(Le Point 19/08/2010)
Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a affirmé mercredi quelques jours après la signature d'un gros contrat avec des entreprises indiennes et singapouriennes que les "relations exclusives" entre le Gabon et la France faisaient partie du passé.
Les "relations exclusives" entre le Gabon et la France font partie du passé, a affirmé le président gabonais Ali Bongo Ondimba mercredi quelques jours après la signature de gros contrats avec des entreprises indiennes et singapouriennes.
"La France a des partenaires, les Etats africains ont aussi des partenaires, ce ne sont pas des relations exclusives. Cela, ça n'existe plus", a-t-il déclaré lors de sa première conférence de presse depuis qu'il a remporté l'élection présidentielle en octobre 2009, à l'issue des festivités du cinquantenaire de l'indépendance, célébrées mardi.
"Quand nous disons que le Gabon est ouvert au business, c'est vrai sans exclusive", a-t-il ajouté alors que la présidence a annoncé samedi, par communiqué, avoir signé pour 3,5 milliards d'euros de contrats avec des "multinationales de l'Inde et de Singapour".
"Cela ne veut pas dire que nous allons rompre avec d'anciens partenaires", a précisé le président gabonais, interrogé sur un possible refroidissement des relations avec la France après la signature de ce contrat.
"Ce qui est important, c'est qu'on puisse développer notre pays", a-t-il poursuivi.
Les investissements annoncés samedi concernent "les infrastructures routières avec 1.000 km de routes", la création d'une Zone économique spéciale à Nkok (près de Libreville) "dédiée à la transformation du bois", des cultures de palme "à Mouila, dans la Ngounié (centre sud) et à Tchibanga dans la Nyanga (sud)" et 5.000 logements sociaux, selon le communiqué.
Le président Bongo qui s'est engagé à faire du Gabon un pays émergent s'est refusé à donner une échéance pour la réalisation de cette promesse de campagne. Comparant le Gabon à une maison, il a répondu que "pour faire un gratte-ciel", il fallait s'assurer que les fondations soient solides.
"C'est un travail important (...). Je voudrais prendre le temps pour cette phase là", a-t-il plaidé.
Pour lui, "les problèmes ne pouvaient être résolu en un an", alors qu'il a assuré mener "des changements en profondeur".
"D'ici quelques mois les choses devraient s'accélérer", a-t-il néanmoins annoncé.
Le prédécesseur d'Ali Bongo, son père Omar décédé en 2009, était un symbole de la Françafrique, un ensemble de relations opaques, politiques, d'affaires, voire d'affairisme, nouées par la France avec ses anciennes colonies.
Lundi soir, lors d'un discours à la Nation, le président avait tenu un discours économique volontariste, tout en appelant à lutter contre la corruption dans ce petit pays producteur de pétrole mais où une grande partie des 1,5 millions d'habitants vit encore dans la pauvreté.
"Les moteurs traditionnels de la croissance sont en déclin, en particulier dans le domaine des hydrocarbures. Il faut imaginer d'autres voies en tirant profit de nos meilleurs atouts", avait-il lancé en déclarant vouloir mettre l'accent sur la filière du bois, la métallurgie légère ou l'éco-tourisme.
Quant à la bonne gouvernance, il a prévenu: "Notre rapport à la loi doit évoluer. Comment accepter que des investissements importants soient réduits à néant par de attitudes irresponsables? Aucun pays ne s'est développé en favorisant le laxisme, l'impunité (...) Plus que jamais nous nous opposerons à ce comportement déviant d'un autre âge".
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