(L'Avenir Quotidien 03/03/2011)
*On ne peut pas comprendre que dans ce pays, un chef de l’Etat ait été assassiné dans son bureau dans un complot dont on parlait, mais les services n’ont pas su comment cela se fera pour l’empêcher. *Ce qui est arrivé à la résidence du Chef de l’Etat le dimanche dernier démontre que les institutions du pays, toutes sans exception, sont à découvert. *Les états généraux des services d’intelligence s’imposent.
Ce qui est arrivé le dimanche dernier à la résidence du Chef de l’Etat et à la base logistique du camp Kokolo est une interpellation aussi bien du parlement, du peuple congolais que du gouvernement. Toutes les institutions de la République doivent saisir cette occasion pour se mettre en évidence et prendre en mains le dossier de la sécurité dans ce pays. On ne parle pas de la protection des acquis, quels qu’ils soient, sans mettre en place les structures capables d’assurer cette protection. Si en 1960, le Congo n’a pas réussi à protéger son indépendance totale, c’est parce qu’il n’avait pas les moyens de sa sécurité. Pendant la deuxième République, Mobutu avait compris le rôle de la sécurité, mais il l’avait mis à son service ou à celui de son pouvoir personnalisé. Mis au service d’un individu, les services de sécurité sont devenus des services de répression.
A la chute du dictateur, d’aucuns ont pensé que les services de sécurité à cause de cette mauvaise réputation, devraient également disparaître. Désormais, lorsqu’on évoque le dossier de la sécurité, l’accent est plus mis sur l’armée et la police. Tous les efforts de coopération, donc les financements, sont consacrés à l’aspect militaire et policier. Le volet intelligence est devenu le parent pauvre de cet important service. Force est de constater que depuis l’indépendance, les structures des services d’intelligence n’ont pas connu de réforme capable de les adapter à la nouvelle donne. Apparemment, l’esprit, la structure, voire l’administration des services d’intelligence sont ceux laissés par Victor Nendaka Bika, déshumanisés par Honoré Nbganda. On se demande même si certaines personnes de ces services ne continuent pas à lui être redevables, tout simplement parce qu’on n’a pas réussi à leur donner d’autres raisons de croire et un autre but à atteindre. On ne peut pas comprendre que dans ce pays, un Chef de l’Etat ait été abattu dans son bureau et que cet assassinat ait été l’aboutissement d’un complot connu, mais les services n’ont pas su savoir comment il sera exécuté.
Des institutions à découvert
Beaucoup de tentatives de déstabilisation des institutions ont eu lieu dans ce pays au grand dam des services d’intelligence ravalés au rang d’une simple administration sans moyens de leur action. Il en est de même de crimes économiques qui se commettent sans que les services d’intelligence aient les moyens de réagir et d’agir. On peut même dire que la Rdc est le seul pays du monde où les services d’intelligence ne sont pas mis à contribution pour prévenir des incidents du genre de ce que le pays a connu le dimanche. La Rdc donne donc l’image, pour faire référence au football, d’une équipe dont le gardien de buts est laissé aux assauts des attaquants de l’équipe adverse. En termes clairs, la police et les Fardc sont souvent, comme c’était le cas le dimanche, mises devant le fait accompli. Car, les services d’intelligence n’ont pas été à même d’alerter, de prévenir. Dans le secteur de renseignement, on doit se méfier de tout le monde, même des amis du pays. C’est ce qui fait de ces services, un creuset du nationalisme. Par conséquent, on n’attendra pas l’apport de la coopération extérieure pour le renforcement de ces services. On ne peut compter que sur la volonté et les efforts des institutions du pays.
Réhabiliter l’intelligence du pays
Autant il est demandé aux Congolais de cesser de dénigrer ces services, autant les institutions du pays doivent une attention particulière à ces services qui constituent l’ « intelligence du pays ». Qui peut s’imaginer les Etats-Unis d’Amérique, sans la CIA, l’Israël sans le MOSSAD et les autres pays développés sans leurs services d’intelligence ? Il s’impose donc les états généraux des services d’intelligence. Il sera question d’évaluer le passé, d’analyser le présent et d’envisager l’avenir. Si on ne le fait pas, tout ce qu’on fait aujourd’hui, on bâtit sur le sable.
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