mardi 21 mai 2013

Première grande tournée d’Obama en Afrique fin juin et début juillet

Par AFP
Libération
Le président américain Barack Obama va effectuer du 26 juin au 3 juillet sa première grande tournée africaine depuis son arrivée au pouvoir, en se rendant au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie mais en évitant la terre natale de son père, le Kenya.
«Le président insistera sur l’importance que les Etats-Unis accordent à nos liens en plein développement avec les pays d’Afrique subsaharienne», lors de ce voyage où il sera accompagné par son épouse Michelle, a indiqué la présidence américaine lundi dans un communiqué.
La Maison Blanche a évoqué la nécessité d'«étendre la croissance économique, l’investissement et le commerce, de renforcer les institutions démocratiques, et d’investir dans une nouvelle génération de dirigeants africains».
Sans donner de programme précis dans l’immédiat, la présidence a affirmé que M. Obama rencontrerait lors de son voyage «de nombreux dirigeants gouvernementaux, d’entreprises et de la société civile, dont des jeunes, pour discuter de nos partenariats».
M. Obama, né aux Etats-Unis d’une mère américaine et d’un père kényan, ne s’est jusqu’ici rendu, en tant que président, que dans un seul pays d’Afrique noire, le Ghana, pour une courte visite en juillet 2009.
Mme Obama, quant à elle, avait effectué une tournée en Afrique australe en juin 2011, lors de laquelle elle avait rencontré l’ancien président et héros nonagénaire de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela, en Afrique du Sud.
Si M. Obama s’était rendu en 2006 au Kenya, terre natale de son père et où vivent encore des membres de sa famille étendue, après son élection au Sénat de Washington, l’absence de ce pays de la tournée annoncée lundi est aussi notable que peu surprenante.
Le nouveau président du pays Uhuru Kenyatta est en effet poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI), tout comme son vice-président William Ruto, pour leur responsabilité présumée dans les terribles violences qui avaient suivi la précédente présidentielle, fin 2007.
Appui aux démocraties
Fin mars, M. Obama avait reçu son nouvel homologue sénégalais Macky Sall et trois autres dirigeants africains élus, en saluant dans leurs pays des «démocraties solides et émergentes». Tout au long de sa présidence, il a promis que les Etats-Unis resteraient des «partenaires inconditionnels» des pays africains démocratiques.
En juin 2012, M. Obama avait en outre dévoilé sa stratégie en faveur du développement de l’Afrique, avec l’objectif de renforcer la sécurité et la démocratie dans un continent qui fait face à la menace d’Al-Qaïda et à une offensive économique chinoise.
Ce plan vise à encourager le potentiel économique «sensationnel» du continent en matière de croissance afin de tirer des millions d’Africains de la pauvreté en insistant sur quatre points: renforcer les institutions démocratiques, stimuler la croissance et les investissements, donner la priorité à la paix et la sécurité et promouvoir le développement.
L’administration a souligné les progrès qui ont été enregistrés en Afrique sous le mandat de M. Obama, par exemple en accompagnant la naissance du Soudan du Sud, ou en envoyant des forces spéciales pour aider les troupes africaines à mettre la main sur le rebelle ougandais Joseph Kony.
Dans son discours devant le parlement du Ghana en juillet 2009, Barack Obama avait proclamé que si le continent a besoin de dons et d’un soutien international, «l’avenir de l’Afrique appartient aux Africains».
 
