vendredi 10 juin 2011

Côte d'Ivoire -Crimes de guerre : les forces de Gbagbo et Ouattara dans le même sac

(Afrik.com 10/06/2011)

Les enquêtes se suivent et se ressemblent. Après les rapports d’Amnesty International France (AIF) et de Human Right Watch (HRW), c’est l’ONU qui publie ce vendredi les résultats d’une enquête sur les violences commises en Côte d’Ivoire. Les Nations Unies y condamnent les exactions perpétrées tant par le camp du président déchu, Laurent Gbagbo, que par son rival et actuel chef d’Etat, Alassane Ouattara. Des actes qui « pourraient constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », selon l’institution internationale.
L’ONU a mêlé sa voix aux critiques adressées au camp du président ivoirien Alassane Ouattara. L’organisation a publié ce vendredi le rapport d’une enquête sur les violences post-électorales commises en Côte d’Ivoire dont certaines « pourraient constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ». Ces accusations concernent tant le camp du président déchu Laurent Gbagbo que de son rival et actuel chef d’État Alassane Ouattara. La commission d’enquête, qui a œuvré du 4 au 28 mai, condamne les deux parties en deux temps. Premièrement, les violations commises par « les Forces de Défense et de sécurité (FDS,pro-Gbagbo) et leurs alliés (milices et mercenaires). Puis, lors de leur contre-offensive et depuis leur contrôle du pays, celles des FRCI (Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, pro-Ouattara, ndlr) », indique le rapport de 25 pages. Il sera discuté au Conseil de sécurité le 15 juin.
L’ONUCI « préoccupée »
L’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) s’est dite jeudi « particulièrement préoccupée » par « la multiplication » récente des actes de violences commis par les FRCI « contre plusieurs villages » dans le sud du pays. Guillaume Ngefa, de la division des droits de l’homme de l’Onuci a décrit comment des éléments des FRCI à Becouesin (nord d’Abidjan) « ont investi le village et ont fait usage de la force mortelle. Ils ont ensuite arrêté une vingtaine de jeunes (...). En cours de route, ils ont battu une autre personne, qui est morte des suites de ses blessures ». Le responsable onusien a fait état de violences de masse. A Domolo,(sud-est d’Abidjan), une incursion de FRCI « s’est soldée par une trentaine de blessés à coups de machette et de crosse », « des pillages à grande échelle » et un exode massif de la population dans la brousse, relate Guillaume Ngefa. L’ONUCI a déploré l’usage « d’armes lourdes » pour le maintien de l’ordre et exigé des « enquêtes immédiates et impartiales » pour mener à bien la lutte contre l’impunité.
Les critiques d’Amnesty International et de Human Right watch
Pour Amnesty International France (AIF), il est clair que les exactions commises par le camp Ouattara durant et après le conflit politique, tout comme les actes de violences perpétrées par les FDS constituent des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Dans son rapport 2011 sur la Côte d’Ivoire intitulé Ils ont regardé sa carte d’identité et l’ont abattu, c’est une « chasse à l’homme » avec l’aide de « chiens » qui est décrite, motivée par des considérations ethniques. L’organisation a enquêté sur les massacres perpétrés le 29 mars à Duékoué (ouest du pays). Selon la Croix rouge, les FRCI, qui ont investi ce jour-là le quartier Carrefour peuplé par l’ethnie guéré, favorable au président sortant, auraient assassiné jusqu’à 817 personnes sans défense. Un chiffre qui pourrait être plus élevé, selon Amnesty international. L’ONU avait, elle, évoqué un bilan d’environ 330morts.
Human Right Watch (HRW) a évalué à près de 149 personnes dont 54 exécutions extrajudiciaires, le nombre de partisans réels ou supposés de Laurent Gbagbo tués parles forces fidèles à Alassane Ouattara depuis leur prise de contrôle d’Abidjan à la mi-avril. Les miliciens pro-Gbagbo ont tué quelques 220 personnes dans les jours ayant immédiatement précédé et suivi l’arrestation de l’ancien président, le 11 avril. L’ONG a rendu public un rapport d’enquête daté du 2 juin sur les violences perpétrées par les deux parties lors de la bataille d’Abidjan et dans les semaines suivant l’arrestation de Gbagbo.
Les combats en Côte d’Ivoire ont fait au moins 3000 morts et plus d’un million de déplacés.

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