(La Nouvelle Expression 20/07/2010)
Faces aux difficultés actuelles des finances publiques, le gouvernement travaille à une révision du budget 2010 qui pourrait être suivie d‘un audit général des finances publiques tels qu’exigé par le Fmi pour rouvrir les discutions sur un éventuel programme économique.
Le cambriolage subi le week-end dernier par le cabinet du ministre des Finances tombe bien mal. Si le bilan en pertes financières importantes se confirmait, il viendrait aggraver une situation de trésorerie de l’Etat déjà fragile. Une situation si fragile que, depuis quelques semaines, les responsables gouvernementaux travaillent, sous la houlette du Premier ministre, à réviser le budget de l’Etat pour le rendre plus proche des réalités. Car, il apparait de plus en plus clairement que non seulement le gouvernement aura de la peine à pas disposer des 2570 milliards prévus dans la loi de finances, qui plus est, l’Etat de semble pas avoir pris toute la mesure de ses engagements financiers au cours de l’exercice. En conséquence de quoi, le Fmi estime que, même dans l’hypothèse improbable où le Cameroun parvenait à mobiliser tous les financements attendus, ils ne suffiraient guère à couvrir toutes les attentes.
Ce principe de la révision du budget est très attendu par les responsables du Fonds monétaire international qui y verraient un signe de la rigueur de gestion nécessaire par ces temps où la crise économique mondiale continue d’affecter les finances publiques. «La crise financière internationale a continué d’affecter l’économie camerounaise à travers une faible demande des principaux produits d’exportations du pays, une baisse des prix moyens internationaux des produits pétroliers en 2009 par rapport à 2008, et des retards dans les investissements directs étrangers.
En conséquence, l’activité économique, les comptes budgétaires, et le compte courant extérieur ont été très affectés ». Même si les responsables du Fmi soutiennent que ces incidences de la crise auraient pu être plus graves, le cas du Cameroun n’en reste pas moins préoccupant, car ces difficultés liés aux facteurs exogènes se superposent aux problèmes managériaux dénoncés par le Fonds monétaire, et personnellement relayés par Dominique Strauss-Kahn à Philemon Yang.
Si le patron du Fmi a été contraint de montrer un tel dépit, c’est bien pour interpeller le Premier ministre camerounais sur l’espèce d’inertie constatée au gouvernement sur ces dossiers, qui peut plonger le Cameroun dans une situation économique bien plus grave, susceptible de compromettre tous les programmes de stimulation de la croissance contenus dans le document de stratégie pour la croissance et l’emploi.
En avril dernier, le plus officiellement du monde, le Fmi avait signifié au gouvernement que “S’agissant du budget 2010, sa faisabilité dépend très fortement de la mobilisation d’un niveau élevé de financements intérieurs, y compris par le recours à un emprunt obligataire et le tirage sur les dépôts de l’État auprès de la banque centrale. Le budget 2010 pourrait subir la pression des « restes à payer » accumulés sur les ordonnancements des exercices antérieurs. La mission invite les autorités à rester vigilantes dans l’exécution du budget 2010 et à se tenir prêtes pour ajuster sa mise en œuvre en vue d’en assurer la cohérence avec les plans de financement ».
C’est dans cette même logique que le Fonds de mandait la recommandant vivement aux autorités « d’accélérer l’achèvement des réformes en cours » dans la gestion des dépenses publiques et de la trésorerie, soulignant qu’une « mise en œuvre vigoureuse des réformes programmées dans les domaines des impôts, des douanes, et des entreprises publiques, ainsi que l’apurement des arriérés intérieurs seront cruciaux pour la normalisation des relations avec le secteur privé et le renforcement de la crédibilité de l’Etat, en préparation de l’émission programmée de l’emprunt obligataire sur les marchés financiers intérieur et régional ».
Ces tissus d’euphémismes visait attirer l’attention du gouvernement sur l’accumulation des factures impayées, et le report des paiements des certaines factures sur plusieurs années. Le fonds estime en effet qu’il est important de payer régulièrement les factures des prestataires de services ou des fournisseurs de biens à l’Etat, pour éviter de plomber l’activité économique.
Dans un tel contexte, le projet d’accord avec le Fonds monétaire été repoussé aux calendes grecques. Mieux, à Washington, le hauts responsables du Fmi exigent désormais un audit général des finances publiques avant l’ouverture de nouvelles discussions sur un éventuel programme économique triennal. Autant dire que le programme 2010 2012, ne vara pas le jour comme l’espérait le gouvernement, pour continuer à effectuer de nouveaux tirage sur les ressources mises à la disposition des pays pauvres par le Fmi.
par François Bambou
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