© Libération

Judo: en Afrique, «la terre de ses ancêtres», Riner impressionne

Par AFP
Libération
«Et bien, il n’est pas petit», lance une Gabonaise en découvrant l’impressionnant Teddy Riner, la super star du judo mondial, en visite trois jours au Gabon pour son premier séjour en Afrique noire, «la terre de ses ancêtres».
Le géant de 2,03 m a été accueilli comme une vedette au Gabon, petit pays africain de 1,5 million d’habitants très francophile et féru d’arts martiaux. C’est d’ailleurs dans ce domaine, en taekwondo, que le Gabon vient d’obtenir la seule médaille olympique de son histoire, à Londres, avec l’argent d’Anthony Obame.
Riner, qui a notamment participé à la Nuit des arts martiaux samedi, en prenant part à une démonstration avec des jeunes et moins jeunes, a aussi encadré des entraînements dimanche et lundi, tout en visitant Libreville.
«C’est la première fois que je viens en Afrique noire. J’avais déjà +fait+ le Maghreb, mais ça n’a rien à voir. C’est un honneur, une fierté», a-t-il déclaré.
«C’est un honneur de fouler la terre de ses ancêtres», a expliqué le colosse guadeloupéen.
«C’est une grande première pour moi d’être ici, mais je n’oublie pas ce qui s’est passé avant, ce qu’a dû faire un mec comme Nelson Mandela, ceux qui se sont battus pour que des Noirs et des Blancs puissent combattre sur un même tapis ou même que des Blancs et des Noirs puissent évoluer ensemble», a ajouté le champion olympique, quintuple champion du monde.
Une main de fer
«Ca fait partie de l’histoire, on avance, on fait avec, mais on n’oublie pas», a-t-il précisé.
«C’est un grand jour pour le judo gabonais», a résumé avec fierté Mélanie Engouang, vedette locale du judo et ancienne championne d’Afrique militaire (1995), qui a participé à des jeux Olympiques.
«Je suis impressionné par sa taille», a déclaré Jordi, 10 ans, après avoir été en contact avec le sportif. Pradel, 5 ans, a pu faire une photo, alors que Mike, lui, se félicitait de l’autographe obtenu.
«Il a une main de fer», a souligné Marcel, 30 ans, membre du Judo club gabonais. «Il m’a appris comment saisir son adversaire et les astuces pour le terrasser», a expliqué Jean-Jacques, 27 ans.
Riner a lui souligné que l’Afrique avait le potentiel pour briller au niveau mondial. «Il y a un bon niveau. Ils ont une force (importante). C’est toujours dur sur un tatami contre eux. Il n’y a plus de petits pays. Tout le monde peut prétendre à une médaille lors de championnats du monde ou de jeux Olympiques».
«Dans certains pays, il y a un écart technique. C’est cet écart que certains pays d’Afrique doivent rattraper. Le judo peut s’implanter. Ils ont l’esprit de combattant», a commenté Riner.
«C’est sur la technique, la tactique dans le combat, que je peux apporter. Si je suis là, c’est pour des échanges. Si des Gabonais veulent venir en France, je serai là pour les accueillir», a-t-il ajouté, soulignant: «Surtout avec la +pieuvre+ (le réseau, ndlr) que nous avons avec les entraîneurs, les clubs...»
«Ca été une joie d’être là. Je suis heureux de partager mon expérience avec les jeunes africains», a-t-il ajouté, balayant les clichés sur la nourriture et les risques de maladie en Afrique: «Si on reste sur ces choses... On entend beaucoup de choses, mais je suis comme Saint Thomas, je veux voir. Je voyage beaucoup pour la compétition, je suis habitué à ces voyages vers l’inconnu.»
«J’ai pris du plaisir avec les jeunes. Ce que j’ai fait n’est rien», a-t-il déclaré humblement, espérant toutefois: «J’espère que ça leur servira à l’avenir.»
 
