mardi 20 juillet 2010

Mobilisation en Afrique centrale pour la protection des droits de l'homme dans les processus électoraux (Papier général)

(Xinhuanet 20/07/2010)
YAOUNDE-- A la suite de trois séminaires régionaux de sensibilisation des membres des commissions et administrations électorales dont celui tenu à Yaoundé du 6 au 8 juillet, une rencontre parlementaire est annoncée en septembre dans la capitale gabonaise sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans les processus électoraux.
Organisées à l'initiative du Centre des Nations Unies pour les droits de l'homme et la démocratie en Afrique centrale basé dans la capitale camerounaise, ces opérations visent à la mise en place dans les pays d'Afrique centrale auxquels s'ajoutent deux de la région des Grands Lacs de systèmes électoraux crédibles.
Les expériences observées ça et là ont montré que l'organisation des élections sur le continent est souvent entachée d'irrégularités. Par conséquent, " l'acceptation du verdict des urnes et des résultats par tous les partis politiques et tous les candidats représente un véritable défi en Afrique ", souligne le vice-président d'Elections Cameroon (ELECAM), Me Justin Ebanga Ewodo, avocat et ancien bâtonnier de l'ordre national du Cameroun.
"Nous avons observé les élections au Kenya. Tout avait été bien préparé, mais vers la fin le tout a dégénéré en des massacres à caractère tribal", a évoqué à Xinhua lors du séminaire de Yaoundé Silas Sinyigaya, chargé du programme démocratie et bonne gouvernance à la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, à Bujumbura au Burundi.
"Nous avons observé les élections au Congo-Brazzaville. Nous avons aussi vu quelques forces et faiblesses. Il y a des choses qui ont marché et d'autres choses qu'il faudrait revoir. Nous avons aussi observé les élections au Soudan. Même au Burundi, nous sommes en train d'observer les élections", a-t-il par ailleurs précisé.
Pour le président d'ELECAM, Samuel Fonkam Azu'u, "les élections, bien que se tenant dans un pays, concernent tous les autres, puisque s'il y a des problèmes, ça affecte les autres. Donc, le fait que nous puissions nous rencontrer dans la sous-région de la CEEAC, ça fait la troisième fois en moins de 7 mois (Libreville, Kinshasa et maintenant Yaoundé), nous permet de pouvoir échanger nos expériences respectives".
"En matière électorale, la Commission électorale nationale autonome et permanente [CENAP] du Gabon a été mise en place en 2006 et au cours de cette année, nous avons organisé les élections législatives. Elle a déjà organisé tous types d'élection : élections législatives, élection des présidents des communautés locales, élection des sénateurs et élection présidentielle ", a pour sa part déclaré à Xinhua le Gabonais Pierre Claver Nang Eyi.
"Au cours des différents séminaires, tous les représentants ont pu noter qu'il y avait encore des insuffisances, notamment dans la formation des scrutateurs. Il faudrait trouver une autre approche pour que les personnels électoraux soient formés, que les partis politiques s'associent à ce processus et que les institutions qui s'occupent des élections s'occupent également de la formation, parce que c'est ce qui fausse parfois les résultats des élections " a poursuivi M. Nang Eyi, membre de la CENAP.
Dans le même ordre d'idées, Silas Sinyigaya a évoqué le constat selon lequel "si un pays avance sans que ses voisins avancent, ses efforts vont être annihilés par la force centrifuge qui réside dans les pays voisins qui n'ont pas fait de progrès au même rythme".
Aussi a-t-il suggéré la création d'un réseau des commissions électorales comme "cadre d'échange d'expériences, d'appui et de concertation qui fera que les progrès se réalisent de manière uniforme et simultanée".
Dans la région des Grands Lacs, un observatoire régional des élections est en train de se mettre en place à Lusaka en Zambie. Un exemple à suivre par la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), selon la directrice du Centre des Nations Unies pour les droits de l'homme et la démocratie en Afrique centrale, Maarit Kohonen Sheriff.
Le séminaire de Yaoundé fait suite à ceux organisés auparavant à Libreville au Gabon et à Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC). De l'avis de Mme Kohonen Sheriff, le principal objectif repose sur la préparation de la mise en place de systèmes d'organisation d'élections justes, régulières, libres, honnêtes et transparentes dans les pays d'Afrique centrale et de la région des Grands Lacs.
La responsable onusienne se dit surtout préoccupée par la prise en compte des droits des personnes marginalisées lors des élections, à savoir notamment les personnes handicapées, les personnes malades ou celles parlant une langue minoritaire pour l'accès à l'information. Elle a aussi insisté sur le rôle important à jouer par les femmes dans ce processus.
"Souvent, dit-elle, les femmes font partie de la population qui n'a pas accès à l'information. Par exemple, [elles] ne sont pas autant demandées pour se présenter comme candidates ", Mais, "dans quelques processus en Afrique centrale, on a utilisé le dialogue des femmes pour s'assurer que le processus électoral se passe dans une situation calme".
Au Cameroun, informe M. Kohonen Sheriff, ELECAM travaille étroitement avec la représentation du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) à Yaoundé afin d'assurer l'intégration de la notion genre dans le processus des élections.
Organisme indépendant de gestion, d'organisation et de supervision des élections au Cameroun, ELECAM a été créé par une loi votée par les députés de l'Assemblée nationale (Parlement) le 29 décembre 2006, soit deux ans avant sa mise en place le 30 décembre 2008 suite à la nomination des 10 membres du Conseil électoral, suivie le lendemain de celle de l'équipe dirigeante conduite par Mohaman Sani Tanimou.
Sauf tenue avant cette échéance des élections pour le Sénat dont la mise en place est attendue depuis la consécration de cette institution par la Constitution du 18 janvier 1996, cet organisme subira son galop d'essai lors de la prochaine élection présidentielle prévue en octobre 2011.
Le directeur général a recommandé aux responsables des démembrements territoriaux (régionaux, départementaux et communaux) nouvellement installés " l'organisation des élections qui ne donnent pas lieu à des contestations".

Par Raphaël MVOGO
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