mardi 14 juin 2011

Cameroun - La faillite généralisée du système Biya au Cameroun

(Le Nouvel Observateur 14/06/2010)

L’urgence de parler de la situation sociopolitique de l’heure actuelle au Cameroun a toujours été nécessaire et le demeure. L’avenir de plus de seize millions de Camerounais pour peu que l’on veuille bien être honnête se trouve sur une piste d’obstacles bien difficile à emprunter par les usagers de la démocratie. dans la seconde partie de notre analyse, nous insisterons sur les libertés individuelles, de la presse, de la corruption de nos routes et leurs cortèges d'accidents de circulations etc.
La liberté de la presse au Cameroun évoque la danse Bafia, cette danse de l’ethnie du même nom caractérisée par un pas en avant deux pas en arrière. Le Cameroun est devenu en moins de deux décennies un vaste enclos carcéral, un cimetière de l’élite intellectuelle et de la pauvre population, du moins pour la majorité.
Nous sommes dans un pays, où un promoteur d’une chaine de télévision privée venait de renvoyer deux de ses journalistes suite à des reportages sur les incidents de l’après match Cameroun-Sénégal du 04 juin dernier.
Au Cameroun, la liberté de la presse n’a pas encore véritablement trouvé sa pleine expression. Les années 1990 furent marquées par des obstacles politiques à son éclosion, du fait d’un pouvoir très peu porté à faire des concessions à une presse privée fort frondeuse. Mais depuis quelques années, les repères ont changé. Les contraintes de l’environnement politico-social sont apparues préoccupantes au point de se révéler être de sérieux handicaps pour la liberté de presse.
La presse paie le prix de ses choix éditoriaux. Ses animateurs (journalistes, directeurs de publication, et parfois personnels commis à d’autres tâches dans la chaîne de production) sont dans l’oeil du cyclone du régime : tabassés par les forces de l’ordre (qui peuvent à l’occasion faire irruption dans les salles de rédaction), emprisonnés, le cas échéant...(2)
Nos écoles ne forment plus que des diplômés sans avenir. Nos routes n’ont plus que de noms, nos hôpitaux devenus de véritables mouroirs. La tricherie, la corruption ont tué la nation. L’impunité s’est installée avec record. Nos parents sont incapables de nourrir leurs progénitures. Leurs progénitures incapables de subvenir à leurs besoins même les plus élémentaires. D’où la tendance à aller rechercher ces besoins voir même mendier chez le voisin (pays étrangers).
Beaucoup de jeunes sont sans emplois. L’insertion des jeunes diplômés n’est plus qu’un triste souvenir. Le seuil de pauvreté a atteint plus de 83% de la population selon les dernières estimations du BIT (Bureau International du Travail).
Les jeunes, premières victimes…
Les victimes les plus vulnérables de la paupérisation sont les jeunes. Selon les dernières enquêtes du BIT, six millions d’entre eux (les jeunes) ont quitté leur famille pour aller chercher fortune chez les voisins et ne sont jamais revenus. Certains parents selon la même source, poussent leurs enfants à voler et à se prostituer.
De la corruption
Dans nos rues, c’est la police et la gendarmerie qui se livrent à l’arnaque. Il est très facile d’acheter leur silence. La police camerounaise a même la réputation d’être l’une des plus corrompues du monde. Désormais, on peux les corrompre avec les capsules des boissons gagnantes nous affirme un conducteur de moto taxi communément appelé « Ben Skin ». Ce qui explique le fait que les fonds de leurs poches de pantalons soient toujours usés. Au niveau de l’administration publique, pour un moindre service rendu à qui ce se soit il faut corrompre les agents.
En 1998 et 1999, l’Organisation Non Gouvernementale berlinoise Transparency International a hissé le Cameroun à la première place du panthéon mondial des pays ayant le plus grand indice de perception de la corruption dans le monde. Ce classement peu reluisant pour un État a eu le mérite de lever un pan de voile sur un grave problème de morale publique
Des accidents de circulations récurrents