© Libération

L'armée de Joseph Kony a fait 100.000 morts

CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ - L'armée de résistance du Seigneur, menée par Joseph Kony, a tué plus de 100 000 personnes en Afrique centrale ces 25 dernières années, selon un rapport de l'ONU. Le criminel sanguinaire est recherché par la Cour pénale internationale et Washington.
On connaissait Joseph Kony comme un criminel sanguinaire, les chiffres confirment qu'il est un tueur de masse. Depuis 25 ans qu'il écume l'Afrique centrale avec ses hommes, le seigneur de guerre ougandais a tué plus de 100 000 personnes, a déclaré lundi le secrétaire de l'ONU Ban Ki-moon. Son armée de résistance du Seigneur (LRA) a également enlevé 60 000 à 100 000 enfants et a causé le déplacement de 2,5 millions de personnes. Ce lourd bilan est le résultat d'une étude sur les crimes de la LRA depuis 1987, menée par le bureau du Haut commissaire aux droits de l'homme, qui sera prochainement publiée.
Les exactions se sont d'abord déroulées dans le nord de l'Ouganda à la fin des années 80, en rébellion contre le président Museveni. Depuis 2005, elles se sont déplacées vers le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), en Centrafrique et au Soudan du Sud. Parmi leurs faits d'arme, les hommes de Joseph Kony pratiquent les pillages, viols, mutilations, meurtres et enrôlements forcés d'enfants, ensuite utilisés comme soldats ou esclaves sexuels.
La tête de Joseph Kony mise à prix
Aujourd'hui, Joseph Kony se terre en Afrique centrale, plus précisément au Soudan, selon l'organisation américaine Resolve LRA crisis initiative. Recherché par la Cour pénale internationale, qui a émis contre lui un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité, il est en plus dans le viseur de Washington, qui a promis 5 millions de dollars de récompense pour toute information qui permettrait son arrestation.
La LRA, considérée comme l'un des groupes armés les plus cruels au monde, poursuit encore ses attaques, notamment "dans les frontalières reculées" de la République centrafricaine et de la RDC, a indiqué Ban Ki-moon. En 2012, l'ONU estime à un peu plus de 200 le nombre d'attaques menées par les troupes de Kony, qui ont fait 45 morts et 220 enlèvements.
 
© Copyright 2013 Metro France

L’Afrique, une des clés de la sortie de crise pour les banques européennes

Par Benoit Cougnaud
Benoit Cougnaud est associé d’Azerrisk Advantage, un cabinet qui apporte des solutions en scoring et pilotage des risques financiers destinées aux pays émergents et européens.
Si pour alléger leurs bilans, certaines banques européennes ont cédé des actifs en Afrique, paradoxalement, l’industrie des services bancaires en Afrique (et en particulier en Afrique francophone) offre aujourd’hui et demain des perspectives de profitabilité et une situation de complémentarité dont les banques européennes pourraient profiter pour assurer leur redressement.
En Europe, sous la pression des réformes réglementaires (Bâle III), les perspectives de rentabilité sont durablement revues à la baisse. D’une part, les perspectives de chiffre d’affaires sont plafonnées par le mouvement de réduction de la taille des bilans. D’autre part, les perspectives de rentabilité sur fonds propres des groupes bancaires français ressortent divisées par des facteurs allant de 2 à 3 par simple hausse du coût du risque et des exigences de fonds propres. Face à ces perspectives sombres, l’Afrique francophone apparait à bien des égards comme un eldorado pour l’industrie bancaire.
Face à ces perspectives sombres, l’Afrique francophone apparait à bien des égards comme un eldorado pour l’industrie bancaire.
Certes les services bancaires pâtissent toujours de handicaps en Afrique, à l’instar de la difficulté de mobilisation des garanties ou de coefficients d’exploitation élevés. Ainsi une étude récente montre que les conditions d’exercice de l’activité bancaire en Afrique francophone s’établissent toujours à seulement 38% du niveau atteint dans les pays avancés de l’OCDE (1) que leurs homologues européennes s’efforcent de faire face tant bien que mal aux conséquences durables de la crise, les banques africaines commencent à capitaliser sur des évolutions structurelles majeures entamées depuis le début des années 2000.
Tout d’abord, l’Afrique offre encore aux banques les taux de marge parmi les plus élevés du monde (soit plus de 5% de marge d’intérêt dans la plupart des cas). Ensuite, les ménages africains sont toujours sous-équipés en services bancaires (moins de 20% contre plus de 80% en Europe). Le crédit au secteur privé dépasse les 130% du PIB dans la zone euro quand il demeure inférieur à 30% en Afrique francophone, un tel écart offre des perspectives de développement et de rentabilité exceptionnelles, même après soustraction du coût du risque.
De surcroît, le coût du risque, auquel il convient de ramener toute rentabilité, connaît dans le même temps un repli structurel en Afrique francophone. Certes, les risques pays peuvent être localement élevés, du fait des conflits persistants connus par le continent. Néanmoins la qualité des garanties s’améliore en raison du renforcement de leur cadre juridique et de la mise en place de fonds régionaux de garantie. Les coefficients d’exploitation se réduisent également en tirant parti des économies d’échelle permises par l’intégration régionale dont profitent en particulier les groupes bancaires panafricains (Bank of Africa, Ecobank…). Enfin et surtout, Bâle III et son cortège de baisses des rentabilités n’y sont encore qu’une perspective très lointaine, alors même que Bâle II reste encore cantonné aux portes de l’Afrique (au Maroc et en Afrique du Sud).
En conclusion, alors que l’horizon de l’industrie bancaire européenne ressort durablement assombri par Bâle III et la crise des dettes souveraines, l’Afrique apparaît comparativement comme une terre d’opportunités pour les groupes bancaires. Pour radical qu’il ait été, ce changement doit être complètement intégré par les acteurs économiques. Si l’Afrique connut dans les années 90 une décennie perdue, il y a fort à parier que les années 2010 seront pour la banque africaine une décennie gagnée.
(1) Etude Azerrisk Advantage 2013 : Perspectives de l’activité bancaire et financière en Afrique


