samedi 22 mai 2010

Guinée : Les 10 candidats à l'élection présidentielle.

Les Guinéens se rendront aux urnes le 27 juin pour une élection présidentielle censée mettre fin au régime militaire installé depuis décembre 2008 et permettre l'avènement d'un régime démocratique. Portrait des principaux prétendants à la magistrature suprême.
Alpha Condé
A 72 ans, Alpha Condé est la grande figure de l'opposition guinéenne. Il est le seul candidat en lice à avoir participé à la première élection présidentielle pluraliste en 1993. Il est aussi le seul des prétendants sérieux à n'avoir jamais composé avec le régime de Lansana Conté. En 1998, au lendemain de la présidentielle, il est arrêté et envoyé en prison, avant d'être condamné pour atteinte à la sûreté de l'Etat et libéré après deux ans et demi d'incarcération. Devenu dans les années deux mille un véritable symbole pour la jeunesse ouest-africaine, Alpha Condé possède une forte implantation en Haute Guinée et bénéficie d'un parti discipliné et fortement structuré.
Cellou Dalein Diallo
Agé de 58 ans, Cellou Dalein Diallo possède une forte audience au sein de la communauté peulhe. En 2007, il prend la tête de l'Union des forces démocratiques de Guinée (l'UFDG), avec le soutien de son président d'alors Mamadou Bah. Cellou Dalein Diallo s'inscrit dès lors dans une dynamique politique. Il a occupé plusieurs postes ministériels durant une dizaine d'années, avant de devenir Premier ministre durant un an et demi, entre décembre 2004 et avril 2006. Son profil d'économiste en fait un interlocuteur apprécié des bailleurs de fonds. L'arrivée au pouvoir du capitaine Dadis Camara en décembre 2008 contribue indirectement à accroître sa popularité, le capitaine putschiste ayant rapidement dirigé ses foudres contre le leader de l'UFDG dont il craignait manifestement la popularité.
Mamadou Diawarra
Surnommé dans tous le pays « Diawarra yaourt », cet industriel qui a fait fortune dans les produits laitiers bénéficie d'une forte popularité dans sa ville d'origine, Siguiri (Haute-Guinée). Ancien député du PUP, le Parti de l'unité et du progrès, il a quitté cette formation l'an dernier pour créer son parti, le Parti du travail et de la solidarité.
François Fall
Né en 1949, François Fall fut ministre des Affaires étrangères de la
Guinée avant de devenir Premier ministre, de février à avril 2004. Il démissionne avec fracas invoquant le manque de marge de manoeuvre. Après avoir effectué des missions pour le compte des Nations unies, il rentre en Guinée et rejoint le forum des forces vives. François Fall, natif de la Haute-Guinée, crée ensuite le FUDEC, le Front uni pour la démocratie et le changement, pour se lancer dans la course à la présidence.
Lansana Kouyaté
Né en 1950 en Haute-Guinée, Lansana Kouyaté a fait l'essentiel de sa carrière dans la diplomatie guinéenne, puis dans la diplomatie onusienne (il fut sous-secrétaire général chargé des Affaires politiques pour l'Afrique, l'Asie de l'Ouest et le Moyen-Orient auprès du Conseil de sécurité de l'ONU de 1994 à 1997). Il devient ensuite secrétaire exécutif de la CEDEAO, la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest. En 2007, sous la pression de la rue et sur proposition des syndicats, il est nommé Premier ministre, poste qu'il occupera onze mois avant d'être congédié par le président Conté. Lansana Kouyaté s'est ensuite lancé dans la politique active en créant le PEDN, le Parti de l'espoir et du développement national.
Aboubacar Somparé
Ce mathématicien de formation, né en 1944, est devenu en 2002 président de l'Assemblée nationale guinéenne, poste qu'il a occupé jusqu'en 2008. C'est lui qui a annoncé à la télévision la mort du président Lansana Conté. Si l'armée n'avait pas pris le pouvoir, six heures après cette annonce, Aboubacar Somparé aurait dû assurer l'intérim. Aujourd'hui ce cadre dirigeant du PUP, le Parti de l'unité et du progrès va tenter de rassembler les partisans éparpillés de l'ancien régime.
Ibrahima Abe Sylla
C'est un peu l'oncle d'Amérique qui rentre au pays. Ibrahima Abe Sylla a passé plus de quarante ans aux Etats-Unis où il a fait carrière dans les affaires. A 59 ans, il se lance en politique dans son pays d'origine et se présente comme «le candidat de la diaspora» et «l'homme aux mains propres». Il a créé l'an dernier un parti politique, la NGR, la Nouvelle génération pour la République.
Mamadou Sylla
Mamadou Sylla est sans doute le personnage le plus baroque de la vie politique guinéenne. PDG de Futurelec, réputé être l'homme le plus riche de Guinée, il fut un grand ami de Lansana Conté à qui il doit de multiples contrats publics. C'est par lui que le scandale est arivé en 2007, lorsque Lansana Conté est allé le chercher en prison, où il était incarcéré dans l'attente d'un procès pour détournement de fonds publics. Cette libération a enclenché un mouvement d'indignation qui s'est transformé rapidement en grève générale. Depuis la mort de son ami, Mamadou Sylla a eu maille à partir avec la junte avant de se réconcilier avec Dadais Camara. Aujourd'hui, à 50 ans, il tente de se refaire une réputation via une carrière politique.
Mohamed Touré
Il a un nom, il lui reste à se faire un prénom. Mohamed Touré est le fils de l'ancien président Akhmed Sekou Touré. Agé d'une cinquantaine d'années, Mohamed Touré a longtemps vécu en exil depuis la mort de son père. S'il porte aujourd'hui les couleurs du parti historique de la Guinée, le PDG/RDA et s'il a repris le flambeau paternel, il va aussi devoir en assumer le lourd héritage auprès des électeurs.
Sidya Touré
De son passage à la primature (1996-1999), Sidya Touré a gagné un surnom «Sidya Courant» et une excellente réputation de gestionnaire efficace. L'homme qui passe pour avoir rétabli l'efficacité des services publics, a travaillé une partie de sa carrière dans plusieurs institutions régionales et internationales, puis dans l'administration ivoirienne, où il fut notamment directeur de cabinet du Premier ministre ivoirien de l'époque, Alassane Ouattara. Son parti, l'Union des forces républicaines, se veut centriste et libéral. Issu d'une petite ethnie de la basse-côte, Sidya Touré est l'un des rares candidats à ne pas avoir de base régionale importante. Un handicap qu'il tente de transformer en atout en se présentant régulièrement comme le candidats de «tous les Guinéens». Il est âgé de 65 ans.

RFI le Vendredi 21 Mai 2010

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