(Xinhuanet 03/03/2011)
Au départ timide, la campagne pour l’élection présidentielle du 6 mars prochain au Bénin lancée le vendredi 18 février dernier par la Commission électorale nationale autonome (Céna), se poursuit à travers le pays, avec des allures et des méthodes différentes en fonction des candidats et selon qu’ils opèrent en zones rurales ou urbaines, constate-t-on.
Ainsi, si les zones urbaines sont sillonnées de bruyantes caravanes à l’effigie des trois principaux candidats Boni (Yayi, le sortant, Adrien Houngbédji et Abdoulaye Bio Tchané - ABT), dans les villages, la tendance est au porte-à-porte. Les partisans des candidats vont de ménage en ménage, tentant de rallier le maximum de personnes à leur cause. Cette stratégie n’est l’apanage d’aucun candidat. Elle est utilisée par tous les 14 prétendants au poste.
Les principaux candidats se contentent de sillonner eux-mêmes les grosses agglomérations à l’intérieur du pays en donnant la primauté à leurs fiefs électoraux et réservant les derniers grands meetings aux grandes villes comme Cotonou et Porto-Novo. A chaque étape, le même scénario. Le président sortant dresse son bilan « élogieux », fait des promesses pour le second et dernier mandat de cinq ans. Les autres candidats s’appliquent à démonter son bilan, promettant de mieux faire, s’ils ont la faveur des suffrages de la majorité des 3.506.715 électeurs.
Le scrutin initialement prévu pour le 27 février dernier a été reporté au 6 mars prochain, sur demande de la Céna, la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), n’étant pas prête pour cette première date.
Cette liste continue de diviser la classe politique et la société civile, certains estimant qu’elle est prête et doit être utilisée pour le scrutin, tandis que d’autres soutiennent exactement le contraire, dénonçant une Lépi « bâclée », à « pas forcés », laissant en rade quelque 1,3 million de citoyens. Les derniers demandent un consensus de la classe politique et un nouveau report afin d’intégrer les laissés pour compte. Ce que la mouvance présidentielle ne semble pas accepter, s’appuyant sur la Constitution, qui fixe le premier tour de l’élection à un mois avant l’investiture du nouveau président de la République le 6 avril.
De toute façon, tout se met en place pour le 6 mars. Les cartes d’électeur sont prêtes, les urnes sont en train d’être acheminées dans les régions. Toutefois, les électeurs potentiels sont confrontés à des difficultés dans la recherche de leur bureau de vote, surtout dans les grandes villes comme Cotonou. Ce qui les oblige à aller d’arrondissement en arrondissement, à la recherche de la carte d’électeur, maudissant la Lépi. Aussi, la Lépi confectionnée pour éviter la fraude inhérente aux listes manuelles antérieures, est-elle devenue un problème plutôt que la solution et rien n’augure de lendemains d’élection apaisés dans un pays qui, depuis 1990, début du renouveau démocratique, a connu quatre présidentielles, cinq législatives et deux élections communales, municipales et locales.
Présidentielle : la société civile appelle au report du scrutin
Une coalition de plusieurs dizaines d'associations et d'organisations non gouvernementales béninoises dénommée "Fors Elections" appelle au report du premier tour de l'élection présidentielle prévu le 6 mars.
Dans un communiqué publié mercredi, elle constate, comme l'opposition, que la liste électorale permanente informatisée n'a pas enregistré "des milliers d'électeurs potentiels qui sont encore en attente d'être pris en compte et que d'autres sont réduits au parcours du combattant depuis les effets d'annonce de la distribution des cartes d'électeurs.
Démarrée tardivement samedi dernier, la distribution des cartes d'électeurs aux 3.520.576 électeurs inscrits s'est poursuivie mercredi avec beaucoup de difficultés d'organisation, particulièrement à Porto-Novo, Cotonou et Abomey-Calavi, trois grandes villes du pays. On a même pu parler de "cafouillage" par endroits."
"L'invocation des délais constitutionnels n'est qu'une incantation quand elle n'assure pas l'économie de graves crises post-électorales en rendant pas possible une avancée démocratique conséquente", relève Fors Election qui poursuit: "La transparence du processus électoral se détermine d'abord à l'aune des alternatives crédibles qui assurent à tous les électeurs leur droit de vote."
Un accord intervenu vendredi dernier entre la classe politique et qui autorise la réouverture du fichier électoral pour recenser les électeurs potentiels "laissés en rade" n'est pas encore mis en oeuvre, la loi dérogatoire devant l'autoriser n'étant pas encore adopté par l'Assemblée nationale.
Onze des quatorze candidats demandent le report du scrutin de quelques semaines pour permettre l'enrôlement des citoyens " laissés en rade" et une expertise internationale sur la liste.
Déjà reporté une première fois, un second report risque de violer la constitution béninoise qui prévoit que le premier tour du scrutin doit se dérouler trente jours au plus tard avant la fin du mandat du président en exercice, soit le 6 mars.
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