Lire l'article sur Jeuneafrique.com

L'Afrique se tourne vers Tahiti

(African Football Media)
Les huit équipes concernées par la compétition préliminaire africaine, qui aura lieu du 22 au 26 mai à El Jadida, au Maroc, espèrent atteindre la finale et valider par la même occasion leur billet pour la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA, Tahiti 2013.
Organisé la veille du tournoi, le tirage au sort a placé le Sénégal, lauréat de l'épreuve il y a deux ans, dans le Groupe A, aux côtés du Maroc, de Madagascar et du Ghana. Le Groupe B rassemble le Nigeria, la Côte d'Ivoire, l'Égypte et la Libye. Sénégalais et Nigérians sont donnés largement favoris, ces deux pays étant en effet les seuls en Afrique à avoir franchi la phase de groupes de l'épreuve suprême, en 2007 et 2011.
Quatrième l'an passé, Madagascar nourrit également de grandes ambitions. De son côté, le Maroc organise le tournoi préliminaire pour la deuxième fois consécutive. Les hôtes espèrent devenir les premiers Nord-Africains à participer à la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA mais ils devront pour cela faire oublier leur bilan décevant : cinquièmes en 2011 et 2009, derniers en 2006.
Ngalla Sylla est l'un des quatre vétérans de l'édition 2011 du grand rendez-vous mondial. Si besoin était, le capitaine sénégalais rappelle avec force les buts de son équipe : "Nous voulons gagner ce tournoi ou au moins être présents en finale, afin d'être du voyage à Tahiti". Amadou Diop, le sélectionneur, se veut lui aussi confiant : "L'équipe a beaucoup changé. Nous avons intégré de jeunes joueurs mais je reste convaincu que nous avons notre carte à jouer".
Six ans après la création de son équipe nationale, le Ghana rêve d'effectuer une entrée en matière fracassante sur a scène continentale. Les joueurs ont préparé leur voyage au Maroc sous la direction du sélectionneur intérimaire Maxwell Kpeglo. "Nous partons vers l'inconnu mais en ce qui me concerne, c'est un défi que j'aurai plaisir à relever. C'est notre chance de faire honneur à notre pays et de nous faire connaître au plus haut niveau", estime l'intéressé.
Les Supersand Eagles confiants
Les Nigérians souhaitent quant à eux perpétuer une tradition qui les a vus représenter l'Afrique à quatre reprises en cinq éditions de la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA. Les Supersand Eagles ont remporté les préliminaires à deux reprises et terminé par deux fois à la deuxième place. Ils débuteront leur parcours face à la Libye. Meilleur buteur de la Copa Lagos Beach l'an passé, Abu Azeez ne cache pas son optimisme. "Nous connaissons les enjeux. Nous allons faire le nécessaire pour que nos compatriotes soient fiers de nous", annonce-t-il. "Notre objectif ne se limite pas à la qualification, nous voulons aussi briller à Tahiti."
Le sélectionneur compte plusieurs joueurs de renom dans son effectif, comme le capitaine Isiaka Olawale, Ogbonnaya Okemmiri ou encore Victor Tale, meilleur buteur nigérian lors de la dernière Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA. L'ancien Auxerrois Taribo West, qui a suivi la préparation de cette équipe avec attention, semble lui aussi confiant. "Je pense qu'ils vont gagner et se qualifier. Cette équipe est incroyable. Je crois que les responsables savent ce qu'ils ont à faire pour la maintenir au plus haut niveau. Si les joueurs rééditent les performances de la Copa Lagos, je ne vois pas qui pourrait les battre. Ils sont extraordinairement forts."
La Côte d'Ivoire et l'Égypte ont disputé les demi-finales des deux dernières compétitions préliminaires, sans toutefois parvenir à forcer les portes de l'épreuve reine. Ces deux équipes pourraient néanmoins donner du fil à retordre au Nigeria. La Libye reste sur une septième et une huitième place à l'échelle africaine. Elle cherchera donc avant tout à soigner son classement.
À l'issue de la phase de groupes, les deux premiers de chaque section participeront aux demi-finales. Les deux finalistes représenteront l'Afrique lors de la prochaine Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA, à Tahiti.
 
