(Le Pays 15/06/2011)
Le nord Niger, selon toute vraisemblance, demeure un no man’s land dans lequel n’importe qui peut s’aventurer et faire ce qu’il veut sans en être inquiété. Malgré ses patrouilles pour sécuriser la zone, l’armée nigérienne ne s’est pas encore rendue tout à fait maîtresse des dunes de sable et des oueds. Les vastes étendues sont toujours des coupe-gorges pour les touristes occidentaux qui peuvent se faire enlever directement ou indirectement par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Des personnes se promènent toujours avec des armes dans ce no man’s land si elles n’y ont pas simplement élu domicile. La preuve vient d’en être donnée une fois de plus avec cet accrochage, le 12 juin dernier, au nord d’Arlit, entre un détachement de l’armée nigérienne en patrouille et des personnes qualifiées jusque-là de « bandits ». Bilan officiel de cette rencontre impromptue : un mort de chaque côté, six soldats loyalistes blessés, un véhicule 4X4 bourré d’armes et d’explosifs, des tenues militaires et 90 000 dollars américains saisis. En revanche, aucun prisonnier n’a été fait dans l’un ou l’autre camp. Ce qui ne permet pas de lever le voile sur ces personnes détenant illégalement des armes et qui ont croisé fortuitement la route de la garde nationale nigérienne.
Du coup, de nombreuses questions entourent cet accrochage. L’une d’elles est de savoir qui sont ces personnes. Est-ce vraiment des bandits comme croit savoir Niamey ? Si ce sont des bandits, où ont-ils eu tout ce butin et où l’amènent-ils ? Une autre de la foultitude de questions suscitées est de savoir s’il ne s’agit pas de terroristes. Dans ce cas, d’où viennent-ils et où allaient-ils ? Que comptent-ils faire avec un tel armement dont la totalité n’a pas pu être récupérée par les forces loyales ?
De toutes ces questions, une réponse ne peut être apportée qu’à celle relative à la nature des personnes « accrochées ». Au regard de leur arsenal, il n’y a aucun doute qu’il s’agit de terroristes qui écument cette partie du Niger devenue sensible depuis l’enlèvement, en septembre 2010, de travailleurs de la société française Areva. Sur ce point, il n’y a pas beaucoup de place pour le doute. Par contre, ce dont on n’est pas sûr jusque-là, c’est le port d’attache de ces terroristes surpris par l’armée nigérienne et qui ont pu prendre la fuite sans trop de dégâts. En effet, deux jours après l’accrochage, on ne sait avec exactitude s’ils appartiennent ou non à AQMI.
Et cela bien qu’ils soient entrés sur le territoire nigérien en provenance de la Libye, selon certaines informations. Tout espoir de percer le mystère de cet accrochage repose sur une capture éventuelle de ces hommes en armes en fuite et après lesquels se sont lancés les militaires nigériens. C’est à partir de ce moment que le voile qui recouvre jusqu’à présent cet événement pourra être levé si ceux qui seront faits prisonniers acceptent, bien sûr, de témoigner.
On pourra donc en savoir davantage sur leur identité et leurs intentions. Pour le moment, on se perd en conjectures sur cet accrochage. Parmi les nombreuses questions, une chose est évidente : c’est le baptême du feu pour le nouveau président Mahamadou Issoufou qui n’a pas encore fait ses 100 premiers jours au pouvoir, lui qui a été élu le 12 mars dernier.
Séni DABO
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