lundi 6 juin 2011

Cameroun - Scènes de violence et de répression à Yaoundé

(Afrik.com 06/06/2011)

Après le match nul (0-0) des Lions Indomptables face à leurs homologues du Sénégal comptant pour la qualification de la CAN 2012, samedi soir, des scènes de violences ont été observées dans la capitale camerounaise, Yaoundé. L’hypothèse d’une malédiction est également envisagée par l’opinion publique...
De notre correspondante
Les Camerounais ont une fois de plus vécu le cauchemar de 2006, lorsque Pierre Womé avait raté le pénalty pendant les arrêts de jeu du match contre l’Egypte, privant ainsi les Lions Indomptables de la Coupe du monde. La déception des spectateurs était grande. On a parlé alors de sacrifices à faire pour les ancêtres de Mfandena, le quartier sur lequel est bâti le stade Ahmadou Ahidjo…
Samedi dernier, une scène identique s’est produite et dans les mêmes conditions : le même stade, les arrêts de jeu, les mêmes goals, le même public surchauffé. Sauf que cette fois, c’est le capitaine des Lions lui-même, Samuel Eto’o, qui a raté le pénalty à la dernière minute du match alors que le score était de 0-0. Un cauchemar pour tout le peuple camerounais. Au cours de la conférence de presse d’après-match, Samuel Eto’o a présenté ses excuses à tout le peuple camerounais et pris ses responsabilités. « Je demande pardon… Dieu n’a pas voulu que je marque. Mais s’il y a un nouveau penalty, je le tirerai », a-t-il déclaré après le match. Troisième du groupe E, à cinq point du Sénégal, le Cameroun a presque dit adieu à la CAN 2012. Il doit gagner ses deux derniers matches et compter sur deux défaites du Sénégal pour terminer premier du groupe. Ce qui semble presque impossible. A la fin de la rencontre, des véhicules transportant les supporters de Lions de la Teranga ont également été cassés par des Camerounais en colère. Seul le bus ayant à son bord les Lions de la Teranga a été applaudi à son passage.
Chars anti-émeute, barricades et gaz lacrymogènes…
Comme en 2006, les rues de la capitale ont été prises d’assaut par des Camerounais déçus, non par la prestation des Lions Indomptables, mais par le but raté de Samuel Eto’o. Cinq chars anti-émeute, qu’on appelle ici « Abraham », ont tenté de disperser une foule de jeunes en furie et décidé d’en découdre avec le capitaine : « J’ai volé 40 000 FCFA à ma mère pour payer une place dans la tribune présidentielle et voir comment Samuel Eto’o allait marquer un but. Il n’a pas pu le faire. Si on avait gagné j’aurais raconté à ma mère que c’était pour les Lions, maintenant que vais-je lui dire ? », lance Cyrano, un jeune en colère. Une bouteille de pétrole dans une main, un briquet dans l’autre, il met du feu sur les barricades dressées sur la chaussée non loin du stade Ahmadou Ahidjo. Il n’est pas le seul à nourrir cette colère : « Aujourd’hui je vais casser le pied d’Eto’o. Nous allons brûler leur bus et au moins 40 maisons. Comment peuvent-ils venir nous souiller ainsi chez nous ? », déclare Simon, visiblement déterminé à mettre son plan à exécution. Mais c’est sans compter avec les forces de l’ordre plus nombreuses au fil des heures.
Parmi les victimes de ce match, il y a des citoyens normaux qui voulaient juste rentrer chez eux. Pas de chance. Certains ont vu leur voiture cassées par les vandales. Tous ceux qui voulaient aller d’un bout à l’autre des rues situées non loin du stade devaient montrer patte blanche. Comme dans un pays en guerre, les forces de l’ordre tabassaient à cœur joie d’honnêtes citoyens. Avec leurs matraques, ils s’en sont pris à tous ceux qui passaient par là. Le gaz des cinq chars anti-émeutes n’a pas pu disperser tous les fanatiques. Il leur a fallu près de quatre heures pour y arriver. Finalement de nombreux jeunes ont été arrêtés et violentés. Ils avaient les yeux pochés, les bras et pieds cassés, les visages ensanglantés…
C’est dans cette atmosphère que les Lions Indomptables ont quitté le stade Omnisport de Yaoundé, à bord d’un fourgon de la gendarmerie nationale. De source policière, « ils sont arrivés dans leur hôtel sains et saufs, malgré que le fourgon qui les transportait a été bien amoché. » Il était environ 21 heures, samedi à Yaoundé.

lundi 6 juin 2011 / par Dorothée Ndoumbè
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