Copyright© 1994 - 2013 FIFA. Tous droits réservés
fr.fifa.com

Que cherche le Maroc en Afrique ?

Business, sécurité, diplomatie... Un demi-siècle après la création de l'OUA - et un peu moins de trente ans après s'en être retiré -, le Maroc n'a jamais été aussi présent au sud du Sahara.
Au moment où l'Union africaine (UA) se réunira à Addis-Abeba, les 24 et 25 mai, pour fêter son cinquantenaire, un État manquera à l'appel. En réalité, trois autres rateront la fête pour cause de suspension : Madagascar après la prise de pouvoir d'Andry Rajoelina, la Guinée-Bissau et la République centrafricaine à la suite, là aussi, de putschs. Ces mises à l'écart ne durent qu'un temps, certains pays ont ainsi récemment réintégré l'organisation (Mali, Côte d'Ivoire, Niger, etc.). Reste donc le Maroc, le seul à s'être volontairement retiré il y a près de trente ans.
Le 12 novembre 1984, la délégation marocaine avait quitté le 20e sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour protester contre la présence du président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz. Le conseiller royal Ahmed Réda Guédira, qui menait la délégation, avait alors lu ces quelques mots : « Voilà, et je le déplore, l'heure de nous séparer. En attendant des jours plus sages, nous vous disons adieu et nous vous souhaitons bonne chance avec votre nouveau partenaire. » L'UA ayant pris au début des années 2000 la suite de l'OUA en acceptant la République sahraouie, le Maroc est resté sur sa position. Rien de nouveau sous le soleil d'Addis-Abeba ? Tant que l'organisation maintiendra sa reconnaissance d'une République que le royaume considère comme partie intégrante de son territoire, il y a fort à parier que les timides appels, lancés à intervalles réguliers, au retour du Maroc dans l'organisation panafricaine resteront lettre morte.
Discrétion
Peu importe que le Maroc ait été l'un des pionniers de l'unité africaine, accueillant dès janvier 1961 la conférence de Casablanca, qui accoucha d'une charte revendiquant l'objectif de « faire triompher la liberté dans toute l'Afrique et de réaliser son unité ». Voeu pieux, mais le paradoxe demeure. Même si le royaume ne célébrera pas ses noces d'or avec l'UA, il développe depuis une dizaine d'années une véritable stratégie à destination du continent, dont il s'affirme résolument comme un acteur économique et diplomatique de premier plan.
Tout en entretenant des relations personnelles excellentes avec nombre de chefs d'État (Félix Houphouët-Boigny, Mobutu, Omar Bongo Ondimba), Hassan II n'avait pas véritablement été un roi africain, préférant d'autres scènes pour déployer son talent pour les affaires internationales. Par contraste, son fils et successeur Mohammed VI a renoncé à cette diplomatie éclatante. Plutôt que ces grands sommets (Ligue arabe, Francophonie, etc.) où chacun parle beaucoup mais où, en définitive, on se fait peu entendre, le roi préfère la discrétion des relations bilatérales. Et depuis le début de son règne il a surtout voyagé au sud du Sahara. À l'occasion de grandes tournées ou de visites d'État, il s'est rendu dans de nombreux pays d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Niger, RD Congo, Sénégal. Avec ces pays, le Maroc partage une proximité liée à l'Histoire et à la langue française, mais aussi des intérêts économiques qu'illustre la vitalité des entreprises marocaines qui s'y implantent.
Sur le continent, le Maroc cherche des amis, notamment sur la question du Sahara occidental. Pris dans le grand jeu de la guerre froide, le royaume avait cédé du terrain, au début des années 1980, dans un continent devenu le terrain privilégié de l'affrontement des deux grands. Résolument atlantiste, Hassan II menait de front la guerre contre le Front Polisario, ses soutiens militaires et diplomatiques. Tandis que les Sahraouis indépendantistes plaçaient leur lutte dans le sillage des guerres de libération nationale, le Maroc était sur la défensive. Depuis une dizaine d'années, le pays, qui considère le Sahara comme une cause sacrée, développe pourtant des relations avec des pays jugés plus proches de la RASD, comme l'Angola ou l'Éthiopie. Le Maroc met en avant une vision commune des questions de sécurité, d'intégration économique. « Dans son voisinage africain, le royaume déploie une doctrine cohérente. La résolution des conflits doit se faire avec tous les acteurs régionaux, dans le cadre de la légalité internationale et le respect de l'intégrité territoriale », indique un diplomate marocain.
