maisons de responsables du parti du président ont été saccagés, incendiés... Le parlement qui devait voter la réforme a été assailli par la foule. Finalement, le projet a été retiré.
Forts de cette victoire, une 60aine de partis d'opposition et d'associations représentant la société civile ont annoncé la mise sur pied d'une coordination, d'un « mouvement du 23 juin », qui continue de faire pression sur Abdoulaye Wade exigeant qu'il ne se représente en février prochain.
Les commentateurs soulignent que les partis d'opposition - et notamment les socialistes - n'ont pas du tout été à la pointe de cette contestation. "C'est bien le peuple qui a pris la rue et la société civile sénégalaise a montré qu'elle était l'une des plus puissantes et des plus influentes du continent", écrit le site Slate Afrique.
Un peuple qui est d'ailleurs redescendu dans la rue, hier, pour exprimer son exaspération face à la multiplication des pannes de courant… devenues de plus en plus régulières ces dernières années… Dans plusieurs quartiers de Dakar, les manifestations ont de nouveau tourné en émeutes. Des bâtiments de la société nationale d'électricité ont été incendiés… comme à Mbour, plus au sud sur la côte, où certains habitants n'avaient plus de courant depuis deux jours
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