(Le Soir 03/06/2011)
Moïse Katumbi, très populaire gouverneur du Katanga et star de la politique congolaise, a reçu mercredi à sa résidence privée le ministre belge des Affaires étrangères Steven Vanackere, à peine arrivé de Kinshasa.
Devant la maison sont garées les très nombreuses voitures de cet homme d’affaires plus que prospère de 47 ans, dont plusieurs coupés Mercedes emballés dans leur housse de protection. Il y a quelques jours, Katumbi avait provoqué la stupéfaction en annonçant qu’il quitterait la politique une fois son mandat de gouverneur terminé, courant 2012.
Certains lui voyaient pourtant un grand destin national, estimant qu’il avait la carrure d’un président de la République. Ferait-il trop d’ombre au président Joseph Kabila, dont la popularité est plutôt en chute ? Aurait-il subi des pressions ?
Moïse Katumbi a pris le temps de rencontrer les journalistes belges accompagnant le chef de la diplomatie belge.
« Si je quitte la politique, c’est parce que j’ai beaucoup réfléchi », a expliqué le gouverneur, fils d’un Italien juif de Rhodes et d’une mère congolaise. « Non, je ne suis pas victime de menaces. Les gens ont beaucoup d’imagination… Mais je trouve qu’il est normal qu’en Afrique, on puisse quitter la politique après s’y être investi le plus sincèrement possible pendant plusieurs années. Comme gouverneur, j’ai essayé de faire le maximum pour la région, et notamment de rétablir l’autorité de l’Etat. Avec de la bonne gestion, et une équipe rigoureuse, nous avons pu par exemple augmenter les recettes de douane au Katanga. Elles s’élevaient à 1,2 million de dollars par an quand je suis entré en fonction il y a quatre ans, elles sont aujourd’hui de 25 millions de dollars par an ! Même chose avec le péage lié aux principales routes de la province : il y a quatre ans, les recettes se chiffraient à 300.000 dollars, elles sont aujourd’hui de 5,7 millions… Nous n’avons pas augmenté les prix, mais simplement lutté contre la corruption. Avec l’appui de tous, y compris l’administration. Ce pays a tant de possibilités, mais il faut que nous ayons tous plus de discipline. »
Même s’il est décidé à quitter la politique à brève échéance, Moïse Katumbi reste membre du parti du président Kabila. « Mes relations avec lui sont excellentes, je lui ai encore parlé hier soir par téléphone. Je continuerai à être un membre loyal, mais comme les autres de son parti. Si je quitte la politique, c’est pour retourner à mes affaires, et notamment à la gestion de mon club de football, Tout Puissant Mazembe, champion d’Afrique en 2009 et 2010, Mais je continuerai à m’investir dans le social ».
Pour les habitants de Lubumbashi, Moïse Katumbi est l’homme providentiel qui trace les routes, rénove les écoles, améliore le quotidien de beaucoup. Partout où il passe, il est acclamé comme une rock star. Mais, pour des raisons qui lui sont propres, dont sans doute une certaine déception à propos du fonctionnement du gouvernement central, il va laisser son costume de gouverneur à un successeur. Le défi sera lourd à relever…
Par Véronique Kiesel
Belga
Lubumbashi, de notre envoyée spéciale
VERONIQUE KIESEL
jeudi 02 juin 2011
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