(Afriscoop 01/03/2011)
(AfriSCOOP Lomé) — Pour la 8ème fois depuis le début de cette année, les opposants regroupés au sein du Frac (Front républicain pour l’alternance et le changement) ont encore battu le pavé. A travers les grandes voies de circulation de la capitale togolaise, Lomé, ils ont encore crié leur exaspération à l’égard des faits et gestes du régime Rpt (au pouvoir). Le clou de cette nouvelle marche a été le meeting qui l’a clôturée. Pour un éventuel nouveau dialogue, il faut des préalables significatifs, a averti le Frac.
En clôturant le 8ème rendez-vous populaire du Frac en cette année 2011, le président de l’Anc (la composante la plus populaire de ce Front), Jean-Pierre Fabre, a entretenu la foule au sujet d’un courrier que la présidence togolaise a adressé, le 24 février dernier, à son parti. Une missive que le président de l’Anc a clairement assimilé à une invite à une participation au prochain dialogue inter-togolais.
« Dans sa lettre, la présidence dit qu’elle veut rencontrer l’Anc lundi prochain (…) Nous avons répondu en signifiant qu’avant nous ne nous asseyions pour dialoguer, il y a beaucoup de réformes que l’exécutif doit opérer. Comment peut-on prétendre vouloir nous inviter à un dialogue tout en nous refusant l’organisation d’une marche jeudi dernier, à Zanguéra (banlieue ouest de Lomé) ? », a fulminé M. Fabre.
Sur la base de cette dénonciation, le candidat du Frac lors de la présidentielle du 04 mars 2010 a énuméré les principales conditions sine qua non à une éventuelle participation de l’Anc et du Frac au dialogue inclusif : « Nous exigeons la cessation de la violation de la Constitution (répression et/ou refus de laisser se tenir les marches pacifiques de contestation) ; le rétablissement des 09 députés Anc dans leurs droits au Parlement ; la réouverture des trois radios privées actuellement fermées au Togo et le respect de la liberté de presse ». Dans le même ordre d’idées, l’ancien lieutenant de Gil Olympio a cité : « Nous réclamons aussi l’élargissement sans conditions des détenus politiques de 2003, 2005, sans oublier celui de Kpatcha Gnassingbé. Dans le même sens, les députés Anc doivent avoir le droit de se constituer en groupe parlementaire, les matériels logistiques (motos voitures, etc.) saisis au cours de précédentes manifestations politiques doivent être restitués aux populations. Voilà les préalables que nous posons avant de nous prononcer sur une éventuelle participation à un dialogue ». Au passage, la figure de proue du Frac a lancé des piques à la communauté internationale qui, à ses yeux, adopte un mutisme devant les injustices de divers ordres au Togo. A ce titre, il a appelé les sympathisants du Frac à faire entendre davantage leurs voix, en se mobilisant un peu plus autour de la démarche de ce Front. « C’est parce que nous ne manifestons pas comme cela se doit », a déploré J.-P. Fabre.
Le chapelet des dénonciations diverses a été ressorti
Comme à l’accoutumée, les revendications sociales ou touchant le quotidien des Togolais n’ont pas manqué lors du rendez-vous politique de ce samedi. A titre d’exemple, Robert Olympio, responsable de la logistique à l’Anc a demandé à l’armée togolaise de rejoindre le Frac dans ses revendications hebdomadaires. « Les militaires font face comme nous à la cherté de la vie. Leurs pensions de retraite ont aussi été supprimées. Continuons la lutte ; c’est ce qui peut nous libérer », a exhorté M. Olympio.
Claude Ameganvi du Parti des travailleurs reprendra à son compte la fin des propos de l’opposant Olympio en ces termes : « (…) Une armée est par essence républicaine. La grande muette du Togo doit s’inspirer de la Tunisie, de l’Egypte et de la Libye avant qu’il ne soit trop tard (…) Les femmes doivent s’impliquer plus massivement dans nos revendications comme elles l’ont déjà fait de par le passé (…) Dans quelques jours, nous célébrerons le 1er anniversaire du dernier hold-up électoral en date du Rpt. A partir de cette date anniversaire, notre mobilisation populaire se fera plus entendre ! Nous exhortons les miliciens du Rpt qui sont parmi nous de dire à Faure Gnassingbé que nous voulons son départ du pouvoir », a dit Claude Ameganvi sur un ton mobilisateur. Par la même occasion, M. Ameganvi a salué la mémoire des Libyens et de tous les Togolais qui sont morts au nom des vertus démocratiques.
Dans le même registre, Aimé Gogué (président de l’Alliance des démocrates pour un développement intégral) embrayera : « Nous devons changer la gouvernance au Togo à travers la lutte populaire ; même quand nous ne sommes pas nombreux. Nous défendons une cause nationale. Le régime Rpt est un ressort. Si vous tirez sur lui et vous le relâchez, il reprendra sa force. Le Frac n’est pas contre l’armée togolaise. Nous la convions tout simplement à épouser notre cause ». Une posture que va pratiquement adopter le secrétaire général de l’Addi, Alphonse Kpogo, sur un air d’avertissement : « Les caciques du parti au pouvoir doivent penser à lâcher prise avant que la mobilisation populaire ne les y contraigne un jour » !
par Jacques GANYRA
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