Sécurité
"Sur la question malienne, l'Algérie agit en tant qu'actionnaire, le Maroc se positionne plutôt comme un acteur concerné."
Rabat a soutenu sans ambages l'intervention française au Mali, autorisant rapidement le survol de son territoire par les Rafale. Dans un discours adressé au sommet de la Cedeao, à Yamoussoukro, fin février, Mohammed VI a souligné que « la crise aiguë qui secoue le Mali frère apporte la preuve éclatante de l'inefficacité des approches partielles, des démarches sélectives, ou encore des ripostes parcellaires » face aux risques criminels et extrémistes. « A contrario, cette crise illustre la pertinence de la stratégie globale et de l'action collective auxquelles le Maroc n'a cessé d'appeler depuis des années », ajoutait le message royal. Quand on sait que Rabat ne fait pas partie du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc), basé à Tamanrasset, le message semble adressé à l'Algérie voisine. « Sur la question malienne, l'Algérie agit en tant qu'actionnaire (shareholder), le Maroc se positionne plutôt comme un acteur concerné (stakeholder) », estime notre diplomate. Bien sûr, l'attitude marocaine n'est pas désintéressée. Pour Rabat, la déstabilisation qui secoue la région apporte une confirmation à une thèse constante et déconcertante par sa simplicité : la conjonction de la faiblesse des États et de l'action de groupes criminels et terroristes affaiblit le Sahel, une région déjà minée par la pauvreté. La résolution du conflit au Sahara occidental devient « une nécessité pour la sécurité et la stabilité de toute la région ». CQFD.
L'activité que déploie Rabat au sein de la Cen-Sad depuis la chute de Mouammar Kaddafi, en plus des liens établis avec la Cedeao, offre au Maroc le moyen de contourner l'UA. D'autant plus que les arguments marocains ne résonnent pas encore dans l'esprit des dirigeants de poids lourds du continent, Nigeria et Afrique du Sud en tête, dont les intérêts immédiats sont parfois en contradiction avec ceux du Maroc. À cet égard, l'arrivée de Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l'UA risque de renforcer la méfiance du Maroc vis-à-vis de l'institution. Quand elle était ministre des Affaires étrangères, Pretoria avait basculé dans une ligne radicalement pro-Polisario, ce qui a conduit le Maroc à rappeler son ambassadeur, une décision que beaucoup regrettent aujourd'hui côté marocain. Le royaume, qui envoie ces dernières années des observateurs en marge des sommets de l'UA, va-t-il faire le dos rond ?
Diplomatie : La RASD perd du terrain
L'intense lobbying marocain pour isoler la République arabe sahraouie démocratique (RASD) porte ses fruits. Saint-Vincent-et-les-Grenadines est le dernier pays à avoir suspendu, en février, sa reconnaissance de la RASD, portant à 32 le nombre d'États à avoir fait défection depuis 2000. En Afrique, ils ne sont plus que 17 pays à la reconnaître depuis que la Zambie (2011) et le Burundi (2010) ont fait machine arrière. La plupart sont des pays d'Afrique australe et d'Afrique de l'Est.
Depuis 1984, année où le Maroc a claqué la porte de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) après que la RASD y fut entrée deux ans plus tôt, Rabat privilégie l'approche bilatérale pour marginaliser la République sahraouie, qui bénéficie toujours du soutien de poids lourds comme l'Algérie et l'Afrique du Sud. Dans la pratique, peu d'États africains entretiennent encore des relations avec le Polisario, mais ils ne coupent pas les ponts de peur de s'attirer les foudres d'Alger et de Pretoria. « Le Mali nous a fait savoir en mai qu'il n'était pas hostile à l'intégrité territoriale de notre pays mais qu'il serait malvenu, dans le contexte actuel, de l'afficher politiquement », explique un diplomate marocain.
Rabat célébrera en tout cas à sa manière le cinquantenaire de la création de l'OUA. Le 25 mai, journée mondiale de l'Afrique, les diplomates africains seront conviés à une série de conférences et de manifestations publiques. On y rappellera que les jalons de la future OUA ont été posés lors de la conférence de Casablanca en 1961, laquelle a rassemblé des leaders comme Mohammed V, Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Gamal Abdel Nasser, Ahmed Sékou Touré, Modibo Keita... P.A
__________________
Par Youssef Aït Akdim