Janvier 2003 : 32 morts à Ebombe. Mars 2009 : 20 morts à 30 km de Douala, sur l’axe menant à Yaoundé. Juin 2010 : 47 morts près de Bafia. Novembre 2010 : 14 morts sur l’axe Nkongsamba – Ndoungué. Février 2011 : 30 morts à Boumnyebel. Les jours précédents, c’est une famille de sept personnes qui s’est éteinte à Pouma. Un mois environ auparavant, sur le bord de cette même route, c’est une mère qui pleurait son unique enfant, écrasé par un automobiliste à une heure avancée de la nuit. Les accidents de la circulation font régulièrement parler d’eux au Cameroun.
D’après l’Ong « Sécuroute », en deux décennies, le Cameroun a perdu environ 15.000 personnes des suites d’accidents de la route. 100.000 personnes vivent un handicap physique, tandis que des millions de survivants traînent un choc psychologique(3). « Et encore, ces chiffres sont souvent en deçà de la réalité car les rapports des accidents où il y a une seule victime ou des blessés ne sont pas généralement transmis pour comptabilité »
Selon les pouvoirs publics camerounais, ce sont ainsi 4200 personnes qui ont trouvé la mort sur les routes camerounaises au cours de ces quatre dernières années, avec une forte progression en 2010 : 1258 accidents mortels, contre 936 un an plus tôt.
Ces drames sont la conséquence de bien d’erreurs. Humaines d’abord : imprudence, fatigue, excès de vitesse, mauvais états de nos routes.. Après viennent les causes matérielles allant de l’état des routes à l’absence criarde de signalisation routière.
La grande misère des hôpitaux camerounais
Ce n’est un secret pour personne encore moins une hypocrisie pour un touriste qui arrive pour la première fois au Cameroun. L’état désastreux de certains de nos hôpitaux et de nos dispensaires constitue l’une des causes de la grande mortalité au Cameroun, en passant par le manque des appareils médicaux fiables, la qualité douteuse des médicaments souvent prescrits par les médecins, l’accueil dans les services hospitaliers etc. Nos hôpitaux sont plus malades que les patients.
Le premier contact du patient avec l’hôpital ne se passe pas toujours dans de bonnes conditions. Les visages crispés des infirmières et des comportements frisant le mépris sont servis la plupart du temps aux malades. Pour un moindre service, il faut corrompre, du vigile jusqu’au vendeur du ticket d’accès, tout se « négocie ».
On a peu de lits dans les hôpitaux publics. Ainsi, les malades sont choisis par degrés divers. Les malades se plaignent des discriminations et des attitudes pas toujours avenantes. " Lorsque le patient arrive on ouvre un dossier. Si le cas est urgent, il bénéficie d’un pack en deuxième intention, mais en réalité, il n’y a pas de pack aux urgences et les familles doivent s’en charger. Pour les plus démunis, on se débrouille " (4).
A Ngaoundal au XIXe siècle, on crie au manque de personnel. Le constat s’étend à la quasi totalité des formations sanitaires publiques du Cameroun : les personnel manquent, et les malades abondent. Pourtant, les problèmes responsables de cette crise sont connus.
De nombreux hôpitaux publics du Cameroun sont touchés par le départ des médecins et autres spécialistes de soins de santé qui vont vers le secteur privé local ou les bureaux des organisations internationales, installés en Afrique, qui offrent des salaires plus attractifs. D`autres encore préfèrent aller vers l`Europe et les Etats-Unis d`Amérique où, selon eux, ils pourraient trouver de meilleures conditions de travail.
Malheureusement, ce sont les malades qui font les frais de ce manque de personnel dans nos formations sanitaires. A regarder de près les souffrances que les patients endurent dans nos hôpitaux, on a l’impression de l’inexistence de l’Etat.
Les sept hôpitaux nationaux, les plus équipés du pays, et considérés comme des centres de référence, sont concentrés à Yaoundé et Douala , les deux plus grandes villes du pays pendant que les autres villes continuent à s’accrocher à des bâtiments coloniaux avec des équipements approximatifs.
Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas en sécurité et nous côtoyons la mort chaque jour sur nos routes, à la maison, dans nos hôpitaux etc.

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