jeudi 3 mars 2011

INTERVIEW DU PRÉSIDENT DENIS SASSOU N'GUESSO DANS « JEUNE AFRIQUE »

(Les depeches de Brazzaville 03/03/2011)

Notre confrère Jeune Afrique est paru cette semaine avec une interview accordée par le président Denis Sassou N'Guesso à François Soudan, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire. Voici, en quelques lignes, les morceaux choisis de cette interview.
Les révolutions des peuples arabes
Sur l'actualité de l'Afrique du Nord, marquée par la chute des présidents de la Tunisie, de l'Égypte et la confusion en Libye, qui inspirent en passant les opposants congolais. Dans une déclaration, les dirigeants de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale, par exemple, exhortaient le chef de l'État à tenir compte de cette situation pour « décadenasser » (Sic), la vie politique :
« Tous les peuples ont besoin de liberté, de démocratie et de justice sociale. C'est une leçon qui vaut pour l'Afrique, sans doute, mais aussi pour tous les pays du monde, y compris les plus développés »... « Je ne suis pas sûr que des gens qui ont contribué à plonger ce pays dans la nuit noire soient les mieux placés pour donner des conseils de ce genre. En toute hypothèse, des mouvements comme ceux que nous avons observés en Afrique du Nord n'émanent pas des politiciens mais du peuple. Or le peuple congolais a le sens des réalités. Il a connu et payé le prix de la guerre civile. Il est d'autant moins disposé à récidiver que tous les moyens d'expression démocratique sont à sa disposition...»
La relance en France de l'affaire dite des biens mal acquis
« La Cour de cassation aurait dû se conformer aux procédures pénales françaises et rejeter cette plainte de Transparency International France qui n'a aucune qualité pour agir, ainsi que l'avait fait le tribunal de grande instance. Pour le reste, en ce qui concerne le fond, tout de notre part a déjà été dit ; nous n'avons strictement rien à nous reprocher ni aucune leçon à recevoir ...»
Les fonctions exercées par Denis Christel Sassou N'Guesso au sein de la SNPC
« Soyons objectifs. Jamais, depuis sa création et jusqu'à aujourd'hui , le directeur général de la SNPC (Société nationale des pétroles du Congo), n'a été un membre de ma famille. Réduire toute l'activité de cette société à la simple structure intermédiaire, en l'occurrence la di rection aval, que dirige mon fils, relève de la mauvaise foi. Sauf à refuser aux enfants du président le droit de travailler comme tout Congolais, ce qui serait à la fois abusif et injuste...»
La Franc-maçonnerie
Question : Vous êtes, chacun croit le savoir, un haut dignitaire franc-maçon. Mais vous n'en parlez jamais. Pourquoi cette discrétion ?
« C'est une affaire qui relève de ma vie privée, tout comme la religion. Est-ce que je cherche à savoir si vous êtes chrétien, musulman ou bouddhiste ? Cela ne me regarde pas ».
Le septennat en cours
Question : Au terme de votre mandat, en 2016, la Constitution actuelle vous interdira en principe de vous représenter. Que comptez-vous faire ? Votre succession vous préoccupe-t-elle ?
« Je ne suis pas Dieu. J'ai cinq années pleines de travail devant moi. Cette question ne m'empêche pas de dormir. Nous sommes en démocratie, c'est donc le peuple qui décidera. En d'autres termes, ce n'est pas ma succession qui m'intéresse, c'est l'avenir du Congo. Mon seul souhait est que ce peuple continue de vivre dans la paix et la sécurité, avec des perspectives de développement qui sont plus que jamais à notre portée...»
La Crise ivoirienne
Question : Y a-t-il deux présidents en Côte d'Ivoire ?
« Il n'y a pas deux chefs de l'État ivoirien, mais un seul. En d'autres termes, ma position est celle de l'Union africaine : le peuple ivoirien s'est prononcé dans sa majorité en faveur d'Alassane Dramane Ouattara, et ce choix démocratique doit être respecté. Cela étant di t, tout doit être fait pour préserver la paix civile... »
Les relations avec l'Angola et la République démocratique du Congo
Question : Selon certaines informations, le président angolais José Eduardo dos Santos vous reprocherait votre manque de fermeté à l'égard des indépendantistes cabindais. Est-ce exact ?
« C'est faux. Le président dos Santos et le MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola Ndlr) savent très bien que notre solidarité à leur égard n'a jamais varié depuis l'époque de la lutte anticoloniale, quand Brazzaville leur offrait l'hospitalité ».
Question : Kinshasa demande l'extradition de l'ancien chef d'état-major de l'aviation, le général Faustin Munene.
« C'est une question délicate à laquelle j'apporterai une réponse claire. Ce n'est pas la première fois que telle ou telle personnalité de la RD Congo traverse le fleuve pour se réfugier chez nous... À chaque fois, nous les interceptons et nous en informons les autorités de Kinshasa... En 1968, souvenez-vous, le chef rebelle Pierre
Mulele s'était refugié à Brazzaville, à sa sortie de maquis. Le président Mobutu nous avait aussitôt dépêché son ministre des Affaires étrangères muni de toutes les garanties possibles quant au sort qui lui serait réservé. Mulele lui a été remis. Trois jours plus tard, il était exécuté à Kinshasa. Nous nous sommes promis de ne plus jamais nous tromper de la sorte. Cette position est toujours la nôtre aujourd'hui.
Elle vaut d'ailleurs aussi pour le chef tribal Odjani de la milice Enyele de l'Équateur que nous avons arrêté l'an dernier à Impfondo et qui est depuis retenu à Brazzaville ».

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