Lire l'article sur Jeuneafrique.com

Détérioration du climat social en Afrique du Sud

Dix mineurs sud-africains travaillant dans une mine de chrome ont été hospitalisés mardi à la suite d'affrontements entre des grévistes et les agents de sécurité du site, rapporte la police.
"Ils ont été blessés quand les gardiens ont tiré avec ce qui a été décrit comme étant des balles en caoutchouc," a dit un porte-parole de la police. Celle-ci est sur les lieux et maîtrise la situation, a-t-il ajouté.
Les gardiens ont tiré des balles en caoutchouc contre les salariés en grève, a dit pour sa part l'exploitant du site, le groupe chimique allemand Lanxess.
"Ils ont lancé des pierres sur notre service de sécurité et, d'après ce que j'ai compris, les gardiens ont tiré des balles en caoutchouc, pas des balles réelles, pour se défendre", a dit un porte-parole de Lanxess. "Certains gardiens ont été blessés."
Dans un communiqué, l'entreprise contredit le bilan dressé par la police et dit que deux mineurs ont été touchés et que trois autres ont été blessés dans l'agitation qui a suivi.
Par ailleurs, le constructeur automobile allemand Mercedes-Benz a annoncé la fin d'une grève de deux jours dans son usine d'East London. La grève était liée à une enquête de l'entreprise sur des débrayages dans sa division peinture.
Toutefois, le syndicat national des salariés de la métallurgie, le NUMSA, qui est fort de 230.000 membres, a anéanti tout espoir de règlement dans le secteur en réclamant une augmentation immédiate de 20% des salaires.
"Si nos demandes ne sont pas entendues, nous n'aurons d'autre choix que de descendre dans la rue", a déclaré à Reuters Mphumzi Maqungo, trésorier national du NUMSA.
Les dirigeants du secteur automobile ont jugé irrecevables les dernières revendications du NUMSA, ce qui semble présager d'une confrontation. Un accord triennal sur les salaires expire à la fin du mois de juin.

esechos.fr