«Je crois en vous», a déclaré le président américain aux étudiants de l'université de Soweto, le plus célèbre township d'Afrique du Sud.
(Johannesburg, envoyé spécial)
L'opération de séduction de Barack Obama en Afrique comptait une étape importante: son intervention face aux étudiants de l'université de Soweto, le plus célèbre township d'Afrique du Sud. Costume bleu et sourire impeccable, le président américain s'est attaché à convaincre des bonnes volontés de son pays vis-à-vis d'un continent que les États-Unis sont souvent accusés de ne pas prendre au sérieux. Mais avant de plaider, micro en main dans un exercice qu'il affectionne, Barack Obama a rendu un vibrant hommage à Nelson Mandela, toujours hospitalisé. «C'est un modèle pour moi et pour toute l'humanité.» «Il a démontré qu'en dépit d'une histoire tragique une nation peut aller de l'avant.» Aux jeunes gens triés sur le volet qui l'interrogeaient, dans la salle de l'université mais aussi depuis le Kenya, l'Ouganda et le Nigeria, il a insisté sur sa confiance. «Je crois en vous», a-t-il assuré, soulignant que comme Nelson Mandela, il est «fondamentalement optimiste».
Un coup de griffe aux Chinois
Les débats ont longuement tourné autour du commerce et des opportunités de développement au moment où l'Afrique du Sud compte beaucoup sur les investissements américains pour relancer une croissance qui fléchit. Barack Obama a donc fait quelques promesses comme celle de se battre pour prolonger un programme qui lève les barrières douanières sur certains produits d'exportation vers les États-Unis. Mais il a surtout insisté pour que l'économie africaine se transforme et intègre mieux le marché mondial. «L'Afrique ne doit plus être une simple réserve de matières premières exploitées par une main-d'œuvre pas chère et dont la valeur ajoutée est encaissée par d'autres loin d'ici», a-t-il martelé, en un coup de griffe à la Chine.Obama a néanmoins pris garde de ne pas s'en prendre à Pékin, devenu le premier partenaire économique du continent. «La Chine est la bienvenue, tout comme l'Inde ou la Turquie. Tout le monde doit aider au développement.» Une aide qui, à ses yeux, n'est pas de la charité. «Nous avons besoin de nouveaux consommateurs pour acheter nos iPad et nos Boeing», a-t-il à moitié plaisanté.
Lutter contre la corruption
Ses interventions ne furent pas dénuées de critiques envers un continent où la démocratie reste souvent fragile. Reprenant les thèmes développés lors de son discours au Ghana en 2009, il a affirmé que des institutions fortes, une lutte accrue contre la corruption et pour les libertés individuelles étaient indispensables à la croissance. «Il faut être réaliste. La corruption existe encore trop et c'est mauvais pour les investisseurs.»Mais Barack Obama a aussi dû défendre sa politique antiterroriste, à l'heure où les groupes radicaux se montrent de plus en plus actifs en Afrique. «Nous avons eu des victoires notamment contre al-Qaida et Ben Laden. Mais il y a des groupes en Afrique, comme Boko Haram, au Nigeria. Ils n'ont pas les mêmes capacités de nuisances internationales, mais ils tuent beaucoup de gens», a-t-il reconnu. Pour lutter, le président américain compte sur une amélioration des conditions de vie qui priveront les extrémistes de nouveaux militants, mais aussi, à plus court terme, sur la coopération entre États africains. «L'Union africaine a le projet de bâtir une force qui permettrait d'intervenir», a-t-il rappelé, promettant le soutien en équipement des États-Unis. Une réunion autour de ce dossier est prévue en décembre à Paris.
lefigaro.fr
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