(Le Monde 03/08/2010)
L'Union européenne a annoncé lundi qu'elle mettrait un terme fin septembre à sa mission visant à soutenir la réforme du secteur de la sécurité (police, justice, armée) en Guinée-Bissau en raison des conditions contestables de l'investiture d'un nouveau chef d'état-major.
Le général Antonio Indjai a été désigné à la suite d'une mutinerie militaire en avril 2010 qu'il avait conduite pour renverser le précédent chef des armées. Lancée en juin 2008, la mission de l'UE avait été prolongée de six mois et il n'était pas exclu qu'elle le soit encore. Mais, a indiqué l'UE dans un communiqué, "le manque de respect pour l'Etat de droit dans ce pays lui rendait impossible la poursuite de cette mission, comme il était envisagé, sans compromettre ses propres principes".
"La récente nomination du général Indjai constitue" aux yeux de l'UE "un autre recul pour le processus de consolidation de la démocratie et confirme que les conditions du déploiement d'une nouvelle mission" d'instructeurs européens "ne sont pas remplies". Le général Indjai, adjoint au chef d'état-major, le général José Zamora Induta, avait fait arrêter son supérieur, le 1er avril. Le même jour, le chef du gouvernement, Carlos Gomes Junior, avait été arrêté, séquestré pendant plusieurs heures et menacé de mort par des militaires proches du général Indjai. Ce dernier "putsch" au sein de l'armée est intervenu un peu plus d'un an après le double assassinat, en mars 2009, du chef d'état-major général Batista Tagmé Na Wai et du président Joao Bernardo Vieira.
Le 6 juillet, la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, avait appelé les pays de l'UE à réexaminer l'ensemble de leur coopération avec la Guinée-Bissau en raison de son apparente "violation des engagements" pris par elle "en termes de respect des droits de l'Homme, de démocratie et d'Etat de droit", dans le cadre de l'accord de Cotonou signé le 23 juin 2000. L'UE avait programmé une aide totale de 102,8 millions d'euros à la Guinée-Bissau pour la période 2008-2013. Si elle devait suspendre aussi à l'avenir son aide civile, cela concernerait les fonds destinés au gouvernement, mais pas ceux destinés à la population et aux ONG.
AFP
02.08.10
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