(Monde Actu 06/07/2010)
En attendant la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle en Guinée par la Cour suprême, on peut, d’ores et déjà, s’attendre au duel entre le candidat de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, et celui du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), l’opposant historique Alpha Condé (D).
Tous les deux sont, en effet, rentrés en tête du premier tour avec 39,72 % des voix pour Diallo et 20,67 % pour Condé. Pour l’heure, c’est sur la date de tenue du second tour que le doute plane.
Et l’on n’a pas fini de protester ni de râler au pays de Sékou Touré, car après la date du 27 juin pour le 1er tour, considérée comme démentielle, c’est celle de la seconde phase, le 18 juillet, prévue par le programme des élections, qui pose problème.
Pour l’instant, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Sékou Ben Sylla, n’a pas encore confirmé si le 18 juillet serait maintenu ou pas. On imagine bien que ce sera serré, car il faudra compter avec les recours juridiques, la proclamation des résultats définitifs avant la tenue du second tour. Sans oublier qu’il va falloir tirer au clair les soupçons de fraudes, car l’on se rappelle que 24 heures seulement après le passage aux urnes, d’aucuns s’égosillaient déjà sur les « irrégularités ».
« Qui sont donc ces fraudeurs ? », nous interrogions-nous dans notre Grille de lecture du vendredi 1er juillet dernier sur la présidentielle guinéenne, dont 21 candidats sur les 24 sont montés au créneau pour dénoncer des fraudes.
Et dans ce concert de hurlements au voleur, la voix la plus distincte était vraisemblablement celle de Cellou Dalein Diallo, dont le parti a été l’un des tout premiers à relever des « irrégularités » dans le scrutin, notamment dans deux des cinq communes de la capitale, Conakry. L’UFDG a, en effet, crié au bourrage d’urnes en signalant la disparition de certaines, et critiqué la lenteur « suspecte » de quelques opérations de dépouillement.
Comme par extraordinaire, c’est l’ex-Ppremier ministre qui est arrivé 1er à cette première partie de l’élection. Il y a de donc de quoi se demander à qui ont profité les fraudes finalement.
Et, chose curieuse, l’on remarque que depuis que les suffrages l’ont placé en tête, on n’entend plus le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée crier au voleur.
Comme quoi, il faut toujours se méfier de ces hommes politiques qui, au demeurant, sont tous de potentiels fraudeurs et présentent un visage mi-ange, mi-démon (politiquement parlant, cela s’entend). A tel point qu’on ne saurait distinguer les saints des… délinquants ou, en d’autres termes, distinguer le bon grain de l’ivraie.
Bien souvent, de simples irrégularités ou des problèmes organisationnels sont qualifiés de fraudes électorales et brandis à souhait par les mauvais perdants avec comme règle : qui gagne se tait.
Hyacinthe Sanou, l’Observateur
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