(Communiqués 20/07/2010)
L'humiliation que le dictateur rwandais, le général major Paul Kagame, vient de subir à Madrid est un grand message d'espoir pour le peuple rwandais, pris en otage et victime de nombreux assassinats, de répressions atroces et autres violations des droits de l'homme.
Ayant été choisi, grâce à ses puissants lobbies et non pour ses capacités d’homme d’Etat, pour co-présider avec le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, les travaux du groupe de contact sur l'application des objectifs du millénaire (OMD), Paul Kagame entendait utiliser cette tribune onusienne pour blanchir son image ternie à l'intérieur comme à l'extérieur par ses nombreux crimes et pour faire annuler éventuellement les poursuites judiciaires en cours.
Il faut rappeler à ce sujet que le juge espagnol, Fernando Andreu Merelles, a émis depuis février 2008 des mandats d'arrêt pour 40 proches collaborateurs de Paul Kagame alors que ce dernier, dont la responsabilité est largement épinglée dans tous les rapports d'enquête, reste protégé par son immunité. On se souvient aussi que le dictateur rwandais avait accueilli ces mandats d'arrêts avec un grand mépris soulignant qu'au lieu de s'attaquer à ses subalternes les juges auraient mieux fait de s'attaquer directement à lui-même puisque les officiers visés par les mandats étaient sous ses ordres.
C'est donc pour ajouter l'injure à l'insulte que le dictateur sanguinaire, qui n'avait rien fait jusqu'ici pour apaiser les familles des neuf victimes espagnoles, a voulu se présenter à Madrid par la grande porte, à côté du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, avec les honneurs d'un héros de la lutte contre la pauvreté.
Le peuple rwandais a appris, avec un grand soulagement, que plusieurs ONG ainsi que de nombreux parlementaires espagnoles ont travaillé activement pour mettre en échec la manœuvre orchestrée par la diplomatie onusienne et que finalement le chef du gouvernement espagnol a refusé de s'asseoir sur la même table que le criminel rwandais tandis que la réunion qui devait se tenir à la Moncloa, siège du gouvernement, a été déplacée vers un hôtel.
C'est sans doute un camouflet pour Ban Ki-Moon qui a pris un grand risque en présentant ce grand criminel, responsable notamment de l'attentat du 6 avril 1994 qui a coûté la vie à deux chefs d'état et qui a déclenché un génocide ayant emporté plus d'un million de personnes, comme un dirigeant exemplaire susceptible de défendre les objectifs les plus nobles comme la lutte contre l'extrême pauvreté dans le monde. Pour les démocrates rwandais et pour les défenseurs des droits de l'homme, il s'agit surtout d'un signal fort indiquant qu'au bout de l'obscurité il y a la lumière, qu'au bout de l'impunité il y aura la justice.
Ce message d'espoir est d'autant plus réconfortant qu’en cette période préélectorale les Rwandais sont de plus en plus plongés dans la tourmente, avec une dégradation générale en matière des droits de l'homme. On peut rappeler, à titre d'exemples, que le 14 juillet dernier, André Kagwa Rwisereka, vice-président du Parti Démocratique Vert, après avoir reçu des menaces, a été retrouvé mort dans le sud du pays. Le 24 juin 2010, Jean-Léonard Rugambage, rédacteur en chef du journal Umuvugizi, a été abattu devant son domicile à Kigali. Le 19 juin 2010, le lieutenant général Kayumba Faustin Nyamwasa, ancien chef d'état major de l'armée rwandaise et ancien ambassadeur du Rwanda en Inde, a échappé à une tentative d'assassinat à Johannesbourg où il vit en exil depuis février dernier. Depuis plusieurs semaines, le président du parti PS Imberakuri, Bernard Ntaganda, est en prison pour avoir mis en doute l'indépendance de la commission électorale. La présidente du parti FDU, Madame Victoire Ingabire, est assignée à résidence surveillée et ne peut pas rendre visite à ses enfants qui vivent aux Pays Bas. D'autres citoyens innocents subissent une répression très violente chaque fois qu'ils veulent manifester leur opinion. La liberté d'expression est complètement inexistante. La directrice du journal Umurabyo, Agnès Uwimana, est en prison depuis une semaine tandis que les journaux les plus critiques, Umuseso et Umuvugizi, sont tout simplement interdits de publication.
C'est sous ce bilan très sombre en matière des libertés publiques et des droits de l'homme que Paul Kagame entend renouveler son mandat, le 9 août prochain. L'issue du scrutin est connu étant donné qu'aucun opposant n'a été autorisé à présenter sa candidature. Voilà donc pourquoi nous tenons à saluer le courage du peuple espagnol qui n'a pas cédé aux lobbies de Paul Kagame et à la diplomatie complaisante de l'ONU et qui a manifesté un grand geste de solidarité avec le peuple rwandais.
Vive l'amitié entre les peuples!
Bruxelles 19 juillet 2010
Communiqué de presse
Contact : Faustin Twagiramungu
Ancien Premier ministre du Rwanda
Ancien candidat à la présidentielle du 25 août 2003
Téléphone +32 473 210 512
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