(Le Griot 14/06/2010)
La crise politique malgache est loin de trouver une issue avec le rejet par le gouvernement d’Antananarivo des modifications décidées sur la feuille de route par les dirigeants de la Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe (SADC) qui plaident pour le retour au bercail des exilés politiques.
Réunis samedi et dimanche à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour discuter de l’impasse politique à Antananarivo, les dirigeants de la SADC ont invité le gouvernement malgache à autoriser le retour au pays de l’ancien président Marc Ravalomanana, ainsi que d’autres responsables politiques, dans le cadre d’une nouvelle feuille de route, en vue du retour à la normalité dans la Grande Ile.
La SADC a indiqué que le régime de Rajoélina devrait décider à temps de la levée des conditions du retour au bercail des exilés politiques pour leur probable participation à la prochaine élection présidentielle.
Le gouvernement d’Antananarivo a aussitôt rejeté cet appel, soutenant qu’il ne renoncera pas à son projet de poursuivre l’ancien président Ravalomanana pour les tueries de manifestants lors des mouvements de protestation qui avaient conduit à sa destitution en 2009.
Le gouvernement malgache réitère le maintien de sa décision de poursuivre l’ancien chef de l’Etat pour des présomptions de massacres. Cependant, Ravalomanana avait nié cette accusation d’avoir ordonné à la police de tirer systématiquement sur des manifestants.
La SADC a également décidé de rester fidèle à la feuille de route controversée qui devrait sortir le pays de la crise politique et le mener vers un processus électoral sous la supervision de médiateurs indépendants.
L’organisation de l’Afrique australe a invité tous les acteurs de la scène politique malgache à signer la feuille de route qui, selon un communiqué de la rencontre de Johannesburg, avait fait l’objet de modifications qui n’ont pas été précisées.
Depuis sa destitution en 2009, Marc Ravalomanana vit en exil en Afrique du Sud.
Selon la feuille de route, André Rajoélina pourrait conduire un gouvernement de transition jusqu’à l’organisation d’élections même si les trois principales mouvances politiques dirigées par les anciens présidents Didier Ratsiraka, Albert Zafy et Ravalomanana, ont rejeté cette proposition, sur la base de doutes à propos de la sincérité du régime de Rajoélina à mettre en place un calendrier électoral favorable au retour de l’ordre démocratique dans le pays.
Entre temps, le gouvernement d’Antananarivo a rendu public un communiqué dans lequel il persiste qu’il ne signera pas la feuille de route modifiée.
En effet, cette position semble faire perdurer la crise politique et réduire la crédibilité des élections prévues l’année prochaine.
Peu après l’annonce de la nouvelle feuille de la route de la SADC, le ministre malgache de la Communication, Harry Rahajason, a exprimé la volonté de son gouvernement à rester fidèle à la première feuille de route proposée par la SADC.
« Les médiateurs régionaux n’ont rien à imposer à Madagascar (…) nous avons déjà notre Constitution. Nous avions accepté de participer à la rencontre de la SADC dans cet esprit (…) mais le gouvernement va s’en tenir au premier accord proposé par la SADC qui devait maintenir Rajoélina à la tête du gouvernement de transition et Ravalomanana en Afrique du Sud jusqu’après les élections ».
La crise politique malgache avait conduit la SADC et l’Union Africaine à suspendre la participation de la Grande Ile à ses instances.
Les bailleurs de fonds, notamment l’Union Européenne, avaient également suspendu leurs aides à Madagascar.
L’isolement international avait négativement affecté l’économie malgache estimée à 9 milliards de dollars, de sorte que le nombre de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté (1 dollar par jour) était passé de 68% en 2008 à 76% en 2010.
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