(Xinhuanet 02/07/2010)
Le Burundi a fêté jeudi le 48e anniversaire de son indépendance sur fond d'inquiétude sur la situation tendue à cause des élections, alors que les citoyens souhaitent que les leaders fassent plus dans le développement du pays.
Salvator Niyongabo, un fonctionnaire de 50 ans, estime que l' indépendance avait permis aux Burundais de retrouver leur dignité, alors que Ndegeya Paul de Bujumbura rurale, rencontré au marché central de Bujumbura, s'dit content de pouvoir vendre ses oeufs "à l'aise.
"Mes grands-parents nous ont dit que les colonisateurs s'appropriaient des oeufs de leurs poules mais aujourd'hui nos enfants les mangent et voilà que l'on en vend même à l'aise", affirme-t-il.
Barumwete Siméon, un professeur d'université, estime pour sa part que les acquis de l'indépendance sont là, mais qu'il reste encore à faire.
"Les infrastructures ont été construites comme les écoles, les centres de santé, les pistes de communication, les routes (...), mais il a toujours manqué des mesures d'accompagnement. La preuve en éducation par exemple, ce sont ces nombreux Burundais qui sont encore analphabètes. L'autre preuve, c'est cette paupérisation que l'on observe. Il met le tort de tout cela aux dirigeants qui ont toujours été caractérisés par les intérêts égoistes", dit le professeur.
Face à des propos de ceux qui affirment préférer le retour du colonisateur, le grand sage Zénon Nicayenzi qui a exercé des hautes fonctions dans le premier gouvernement du Burundi indépendant rétorque : "Quelqu'un qui ose s'exprimer ainsi ne sait pas ce qu'était le pouvoir colonial. Imaginez-vous que même le roi et les princes étaient soumis au blanc, étaient considérés comme des serfs des blancs. Certes, certaines difficultés sont encore là, mais il ne faut pas songer au retour du colonisateur, surtout que ces difficultés ont été enseignées par ce même colonisateur".
Dans son discours à la nation à l'occasion de la célébration des 48 ans d'indépendance, le chef de l' Etat burundais Pierre Nkurunziza, qui vient d'obtenir un second mandat à l'issue de l'élection présidentielle tenue le 28 juin avec 91,62% des voix, a appelé les Burundais à sauvegarder cette indépendance par la cohésion sociale, l'unité, l'engouement au travail et la solidarité avec les autres peuples.
"Cela constitue le socle de la sauvegarde de cette indépendance ", a indiqué le Président Pierre Nkurunziza.
"L'indépendance ne signifie pas l'exclusion de l'étranger. Elle ne signifie pas non plus que nous devons vivre à ses dépens", a-t- il souligné.
Il s'est engagé à rompre avec "l'ancienne habitude de ne pas respecter la volonté du peuple" et à consulter le peuple "dans toutes les décisions qui le concernent".
Le Burundi, pays d'Afrique de l'est, a été le théâtre d'affrontements ethniques sanglants, notamment entre communautés hutue et tutsie et n'est sorti de la guerre civile de dix ans qu'en 2002, après la signature de l'accord de paix d'Arusha en 2000.
Le pays organise une série d'élections, dont l'élection présidentielle, boycottée par les candidats de l'opposition mécontents de l'organisation des élections communales du 24 mai. Celle-ci menace de s'abstenir lors des autres élections à venir comme celles du Parlement.
La tension politique s'accompagne de la détérioration de la situation de sécurité et plusieurs attaques à la grenade ont été rapportées dans divers endroits, dont Bujumbura. Agathon Rwasa, chef des Forces nationales de libération (FNL, ex-rébellion) qui était l'un des candidats à la présidentielle, a fui la "protection " de la police avant le scrutin du 28 juin et a rejeté les accusations selon lesquelles il était impliqué dans la déstabilisation de la sécurité et du processus électoral.
Au lendemain de l'élection présidentielle au Brundi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui avait visité le pays début juin, a appelé les Burundais à poursuivre leurs efforts pour régler les différends "par des moyens pacifiques et un dialogue inclusif".
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